En temps normal, si tant est qu'il y en ait, je dépote mon maximum pomme fraise banane. Toujours à infuser des stratagèmes pour faire le bzzz en bonne abeille cool. Mais voilà. Le défaut principal de mon ambition étant une absence d'organisation qui frôle le désastre (couplée à une observation des nuages et des lumières plus absorbante qu'une multicouche), je percute de plus en plus dans le barillet une petite poudre qui fait pffft et ne lance pas le chien.
Expliquons-nous. Il s'agit de comprendre que mon statut d'ex star des années 2000, harcelé par les caméras et les feux rouges, ne doit pas handicaper mon retour sur le devant de la salade. J'affectionne tellement l'ombre que malgré ma connaissance poussée des discours qui font mouche, coccinelles et Monte-Carlo, je me remémore mon passif avec netteté comme une lingette à binocles, engageant ma rechute comme un tremplin qu'on va pas sauter c'est trop haut je redescends. Mon maillot de bain baille et on voit pas bien c'est loin.
L'ambition, puisque c'est le thème qui nous permet de nous croiser entre deux vidéos, doit avoir pour support une tête bien faite et des gens autour qui savent créer le produit. Quel est le but ? L'argent, la gloire, les filles, le minibus avec tour escalier forgé pour faire la biblio des campagnes ? Le but est toujours multiple, l'éveil un phare et le gâteau aux noix arrosé de mélasse, un projet à faire passer à la fine. Je ne suis pas un camping-car.
À force de faire des phrases qui tournent en bourrique le moindre interprédateur qui cherche la faille dans la litote qui me pousse à aller ne point me haïr autant que je le voudrais, je me suis posé la question de deux choses : comment mettre à jour tout ça, et comment être, comme je le disais si bien dans le post précédent, et ne pas être tout pareil en ne lâchant pas l'affaire pour retourner à mon premier métier, même si je n'en ai jamais vraiment connu d'autre (vous avez remarqué que je posais des questions sans mettre de point d'interrogation à la fin ?). L'arrêt cardiaque d'une relation m'aura enseigné quelque chose, il est bon d'en avoir sous le capot.
Les carnets à foison, les idées en touffes, le nez au vent et la pédale sur le décélérateur, je vais voir papi en riant mieux, quitte à sourire trop à la ronde au risque de passer pour ce que je suis, un andouille sur pilote automatique. Ce blog sauvage m'aura permis de péter plus haut que mon style, de séparer le bon groin de mon blé, et flairant la fin des haricots si je ne me sors pas un peu du fourré d'épines, attaquer avant l'attaque deux ou trois images rédemptrices, annihilant d'un coup ces années d'avanies, je me demande moi-même d'où me vient ce vocabulaire.
J'ai passé mille années à moudre du noir dans un moulin rouillé, je ne m'en rendais pas compte, occupé que j'étais à ne pas m'en rendre compte, et voilà que comme j'aperçois la cime miroitante à la jumelle, je chevauche un chameau à corne qui ressemble à un zèbre en plus gros, et j'escalade. Une grande échelle marche aussi. Métaphoriquement parlant. Je ne fais pas de loi, pas de prédiction, pas de table tournante ou de prétentieuse projection drippé, rien de bien folichon qui fasse rêver les ménagères, mais j'ai un tout petit peu d'espoir de me rendre compte de ma bêtise léguée pour en faire autre chose que le fatum.
Je vois les bouches remuer autour, les corps onduler sur la musique, les culs se serrer au passage des tanks, et j'espace mes regrets de plusieurs tisanes. Multiple de moins en moins, avec des poissons miroitants dans les iris, je transforme le présent qui surgit dans un mixer marmelade qui gélatine à mort. Tête dans le potage ou moment limpide, j'unifie mes choix, classifie mes dons, polisse mes lectures, étonne mon entourage. Mes yeux se ferment plus vite, mes caisses s'entassent plus propres, mes bras me hissent plus tôt, et si je mets toujours une heure à émerger d'un rêve lancinant, je commence à piger l'écart entre les phases avec une célérité Munchausenienne non babillarde qu'on me jalouse dans les home salons, les spécialistes du salon.
J'ai piétiné des fleurs et volé des cadenas, je roule trop vite sur les zones 30, mon permis n'est plus éternel et fabriquer des bombes n'est pas dans ma top liste. Sentir l'emphase d'un projecteur de patafix visant des ministres me redonne goût à l'existence.