mercredi 25 septembre 2024

137.L'étendue sereine du meurtrier polyglotte.

  Je sais pas pourquoi j'ai mis ce titre. Peut-être parce que je viens de voir la série Le monde n'existe pas sur Arte tv (avec un Niels Schneider en forme)  du mec qui a aussi fait le film Perdrix, d'ailleurs l'actrice principale de Perdrix elle joue dans la série aussi. Un univers français marrant qui aurait pu durer un peu plus longtemps, brouiller davantage les pistes et moins se répéter, peut-être. Je ne suis pas d'accord avec le critique de Libé qui dit que ça ressemble à un téléfilm policier hexagonal, et puis d'abord quel téléfilm hexagonal ? C'est doux-amer étrange et ça détonne tout en restant ancré dans le réel classique d'un monde qui se cherche encore tant mieux. Un épisode en plus pour développer la tension lentement, faire se rencontrer les fugitifs, diluer le tragique, prendre le temps de l'errance et de la perdition pour une fin plus souple ? J'aime les fins qui finissent bien, non, j'aime les fins qui ne finissent pas.
  Lorsque la brume attaque sévère sur nos nerfs fragiles, et que la pluie froide remplit les puits cachés sous les fondations de l'ancienne mairie où je crèche, je me nourris de ce que je ne connais pas et qui possède un brin de poésie et d’ammoniaque, histoire de remplir mon existence lorsque rien ne sort, rien ne vient, tout s'étonne et le corps cède.
  L'imagerie cérébrale est une connerie limpide, ni cerveau gauche, ni cerveau droit, juste des courants électriques qui voyagent et se touchent, on a des croyances dures. Les chambres résonnent, les liens se font, se fondent, se croisent, se réinventent, se bousculent, se créent et se détruisent dans une anarchie toute ronde. La bile remonte le soir en gorgée de bière avalée de traviole quand tu me parles pour la huitième fois alors que je regarde la série, je tousse, tousse et pleure. Je tousse surtout du désir de vide abyssal nécessaire au plein dans ces journées sans particulière mousse. Faire ce plein, reprendre ma route, sentir le vent dans les cheveux courts, couvrir sa gorge, jeter enfin ces clopes dégueulasses que je me sens toujours dans l'obligation de finir quand je trouve un paquet gratuit abandonné sur un banc.
  Je repense à l'ado que je fus à l'affût du coup qui pleut, maigre et fou sans permis, déconcentré des suites, je ne me fais plus mal pour ça c'est bien. Je le revois ce type d'archétype, pas pressé d'arriver, pas content d'échouer, fâché de tout, n'apprenant rien, peignant juste, à peine, découvrant lentement ce qui fait une vie de recherche, petits tubes d'acryliques, dorés, argentés, magentas, bleus et jaunes primaires, petites toiles formats angelots, papiers d'affiches, avec l'envie d'en découdre, de découvrir un espace secret où l'on me laisse vivre sans bruit (les courriers de papa : attention plus que deux mois et je ne t'aide plus, attention) avec mes jouets plein d'histoires, sans ignorer l'angoisse du monde barbare de l'emploi qui sourd, vivre en équipe, faire sa place dans l'équipe, j'ai pas pu, et pas d'avenir ou de projet autre que tenter de ne pas suivre le chemin merdique de ses parents largués sur le côté de la réussite à tous prix ou de l'hébétude non soignée dans l'isolement subi. L'entourage, c'est aussi important qu'un paquet de palets bretons.
  Et si j'étais maintenant le même, dans cette époque là, avec cette actu là, avec la même mère à éponger, le même père à détester, me répétant, je travaille pour ton avenir quand mon présent suait le pauvre, hurlerais-je plus fort encore contre l'hôpital sans moyens, l'école sans moyens, laïcité sélective, me ferais-je déboiter tout pareil par des musclés qui n'aiment pas lire, parce que mes tendons non développés, pompes en toiles, déconcentration ligne principale, éducation corporelle floue, ou parce que je ne sais pas ce que je fais encore là, mon rôle, mon but, mon ordre dans un monde désordre.
  Le début, le retard, le retour, lalala, l'histoire personnelle, les échecs personnels, l'absence de soutien ou le refus de soutien se mélangent, gros mots, c'est compliqué. La connaissance des codes sur le pont Napoléon un matin bondé, et la détestation de ces codes, pas le temps de parler, vite vite au boulot, ce qu'il faut dire, ce qu'il faut taire, les années d'errance et l'atelier boulet au pied, ne sachant pas quoi faire d'autre, parlant aux administrés qui ne comprennent pas qu'on aille mal, après tout, on fait ce qu'on aime, non ? Non. On ne fait pas toujours ce qu'on aime, on ne choisit pas toujours, on se laisse bercer, on fait ce qu'on peut même si on n'ose pas. Des regrets ? Bof. Le Yi-Jing est sage, plus sage que le sage et plus sage que moi. Il me dit dégage d'ici, rentre dans d'autres rangs, facilite lentement le départ vers un ailleurs aisé, embrasse une châtelaine, mets des bas pour le débat, déguise-toi en renarde, épile ton dos, mâche une gomme, fume un Schtroumpf.
  Cette aprèm dans le bureau du maire (mardi). Il a une toile du Général jeune qui devait appartenir au précédent mais qui est restée. C'est flippant. Des photos de ses gosses prêt de l'imprimante, tout le monde sourit. Un grand bureau avec dessus quatre range-documents noirs rectangulaires les uns à côté des autres. Les arrivées, les départs, les réglés à emporter, les en souffrance. Il ne connaît pas le studio Ghibli, j'ai cité Totoro, Mononoké, Chihiro, rien. Je fabrique des marionnettes, je veux fabriquer des marionnettes. Paul Klee en a fait pour ses gosses à une époque, et Calder un petit cirque, et Kveta Pacovska et son théâtre de minuit, non ? Vous connaissez le Muppet-Show ? Mon entretien est mal préparé. Il n'a pas d'écran dans son bureau, on a pas pu voir mon site Internet. Il a 74 ans, délègue-t-il pour les recherches ? Je le sens ailleurs. Loin. On parle de l'ancien Syndicat d'Initiatives, c'est pour ça que je suis venu, vingt mètres carrés au bas mot, plus salle d'eau, deux grandes vitrines. Combien le loyer ? Oh pas très cher. Oui mais combien ? J'ai pas très envie de refaire vivre un lieu dans un village qui a placé la député RN en tête. Fuir ou rester ? Partir en courant le portrait du général sous le bras ? Le maire parle parle, des choses qu'il fait pour la commune, des choses à faire, et pourquoi vous n'iriez pas dans ce petit local dégueu sans toilettes et sans arrivée d'eau. Vous pourriez demander quand il y a urgence à l'association artistique à côté. Sinon il y a les toilettes publiques plus bas. Personne ne s'en plaint. J'ai pas préparé cet entretien. Je prends des notes pour le prochain, ailleurs. L'idée que les vieux élus se font des artistes.
  En me repassant le film, comme je n'ai pas pu montrer de peintures, je sors des carnets, des frises, des dessins. Trop à la fois. Je ne le laisse pas prendre le temps sur les premiers. Brouillon je suis. Ah oui c'est pour les enfants, mais vous les vendez sur Internet vos travaux ? Non, je les vendais, mais là plus, je pourrais mais non, je fais des tas de choses, j'ai plein d'idées (je remarque en croisant les jambes que j'ai une tâche de soupe au potiron sur le bas de mon pantalon que j'essaie de gratter discrètement pour la faire partir) enfin, au fond de moi je sais que je ne fais pas grand chose, mais je tente d'y croire, le foyer où je réside n'est pas un espace de rebondissements créatifs, les animaux ronronnent, le chien fait oua oua. Je lui dit pas ça. S'intéresse t-il ? Oui. Un peu. Je ne sais pas. Combien le loyer ? Il me parle des gens qui ont appelé, comme si j'avais envie d'être en compétition, une boite de graphisme qui voulait un peu plus grand, je sens qu'il préfèrerait un truc de commerce. Il leur faudrait peut-être un peu plus d'espace, pour une photocopieuse, une grande imprimante. Vous m'aideriez à installer des étagères pour des caisses de rangements, je demande. Il ne répond pas. A t-il entendu ? A t-il des appareils audio ? Et il y a aussi une troisième boite qui voulait un bureau, ils ont trouvé l'info, ça s'est su, j'ai eu des appels. Mais ils ne sont pas passés. Il n'y a pas beaucoup d'endroits à louer, à moins qu'un particulier achète un bien et loue à des particuliers au rez-de-chaussé. Il me dit des choses que je sais déjà, je trouve l'entretien un peu long.
  Il me parle des bâtiments autour à vendre, de l'ancienne pharmacie du haut que personne ne loue, c'est un agent qui doit s'en occuper, il y a le téléphone sur la porte, ça allait se louer et puis non, et avant il y avait deux pharmacies, une en haut une en bas, mais la nouvelle est très bien et au dessus, il y aura des appartements, on en manque vous savez. Je m'en fous. Est-il heureux d'être maire ? Je ne sais pas. Dans cette grande salle, une autre toile peinte dans un coin à l'ombre, de moyen format, avec un hors bord vu de haut et la peinture qui imite bien l'écume de son sillon. Je trouve que cet espace pourrait être une salle de danse. C'est très vide.
  Son accueil était cordial, sincère, mais je ne sais pas très bien pourquoi je suis passé. Pour me présenter. Bon. Il a beaucoup parlé, qu'est-ce que je garde de cet échange, 200 euros de loyer ça ira ? Avec ou sans charges ? Il ne dit pas. Je n'ai pas visité le lieu, on verra début octobre, je vous rappellerais, c'est mieux d'avoir un locataire qui dure. J'ai plein d'idées mais mon cœur n'y est pas vraiment. En sortant je croise de gens que je connais un peu, sur la place, on parle météo.
  Un lieu qui m'accueille où je puisse écrire, inventer, avec de la lumière et du temps. Bon. Où qu'elle est ma résidence ?
(Ajout de 17h00, après le rendez-vous, je suis allé voir le syndicat d'initiative d'angle de rue passante/pas passante, vidé depuis peu, avec encore un tas de prospectus par terre, depuis dehors, en me penchant, pour vérifier pour la huitième fois comment c'était petit dedans. J'ai, un peu avant, trouvé trois livres dont vous êtes le héros dans la boite à livre cassée du village tout prêt du supermarket, ça m'a un peu remonté le moral).

lundi 23 septembre 2024

136.Kant on veut, pareil.

  Il n'est pas utile de venir et revenir sur Lavis Sauvage avec ferveur, ou fiévreur ou fierté je ne sais pas qui vous êtes, pour savoir si enfin un article est pondu, car l'on a soif de culture, de lumière et de chaleur noumène, comme disait Emmanuel Kant qui savait rigoler entre deux prises de tête (c'est lui qui a inventé la fameuse blague avec les petits singes en culottes à boutons). Je vais vous expliquer pourquoi ici-même, et entamer une étonnante conversion pendulaire au rythme fiable d'un homme constant aux talents versatiles qui se découvre à 49 ans bien tassés des vertèbres une vocation de régularité qui étonnerait ma mère, voire ma grand-mère (mon père il s'en fout).
  À chaque nouveau post, presque après publication, je le signale sur ma page Anje Lamatis Everest, mon profil privé public où je n'ai bloqué à ce jour que trois personnes, et encore, ce n'est que provisoire. Allez quatre. Bien sûr, il y a des provisoires qui durent et c'est embêtant, mais je peux vous assurer si vous paraphez là et là, et encore là merci, que vous ne perdez pas grand chose, je suis surfait et je ne poste plus de bêtises depuis quelques temps déjà, Je me concentre, j'infuse, la pluie tombe en vrac, je dors.
  J'ai arrêté les annonces immobilières débiles, n'en déplaise à Benjamin V. qui attend comme moi le déclic pour le fanzine qui va bien, condensé de hangars, de villas et de piscinables à souhait, je suis dessus. Mes photos de bandeau Facebook sont changées tous les six mois et ma tête de profil deux fois par an, ce qui veut dire la même chose mais ça semble plus lointain encore.
  Je pourrais, je devrais, je serais à même de tenir un engagement deux fois par semaine, disons le lundi et le jeudi soyons fous, aux alentours de dix-huit heures, soyons marteaux, qui permettrait de ne plus venir ici pour rien en se disant, ah zut, pas de nouveau post, mais qu'est-ce qu'il branle, il avait dit qu'il en ferait un par semaine, voire deux, le mardi et le dimanche, attends, non ça c'est pour les images sur son site, ah merde je sais plus, Janine, va me chercher l'agenda ! (j'ai un public mûr et racé qui a des habitudes propres). 
  C'est tout comme pour la vidéo du même nom, mais qu'est-ce qu'il branle ? Il avait dit une fois par semaine, il se prend pour la chanson du Dimanche ou quoi ? 
  Pour qui n'a pas accès à ma page Facebook publique/privée où l'on peut s'abonner quand même (ou suivre je ne sais plus) si je ne vous ajoute pas en ami, c'est parce que c'est comme cliquer sur des numéros pour dire si j'ai bien aimé la caissière et la propreté de l'échange, c'est terrifiant pour moi, ce monde est vil qui nous veut noteurs à étoiles des performances de gens dont le métier ingrat est de répondre à d'autres gens jouant les gens passablement agacés d'avoir été surtaxés quel scandale, pour appeler un numéro vert censément gratuit qui nous expliquait enfin comment adorer avec de l'encens et des petits biscuits langue de chatte, le président génial, et lui faire un petit temple japonais mimi dans son jardin, sur son balcon ou dans les chiottes si vraiment vous êtes réfractaires à ces vingts ans de règne qui arrivent sans faire de bruit, dans le feutré, à la hussarde mais avec des gants en peau de chamois dans ton cul. 
  J'ai parmi mes amis des morts/vivants qui ne postent plus rien mais dont on peut puiser le fond de pensée de leur vivant/vivant en descendant leur fil dans les profondeurs des stocks de bits de l'autre côté du miroir des choses qu'on aimerait cacher, mais qui nous suivent hou hou jusqu'à l'arrivée d'un empereur digital guidant enfin nos choix délicats et troubles de ce monde flottant, le mercredi et le samedi c'est possible aussi, vous me dîtes. Si encore ils postaient de l'au-delà, on s'amuserait, plus besoin de regarder des films horrifiques avec de vieux acteurs qui pensent encore nous épater alors qu'ils sont mous même au montage et c'est embêtant, il vaut mieux ne pas, comme disait le regretté Bartleby qui aurait pu tirer le Yi-Jing pour savoir s'il faut tourner à droite ou à droite, il aurait sans doute gagné du temps et profité de la vie qui s'envole, on aimerait tant la retenir par le suaire afin qu'elle tombe dans un bruit d'osselets cligueling boumbadaboum clang, c'était un chevalier teuton, et même peton. Sacré Emmanuel. Frapper des croques-morts à coups de pelle sinon, pour accompagner.
  Il y a encore les gens que je ne vois plus et qui regardent de temps en temps pour faire comme si, des gens que je pourrais voir mais que je ne verrais sans doute pas, des gens que je vais voir, mais qui ne postent rien sur Facebook et qui n'y vont plus. Des gens qui sont super actifs et qui ne mettent aucun like à rien à se demander s'ils s'intéressent à autre chose qu'à poster des trucs. On dirait moi. En plus j'ai même pas de chambre d'amis. 
  Honestly, vous devez être une vingtaine de vraies personnes à me lire, ce qui est à mes yeux énormissime, je ne sais pas comment vous remercier d'être les petits chiffres qui font vibrer mon compteur de statistiques et m'aident à tenir bon et recommencer à taper sur des bambous dans les soirées d'automne si fraîches qu'on en oublierait les chaleurs estivales qui ont cessé du jour au lendemain pour faire genre c'est fini les vacances il faut se remettre au boulot, que voulez-vous, il n'y a plus de saisons, on dirait la Bretagne sans les éclaircies sporadiques ou boulières, heureusement que l'essence a baissé. La réalité tangible, c'est surtout quand on se cogne à la hotte aspirante en se penchant sur le gaz.
  Un avantage à ne pas négliger, le lien vers ce blog est aussi sur mon site, en page d'accueil. c'est écrit en petit, en bleu, Quelques posts, ça permet de vous orienter électroniquement sans heurts, projeté dans les filets du ouèbe en ion positif galopant. Je n'aurais alors pas besoin de vous faire des grands signes sur un canot pourri qui prend l'eau au milieu d'un lac Suisse à la dérive sous l'orage avec un drapeau togolais délavé tenu à bouts de bras pour attirer votre attention (drapeau chouré à l'Epadh de mon vieux quand il râpait des carottes pour l'activité râpage de carottes pendant la semaine à thème Togo où on colorie le drapeau du Togo, c'est difficile) tandis que d'un slurp léger dans votre infusion bissap, postée au chaud devant la baie vitrée de l'hôtel grand luxe donnant sur la rive, avec un châle en mohair sur vos épaules, vous hésitez encore à alerter les secours. 
  Mary Shelley en a chié. Un bon titre de biographie.

jeudi 12 septembre 2024

135.Déstabiliser le processus.

  D'aucuns trouveront que parfois même en parlant, mon langage châtié de blogueur compulsif, rend perplexe, et je les comprends, je les cajole et les pouponne car, comme disait Robert Smith dans chacun de ses albums, il est malaisé d'entrer dans la tête d'un autre que soi-même et pourquoi ne puis-je être toi, hein ? Moi-même qui vous parle, c'est avec circonspection que j'embrasse le monde moderne, sans toujours arriver à saisir la finalité d'un grand magasin géant monté sur un parking non moins géant, avec des allées des allées des allées à n'en savoir que faire, où tout se trouve sauf de l'eau de Cologne Mont Saint-Michel, qui ne doit pas venir du Mont Saint-Michel mais des parfumeries d'Orléans, ce n'est pas mon sponsor mais j'y suis né et y serait peut-être un jour brûlé, car nul ne peut savoir ce qui l'attend au coin d'une conférence sur la reproduction des prêtres en milieu clos lors d'un conclave inopiné où les sujets fâchent et les anges passent.
  J'ai eu des bouffées de chaleur, je regardais dans un rayon, je ne trouvais pas, dans un autre, je ne trouvais pas non plus. Il y avait un gros monsieur avec une casquette et un T-Shirt, ce n'était pas facile de se concentrer, non pas que les gros monsieurs m'inquiètent, d'ailleurs on dit les gros messieurs. Regardez Raymond Devos, c'était un gros monsieur et il était plusieurs, on peut dire que c'était un pluriel singulier, si je l'avais croisé dans un super supermarché, je l'aurais directement abordé pour lui demander s'il savait où se trouvait l'eau de Cologne, peut-être en mettait-il lui aussi, c'était sa génération après tout, ils l'ont envahi, Cologne, c'est sans doute pour ça qu'elle est fabriquée au Mont Saint-Michel, ils ont dû trouver la recette, à Cologne. Bon.
  Il m'aurait sans doute dit que oui, il cherche aussi, et une autre personne serait arrivée dans le rayon et nous aurait demandé, vous ne sauriez pas si par hasard, au fil des étagères avec tous ces produits d'hygiène, il n'y aurait pas un peu de cette eau miraculeuse qu'on se frotte vigoureusement sur le dos avec les mains en arrière comme ça, et il nous aurait montré en faisant le geste, et Raymond Devos aurait répondu que lui, il demandait à sa femme, c'était le mieux, elle se mettait comme ça, sur son dos, car c'était une toute petit femme et il avait un énorme dos, et avec ses petits pieds, elle frictionnait, elle frictionnait jusqu'à ce que CLAC, comme dans le bain, j'en parlais dans la vidéo 146, je sais neuf minutes c'est un peu long, il faut faire un effort, mais j'ai fait un montage qui me semble bien achalandé, avec des coupures surprenantes qui permettent de rester dans le film pendant toute la vidéo. Où j'en étais ?
  Alors tous les trois on s'est mis à chercher dans les rayons, et on ne voyait rien, et on se demandait si il n'y avait pas de vendeuses, ou de vendeurs qui auraient pu nous éclairer, c'est tellement grand ici, six rayons rien que pour l'hygiène, deux pour les parfums et onguents de pieds, trois pour les savons, un pour les rasoirs et les mousses à blaireaux.
  Comme j'avais de plus en plus chaud et que la bande-son du spectacle était très techno forte (la caissière m'a dit, ah bon, ça vous dérange, c'est parce que vous êtes un homme, vous ne pouvez pas faire deux choses à la fois, et je lui ai répondu, non, c'est qu'il y a tellement de choses à gérer, entre les arrivées de stars sur le retour qui se font masser le dos avec les pieds par leurs petites femmes et l'absence de vendeuses ou de vendeurs, on s'y perd, et elle m'a regardé drôlement et elle a passé mes articles en se demandant si elle avait bien fait de prendre un dernier client alors que c'était fermé monsieur, il faut aller sur la caisse 8, mais la caisse 8 est remplie à ras bord et je n'ai que quatre articles, bon alors passez passez, mais mettez un petit panneau caisse fermée pour pas que quelqu'un subrepticement vienne se loger dans la file et me mange mon temps de pause qui est déjà bien rikiki, et c'est amusant, rikiki c'est le même nom que cet acteur néo-zélandais qui a joué Hitler dans Jojo Rabbit et qui va tourner l'Incal, vous savez cette BD de Jodorowsky, au scénario, parce que le dessinateur c'était Mœbius, Jean Giraud, oui, le lieutenant Blueberry, le garage hermétique tout ça) je suis allé à l'accueil pour me complaindre, et je suis tombé sur une dame qui m'a dit qu'elle n'était pas là depuis longtemps et qu'elle ne savait pas.
  Après avoir payé mes articles, la caissière m'a dit, mais vous devriez aller à la parapharmacie, c'est juste là, et juste là je retombe sur ma dame qui n'était pas là depuis longtemps et qui m'a dit, ah oui j'en ai, mais ce n'est pas pour la friction, ce sont des bouteilles un peu luxueuses, plutôt parfum de fête, vous devriez aller voir dans un plus petit supermarché, c'est la marque Saint-Michel des parfumeries d'Orléans.
  J'ai dit merci Raymond. Elle m'a regardé bizarrement.

lundi 9 septembre 2024

134.La vie déréso.

  Je ne fais pas forcément de mon mieux pour arriver au but. Je tourne autour je sais, c'est un de mes défauts/qualités principaux. Qui lit ce blog depuis une dizaine d'années, comprend certainement pas très bien comme je fais pour aller d'un point B à un point Z en passant par l'hypoténuse du triangle isocèle. Tourner autour du labyrinthe permet de ne pas chercher la sortie. 
  La déferlance de curiosité, parce que fer de lance et défection, j'invente des mots je fais ce que je veux, me pousse à des retranchements délicats, mot usité une centaine de fois dans ces posts, en compétition avec d'autres mots que je pourrais certainement rechercher si je savais utiliser la recherche automatique de mots avec ces technologies formidables qui ne servent pas à tout le monde sauf si on se relit avec compulsion pour éviter la redite et tenter dans une arabesque des plus loopings de décupler son enthousiasme. Encore un mot usité à donf dans cet exercice pas quotidien mais un jour peut-être qui me rappelle que "à donf" est une expression d'homme qui a connu la baguette de pain de un mètre à 80 centimes de francs.
  Je tente depuis plusieurs jours de me projeter dans la vidéo 147, et ce n'est pas probant. J'ai bien conscience (comme me le répéte avec fougue et dans un vocabulaire fleuri mon plus grand fan @yahoobondodo348) que j'ai quatre vidéos de retard depuis août et que je pourrais sortir la carte jokari qui revient toujours à la fin, et dire, hop hop, quatre à la suite, vous allez voir, à la façon finale de Questions pour un champion (encore une obsession de Lavis Sauvage) et vous allez voir ce que vous allez vivre, comme si j'étais un publicitaire à pulls en véritable laine de mouflon, je ne comprends toujours pas pourquoi il n'y aurait pas un moratoire de la chasse afin de réfléchir à la vie des animaux qui sont nos frères dans la vie et dans nos assiettes.
  L'hiver automnal a succédé comme une brute à l'août estouffade, et j'ai à peine trois stères de bois de réserve, mais j'ai pas envie de commander à (nom masqué) parce qu'il laisse son bois dehors et c'est déjà mouillé. Même si c'est bâché du dessus, l'humidité vient aussi du sol, et c'est bien dommage. Ne pourrait-on pas utiliser des granges moitié vide pour les gens de peu qui ne sont en fait que des gens tout court, où l'on classerait les bûches laissées à l'abandon dans les bois par d'autres gens qui ne savent qu'en faire et les laissent pourrir depuis des siècles parce que le stockage n'est pas possible ailleurs c'est ben dommage ? On mettrait les morceaux par années, comme le vin, et on pourrait voir le séchage se faire à la manière d'un spectacle vivant japonais qui demande patience, estime de soi et abnégation, encore un mot usité un grand nombre de fois dans ces lignes passées et futures, on ne remplace pas une équipe qui gagne. Encore une expression usitée au moins douze fois dans ce. Le monde gratuit n'est qu'une force solidaire d'organisation conquise par l'intelligence du collectif et l'abandon du déterrage des blaireaux.
  Que l'on soit un suédois buteur d'ours, un danois insulaire éventreur de dauphins ou un préfet coupeur d'arbres centenaires pour laisser passer une autoroute privatisée inutile de plus dans un décor qui n'en a pas besoin, c'est le lot du quotidien des infos rapides, et il arrive de penser à toute âme sensée (et sensible, mais l'âme pense t-elle ?) que parfois se battre face à la furie stupide des humains semble superflu, déplacé, et tellement hors-norme fiché S woke écoterror et moulin à vent, qu'on préfère se focuser sur la compote de pommes au couteau pété au bout mais je l'aime bien celui-là et le bien être des animaux qui sont, je le répète, les plus intéressants extra-terrestres qu'on possède sous le coude dans cette planète qui reste, pour des très très lointains voisins, une exoplanète de plus abritant potentiellement la vie, mais il faudrait y aller et on va d'abord tenter de finir le mois en beauté alors qu'on en est pas à son milieu.
  Internet est un vivier de connaissances que même les encyclopédies surannées des années 70 ne peuvent dépasser, et pourtant, compulser ces antiquités me remet prêt de la petite fenêtre avec un livre d'images de la préhistoire de l'époque en main, après les devoirs et la punition du jour (je ne dois pas parler en classe à ma voisine copié cent fois en collant trois bics avec du scotch l'un sur l'autre ça va plus vite) concentré encore à cet âge sur autre chose que les grands m'ennuient, sans conflits intérieurs ou extérieurs énormes, avec l'espoir de regarder mon émission préférée où il faut coller des formes en plastique prédécoupées pour faire les vaisseaux spatiaux sur le petit téléviseur cathodique sous la grosse table massive disparue avec un éternel napperon ouvragé fait par qui donc, et aussi peut-être finir sur papier classeur A5 perforé à gros carreaux cette histoire de bête, hérisson dragon qui parlait à tout le monde et sauvait des chats.
  Le bonheur, c'est sûrement faire le gros dos dans la tempête en mangeant des flageolets froids.