Après je fais ma rabat-jouasse avec les feux d'artyfesses (mes oncles disaient toujours ça, mon paternel aussi, je ne sais pas quoi en penser, j'ai donc mis un y pour faire style) mais j'aime ça quand même les couleurs et les formes, sinon je serais pas peintre en bâtiment.
Il y a juste que le bruit ça tue des oiseaux, ou ça les fait fuir des nids et après qui c'est qui va promener le chien ? Ça leur fait peur aux chiens, d'ailleurs, (et les chiens d'ailleurs c'est flippant croyez-moi) et ça fout le feu à la pinède tant qu'on y est, et parfois à la robe de la première adjointe, on a encore dû évacuer Santa-Monica et le président a voulu serrer la main aux pompiers en leur expliquant que c'est la faute à pas de chance, avec plus de goudron on aurait évité que la nature s'en mêle. Jack a cru faire le marrant en ajoutant "et des plumes", il est en taule. Mais c'est pas parce qu'il est noir on nous a assuré. La caution est pas trop élevée, on va faire un loto s'ils le changent pas d'État avant jeudi.
Avec la technologie des drones marrants qu'on expérimente vachement dans le monde en ce moment, on pourrait créer des figures dignes du Roi et L'Oiseau, je crois qu'il faut mettre des majuscules aux deux personnages. Un peu comme la Bergère et le Ramoneur, voyez. Je m'éclipse. Simuler le bruit pour faire boum quand même à la fin, ce gros boum qui fait trembler les chaumières et nous rappelle que ça vient de Chine, comme le reste. Ou alors on dirait au micro : et maintenant, on va faire le boum de la fin, vous êtes prêêêêt ? (ouaaaais). 3, 2, 1... Si l"humanité gueulait boum à chaque fois qu'on l'emmerde, y'aurait même plus besoin des guerres.
Aujourd'hui que je suis seul, j'ai fait le voyage en véhicule pour aller voir un poète et sa maison à la ville honnie, c'était bien mais c'était long, la route. Pas le courage de prendre le bus ou de faire du stop qui marche pas ici. J'avais jamais passé par cette route (c'est joli j'avais jamais passé, non ?).
Je me répète, et chaque fois que je dis je me répète, je me répète, on est trop nombreux à rouler. Faudrait des cartes artiste premium (je sais pas si je me répète, j'ai pas tout relu, mais j'ai déjà pensé à l'idée quelque part) de l'entreprise Platon DTC. Quand l'artiste se promène, vous restez chez vous et ça pollue moins. Maman, y'a un artiste qui prend sa voiture, on fera les courses demain ! Les artistes au pouvoir, le bordel dans l'abreuvoir.
Sur les côtés, une biche effarée qui sait plus comment rentrer dans les bois, y'avait des grillages, j'ai pas vu exactement, effrayée par le bruit en plein jour, n'ose pas aller sur la route voit bien que c'est chaud, j'espère qu'elle n'y est pas allée, je peux pas ralentir, je me dis inch'allah parce que si on s'arrête pour la guider elle risque de paniquer encore plus et de faire un soleil.
Derrière moi j'ai une grosse caisse blonde qui déborde en guimauve avec lunettes et moue qui moue et me colle parce que je vais pas assez vite à son goût et qu'elle peut pas (encore) doubler parce que justement à côté y'en a qui vont assez vite et même plus, c'est rageant Jean-Gérard ! Respecter les distances de sécurité c'était pendant deux semaines après son permis, il y a quarante ans quand elle a eu sa première Rolex. Après elle a commencé a rouler plus vite pour arriver plus vite parce que ça va plus vite. Le permis à points c'est du vol, non mais !
Plus loin y'a une bête écrasée au milieu sur la route à 80 kilomètres heures qu'on te dit que y'a des radars mais qu'on te double à 110 parce que y'a qu'un seul radar sur le long tronçon. En haut, des buses variables, des oiseaux de proies, des aigles ou des faucons qui tentaient de récupérer la dépouille en tournoyant au dessus, sans doute pour organiser une cérémonie entre bêtes. La buse pique et fonce au milieu de la route pour prendre le paquet, mais les gens roulent roulent, alors il prend pas et remonte aussi sec. J'en peux déjà plus.
Quand aurons-nous le temps de faire autrement que vite, une charte où les animaux, écrasés ou pas seraient immédiatement pris en charge par les personnes pas forcément compétentes que nous sommes. On voit des bêtes, hop on s'arrête. Joli slogan. Et tout le monde est content et on se rencontre on fait des piqueniques et c'est pas grave on ira acheter une table quatre chaises pliantes blanches en plastique dur en promotion une autre fois. Reprenez du clafoutis (ah, y'avait longtemps).
Un monde sympathique où la nature est vénérée et active en nous, où on ne sépare pas la bête de l'humain, où en gros, on commence par regarder, écouter, sentir ce qui nous relie là partout tout le temps, ce que l'on est vraiment, des petits riens dans le grand tout. La concurrence des fauves commencerait par un jeu de piste pour reconnaître les crottes. On se promènerait déguisés en tapir persan, avec des motifs et tout, et on ferait des tas de pommes de pins à enflammer ailleurs pour les feux de la Saint Renard. Un monde dessiné, intégral, intégré, intégrateur, détonant détonatour, en bus à deux vitesses à deux étages, le direct et le pas direct, et un troisième pour les enfants, et la violence se canaliserait dans les caresses.
Oh, oui, personne ne serait à l'abri d'une pulsion morbide, d'une massue à pointes ou d'un dérangement meurtrier, mais on pourrait peut-être, entre deux visionnages de Kung-Fu Panda (les films les plus arts martiaux Queer animalistes que je connaisse) développer le concept que les cabanes améliorées d'observation dans les bois, c'est possible, c'est gratuit et y'a un flou dans la loi personne a dit qu'il était besoin de se doucher autant si j'ai parfum pin des landes dans mes cheveux crêpés.
Et moi, petit kraken joufflu au milieu d'une réunion de cachalots anonymes, je dirais le respect que j'ai pour les milieux marins, et malgré l'éclat bleu des yeux des mosquitos, témoignerais, un peu honteux, de mon goût sans détour pour la tapette agile.
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