vendredi 16 août 2024

127.Le plus bel été de l'année.

  Comme tu l'auras remarqué, je me suis fait couper les cheveux, et ça c'est classe. C'est ma belle-mère qui a tenté la coupe. Bon, ça fait un peu quatorzième siècle mais c'est réussi, le côté champignon qui revient quand ça repousse comme quand j'étais jeune chez les coiffeurs sadiques (parce que c'est pas cher, tu comprends) qui n'étaient pas vraiment parisiens. Il doit tout de même exister des mauvais coiffeurs à Paris, sinon comment justifier le salaire de celui qui coiffait l'ancien président mouillé devenu député. De gauche. Le coiffeur, pas le président. De gauche de gouvernement de toutes façons c'est de droite. Il vaut mieux rester dans l'opposition.
  L'idée, les idées actuelles restent les mêmes, je défile en pointillé et en molette de souris sans pancarte (les souris manifestent, ne le vîtes-vous point encore ?) je revis à l'aune de mon état de droit, mou mais dur, ici maintenu, je pose mes rames again et vide méthodique mon bureau penché trouvé dans la rue devant la biblio moderne devant le centre de tri postal fermé. Une bibliothèque intégrée à l'immeuble, au rez-de chaussée, c'est mieux qu'un magasin. Bon ça dépend du magasin, si c'est un cordonnier ça va. Après il faut aimer le cuir, c'est toujours des bêtes qui n'ont rien demandé, bon. C'est ça ou du pétrole, tu choisis. Les livres ne sont pas comestibles, c'est embêtant. Une bibliothèque de nourritures où on goûte aux cultures du monde après un abonnement gratuit à l'année et recevez chez vous plusieurs réfugiés plasticiens qui vous conteront comment on passe d'un pays sans lumières à un pays qui n'en veut plus. 
  Elle était posée là, cette table, avec un fauteuil, je crois, je ne sais plus, c'est si loin tout ça.
  Ma copine travaille puis va se promener, moi aussi mais pas de la même façon, je passe pas les plats, je reste hagard sous les tropiques ou détendu dans le vent à zyeuter l'ordre des idées à suivre. Je tourne autour du village à cloche-pied et parfois je descends prêt de l'eau pour voir passer les touristes. Les listes aident. 
  Je fais moins de rencontres et je ne cède pas à la pression de la chienne, car je connais le nécessaire concentré pour arriver à me mettre à la tâche. Pourtant je cède (aouuuuuu) quand même, car une bestiole a besoin d'air et de lancers de pommes, c'est le défi de la vie. Il faut parfois arrêter le tir pour se concentrer sur la ballade. Encore des chansons (pose/la/pomme!).
  J'ai retrouvé ma clef USB jaune avec les films copiés dessus. Perdre et retrouver des choses, ça occupe. Et les photos de ma jeunesse enfuie dans le café perdu, ou le contraire je sais plus, et je range encore mes morceaux de dessins. Je commence un récit à cases, j'arrête pas de le dire, et j'écris quelques lettres, vous êtes dans la liste d'attente, promis. Même si l'attente est longue. 
  J'ai trouvé un subterfuge à mes quatre cases, à mes cartes cases aussi, envoyer un résumé aux aficionados impatients qui se demandent comme moi si je vais arriver au bout de mes projets et si Béatrice et Véronique vont enfin se plonger dans mon disque-monde.
  Toujours en mémoire l'histoire de ce type qui disait qu'il allait faire une longue série polar pour sa retraite et qui au premier tome est mort d'une attaque cardiaque, ou cet autre qui voulait couvrir les aventures d'un héros jusqu'à la révolution française et qui est décédé avant la Bastille. Y'a t-il quelqu'un pour sauver l'arène ? Oui je pense, mais ce ne sera pas moi. Gladiatus, Spartacor et Matamos, les tridents mousquitaires Greco-Phrygiens-Numides, sauveurs du climat cinématosceptique français, engagés pour tuer sur le sable ce doux visage qui me souriait.
  En prévision, il faudrait apprendre à ton apprenti(e) comment ça se passe dans l'impasse, qu'en peinture comme en écriture il ne faut pas avoir peur de se tromper et de partir dans une mauvaise direction, ça n'a aucune importance, surtout si tu n'es pas sous contrat.
  Je percute plus vite, je reconnais, et j'ai un peu flemmassé sur le rameur, ou flemmardé sur le masseur, rien de mal, et racheté du beurre de cahuète, c'est embêtant (mais avec du miel dessus, vous comprenez...) je me retrouve avec du gras de jambon autour, dessous les côtes méditerranéennes, et sans la bouée, c'est pas évident. Il paraît que les baskets roses aident au running, ont-ils des tailles 44 au Vietnam ? 
  Il s'agit de se laisser emporter par le globuleux bouillonnement du désir d'inventer, même ténu, et de s'amuser comme quand tu t'amusais, c'est aussi difficile et simple que ça. Comprendre les règles, ne pas déranger, s'imposer sur le parking de chasse avec un tank Panzerkampfwagen VIII Maus afin d'éviter les garages intempestifs de borrachos en gilets oranges fluos sur le chemin de randonnée, qui restent plantés là avec un portable allumé pour savoir si à cent mètres y'a du gibier, ou jusqu'à ce que leur moustache pousse et leur hypotalamus mute et s'ils vont pouvoir changer de sexe en mairie pour devenir enfin amazone en collants comme quand ta femme est partie chez sa mère.
  J'ai encore deux trois cartouches, quatre à dire vrai, elles ressemblent à s'y méprendre aux balles du détective dans Qui veut la Peau de Roger Rabbit ?. elle touchent au but quand le contexte est propice, sinon elles font ce qu'elles veulent et privilégient surtout l'entertainment, la blague, le non sens, le mauvais chemin, le but raté, le circuit de travers quand tu butes sur les rebords sans pouvoir demitourner et que ça mène à une fin qui twist. 
  Rester troll, la vie des bois.

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