L'invention du carnet de correspondance était, peut-être au départ, un pari politique d'éducation, proposant aux aînés de la famille de jeter un regard sage et sans jugement sur l'état de progression des notes du plus petit que soi. Notes qui, au passage, ne sont que des jugements de valeur arbitraires liées à un contexte sociétal qui ne prend pas toujours en compte l'aptitude du gosse à jeter comme un as des boules de papiers dans la poubelle à côté du bureau quand le prof est face au tableau et qu'il s'en rend même pas compte. Cette supposition pédagogique mise à mal au fil des siècles par les vendeurs de martinets déguisés en Napoléon avec une couronne de Charlemagne et un bâton du père Fouettard, aurait peut-être donné des pistes sur la bonne attitude à suivre aux parents de Poucet, qui, dans la véritable histoire, ne supportaient plus d'être la risée de l'école voisine qui prenait leur (tout) petit fils pour un cancre juste bon à filer des quignons aux autruches, assez adroitement pour se lancer dans le cirque, alors qu'il avait seulement des notes à sa taille et c'est facile de juger.
Les enseignants le voyaient à peine dépasser
de son bureau et il est parfois facile de faire l'amalgame entre un
bonnet rouge, même à pompons, et un gilet jaune. Aussi, comme à la
cantine on ne lui donnait qu'une demi portion en guise de statut, on préférait lui poser des
demi-notes dans les matières sensibles et l'engrenage social de la pente savonneuse avec des clous en bas fit le reste.
Et
là vous me voyez venir, je vais parler du Demi-Cachalot et expliquer
pourquoi je me suis contenté d'une moitié de baleine alors que j'aurais
pu me taper tout le poisson entier et inviter le quartier à festoyer dans
la carcasse, mais si Jonas avait eu des lunettes, me direz-vous
justement, gens malin que vous êtes, il aurait bien vu que son séjour s'était déroulé dans un
sous-marin russe, car sinon, comment expliquer son intérêt
soudain après sa remontée, pour les gros mollets du Bolchoï, les œufs de poiscaille hors de prix servis dans de la glace pilée et son léger penchant pour la
boisson fermentée multicéréales/pomme de terre/alcool désinfectant les soirs de pleine lune autour des feux traditionnels
de la Saint Jonas, où il dansait la balaguère même si c'est la
balayère, mais on pourrait contracter et dire la balayette, avec ses
amis portugais qui, je vous le donne en mille, faisait rôtir des
sardines avec des scouts américains qui n'avaient pas froid aux yeux. Un
feu de camp attire le scout, c'est bien connu.
Ils le perdirent plusieurs fois, sans succès, dans les bois (qui ça ? De quoi il cause ? Ah, Poucet, oui bien sûr, faut suivre quand même) sans ses frères qui eux étaient déjà à l'université, jusqu'à ce qu'il égorge un ogre ivre mort et lui choure ses actions #mygirlsarerich
cotées en bourse et pas décotées depuis. La poussée du marché le fit
plus grand que tous et il en garda une rancune vengeresse et revancharde qui le fit
devenir ogre à son tour, métaphoriquement parlant, pour au final truster
le pays des contes et créer un parc de loisirs et de détente honni
par les écoterroristes du vallon voisin, qui faisaient péter des bouses dans les ronds de sorcières en signe de protestation lorsque des campings-cars allemands passaient en trombe avec les pluies de novembre sur leur territoire notredamedeslandesque que personne a ce jour, pas même Gargamel, a su trouver sur googlemaps, et tout ça grâce au brouilleur de satellite oùqu'elleestlabaleine™ que Jonas, justement, avait ramené de ses voyages dans une mallette électronique qui coûte cher à l'ouverture mais rassure à la sortie.
Il est aisé de chercher à revencher son existence en blâmant un système inégal qui profite surtout aux profiteurs ou aux gens qui comprennent plus vite comment ça fonctionne et n'ont pas peur d'en huiler les rouages dans le sens du poil. Car qui place son argent sur une âne indécis, aura pour seul retour un sac d'impérities. C'est écrit dans les pages roses du dictionnaire Larousse, qui n'a rien à voir avec le grosse pionne de mon enfance, comme vous l'aurez noté dans le message blogue numéro précédent.
Et Pinocchio dans tout ça ? Je ne sais pas trop, ne me regardez pas comme ça, je suis en plein printemps, ça bourgeonne sur mon nez, j'ai plusieurs choses en cours et on est déjà le 28. Comme quoi c'est important de compter ses repères, les dates sont le ferment de nos repos sincères, elles aident à rythmer les saisons, qui ne sont plus ce qu'elles étaient, bien sûr.
Rôtir des sardines, quand même.