samedi 31 août 2024

132.L'équilibre endémique des coalitions pathogènes.

  Il arrive que des mots s'offrent à nous et qu'il soit difficile de les comprendre. Manque cruel de vocabulaire, mot parti du dictionnaire pour faire de la place, indigestion à la recherche, panne de courant, batterie déchargée, bibliothèque brûlée, tous les moyens sont bons pour trouver une excuse à l'absence de recherche. On attend les prochaines élections, on choisira dans l'isoloir.
  Le secret de l'art d'être cultivé (qui n'est pas forcément le secret de l'art d'être intelligent) tient en deux activités principales : lire et lire. Que ce soit sur un écran qui vous envoie des ondes nucléaires qui vous transformeront en blob avec des yeux en forme de tomate, je l'ai lu sur Internet, c'est vérifié par des savants et tout, ou simplement, sur un rectangle de papier fabriqué avec des arbres dont les techniques passent par tant de transformations qu'on se demande si la magie de l'objet n'est pas aussi forte que le contenu qui ne l'est pas toujours.
  Après il y a les images qui bougent, reportages, films, séries, j'en passe et des montagnes, mais même après avoir visionné des trucs, je ne peux pas m'empêcher de regarder ce qu'on a écrit, du quidam au chercheur, et de me poser des questions sur le fonctionnement, le purpose, l'essence et l'origine. Qui a fait ça comment, de quelle façon et est-ce bien raisonnable ?
  Inventer, ça m'intéresse. Et Ça m'intéresse est une propriété du milliardaire qui veut des curés blancs au pouvoir, enfin encore plus blancs, comme lui quoi, enfin ce qu'il croit être lui. La personnalité c'est très flou quand on y réfléchit sans mots assis sous un pêcher déguisé en panda. Je confronte les désirs de reprendre les titres de curiosité de ma jeunesse avec la réalité actuelle, et souvent c'est pas tout à faire pareil. Les contenus varient, les journalistes n'existent pas, les sujets sont moins bien traités, orientés vers le goût du patron, ou vers une certaine idée de ce que veulent les gens, c'est embêtant.
  Il y a des mots qui voguent d'une semaine à l'autre, et prennent place dans nos cerveaux bouffis d'infos, pour ceux qui se bouffissent, mais parfois même sans se bouffir, on en trouve qui s'immiscent dans des conversations, à un feu rouge, entre des paquets de gâteaux au blé pas du tout issu de l'agriculture biologique. On les saisit, et on ne connait pas trop leur sens, mais il peut nous arriver de les ressortir. Je m'en amuse. Et en écrivant je m'en amuse j'ai le sentiment d'être une statue de droite d'un monument aux morts pour le gaullisme.
  C'est comme quand je lis lambertiste, libertarien ou libéral, plus je les vois, moins je les comprends, et mon cerveau a envie de remplacer ces mots par d'autres pour rigoler un peu, genre, pastèque, boulgour et chamonix. D'ailleurs quand tu regardes l'historique des chamonix, les gâteaux qu'on trouvait bon petits et que maintenant c'est dégueulasse et ça fout des aphtes, tu t'aperçois que c'est plus l'Alsacienne, qui a deux grandes oreilles, mais un groupe américain qui a englouti des tas d'autres petits groupes, selon la technique connue du je garde le nom mais c'est pas bon.
  J'ai bien fait de faire des confitures de poires, de prunes et de Reine-claudes pour l'hiver, c'est un problème de ne pas beaucoup bouger hors de son bourg, surtout pour les autres, autrement que pour se réapprovisionner en chamonix et en nouilles. Je repense à cette rencontre de Nicolas Bouvier avec je ne sais plus qui, je cite de mémoire c'est à vérifier, dans le livre l'Usage du monde, un monsieur avec qui il parle de son voyage loin de chez lui et qui lui dit avec conviction :"Ich bin nicht verrückt, ich bleibe zu Hause !" (je ne suis pas fou, moi je reste à la maison). Il y a des coalitions sucrées qui permettent de passer l'hiver en tartine.

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