lundi 7 octobre 2024

139.Là où je rêve debout.

  L'histoire ne dira pas si je réussirais à mener à bien un de mes nombreux projets, mais elle parlera malgré tout de ma capacité à me souvenir de mes rêves chelous. L'ambition d'un artiste, je ne sais pas, mais la mienne, un peu mieux. Développer un sens de la concentration qui m'amène chaque jour un peu plus à me transformer en œuf dur sur un mur.
  Cette nuit, je tentais de trouver un lieu pour habiter et travailler, je visite quelque chose de délabré mais avec des pièces correctes, pas de chauffage, un peu de plafond, tout à faire. Proche d'un centre ville de petite ville, une ancienne usine peut-être, avec vue sur une grande cour bétonnée, des hangars, des bâtiments plus ou moins en état dont un qui attire mon attention, avec toit en tôle et poteaux troués à la Eiffel, solides, pouvant abriter des avions. Je me dis ça : on pourrait y mettre des avions. 
  Je pense aux avions ronds privés que j'ai vu où déjà ? un cartoon ? Un film de Hitchcok ? La Mort aux trousses ? Et je demande au propriétaire si justement je ne pourrais pas y fabriquer des avions, taille 1 mais en carton, des sculptures quoi ! Plus tard, je revenais dans la pièce habitable, le proprio est parti, pour montrer l'espace à Aurélia, et sur le lit de camp (il y a un lit de camp) un gamin moitié endormi qui me dit qu'il doit rentrer chez lui mais ne sait pas bien comment. Je crois qu'Aurélia n'est pas enchantée par le lieu et s'en va. Il me montre le trajet et je l'accompagne. Arrivé chez lui il va direct se coucher, écrasé de fatigue dans la chambre où, si je pige bien, il dort avec ses deux frères. Dans la salle de bain, je trouve une chasse d'eau bouchée pleine de crottes et de papier cul, et du linge salle humide qui déborde de la cuvette jusqu'à la cabine de douche. J'enlève comme je peux les vêtements salis pour faire un tas à nettoyer et je tire la chasse et, heureusement, ça part dans un tourbillon océanique, qui réveille les trois frangins, dont un ado, qui sortent endormis et en pyjamas de leur chambre, blasés, comme si leurs nuits n'étaient qu'interruptions de sommeil, pour s'installer avec leurs matelas et couvertures dans le salon qui ne donne pas sur la salle de bain. Je leur dis que je les réveillerais pour l'école demain matin (il ne faut pas que l'on s'aperçoive qu'ils n'ont pas de parents à la maison) et je lance une machine avant de cleaner la salle d'eau de fond en comble, tout en me disant que leur journée demain va être un peu rude avec ce sommeil haché.
  Un autre, deux nuits avant, après les frites et les deux bières où selon des sources proches j'ai ronflé un peu fort : mon grand-père venait de mourir et j'avais été mis au courant un peu tardivement, alors que j'habite à côté maintenant, il me fallait vite m'y rendre pour sélectionner quelques affaires m'appartenant avant que les autres (mes oncles) débarquent. Dans la réalité mon père avait fait ça dans le dos de ses frangins, remplissant une remorque d'objets avant tout le monde sans prévenir personne...
  Un dernier que je n'avais pas fait depuis un moment, et qui revient comme un espace de joyeuse panique et me rappelle combien l'organisation de mon départ de l'atelier fut source de montées de glurp... Je retourne rue Bouquière pour un été, j'ai la clef et j'y entrepose mes affaires, beaucoup trop pour changer, pour profiter gratuitement de l'espace et y travailler sans autorisation, je sais que le proprio peut débarquer n'importe quand mais je m'entête, et je sais que je devrais tout virer et faire un déménagement express avant que les guetteurs ne reviennent pour me faire leur rapport. C'est super stressant et je me réveille en me disant que je suis bien débile de m'ajouter du taf en plus, il faut parfois quelques minutes pour être sûr que le déménagement est bien terminé et que je ne reviendrais plus dans la ville honnie.
  Il va y avoir, peut-être, un énorme travail intérieur à réaliser pour tapisser de bleu nuage notre esprit atterré par les nouvelles du monde dans cette humidité compacte de nos bunkers en cours. Je passe ma journée en petits temps sur chaque idée, ça avance mieux comme ça. Mes réveils ces temps-ci, sont calqués sur la pluie, ma vessie me lève avant la catastrophe. Je m'extirpe, rampe, tousse, le sentiment de vivre dans Blade-Runner avec des moutons pas électriques autour. Les livres me sauvent tout en nourrissant mes rêves. J'en ferais une liste dans le post 140 si le temps ne s'améliore pas. Et même s'il s'améliore d'ailleurs. 
  Je risque de vous décevoir, c'est souvent les mêmes.

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