samedi 24 juin 2023

106.Foudre de Dieu.

   Dans les possibles de la vie qui passe dans le sens des aiguilles d'un destin multiple, il y a le vieillissement et la mauvaise organisation, parfois les deux cumulés donnent à voir un humain réfractaire comme une brique qui fait des pizzas, mais pas toujours. Il peut aussi faire des tartines chèvres miel avec du cresson et de la salade roquette, très utile en cas de conflit culinaire.
  Où je vais. Car c'est un peu ça, où je vais je me le demande. J'ai tant à faire dans cette préparation non prête de spectacle de danse marionnette one-man-chose réflexion sur le bouc émissaire de la désintégration sociale dont je suis le parangon, à ne pas confondre avec le pangolin qui est un animal célèbre. Car être un dur, un tuff comme on dit en anglais, un boxeur de la vie, c'est toujours une chance quand l'adversité frappe trois coups à la porte fenêtre sans s'annoncer mais comme c'est une porte fenêtre on voit derrière et on peut rester sous le canapé à grignoter des Tucs comme un écureuil volant qui sait que la fourrière vient lui remettre un libellé alors que cette fourgonnette empruntée à la gendarmerie hier à la fête des abeilles arc-en-ciels n'était pas de mon fait. Non non non, trois fois non. C'est Crapaud qui a fait le coup.
  J'ai trop de désirs d'avenir, j'ai trop de choses en main et je ne sais pas quelle main choisir. Mes vidéos sont molles, mes peintures sont humides, mes dessins de presse sont gras, rien ne fonctionne, et je continue d'y croire. Je sais qu'un jour viendra où je remplirais des salles de spectacle avec mes images qui défilent, et je serais accueilli par le comité municipal en grande pompe car ils penseront que je suis le cordonnier magique qui vient réparer les choukaras et les ceintures et faire des clefs avec la machines à clefs, sauf que non, je serais là pour détourner les panneaux de direction et peindre des passages piétons en 3D pour que les automobilistes s'arrêtent enfin et fassent marcher leurs cerveaux reptiliens qui voient les couleurs en jaune et vert, comme les tracteurs de mon enfance. Mon père est peut-être un extra-terrestre de la planète des lézards, cela expliquerait mon attrait pour les bains de soleil prolongés et la viande crue.
  Donc, je travaille d'arrache-verrue sur mon spectacle qui va mettre en lumière mes failles et dont je ne dois plus rien révéler sous peine de gâcher la surprise. Je commencerais sans doute par une approche basique de présentation classique, un peu Larousse, où je dis bonsoir ça va et vous moi aussi, même si en ce moment je ne me sens pas très bien. Je suis bizarre, ça fait des années et j'en ai fait les frais. Certains artistes ont l'exclusion inclusive collée au corps, ils sont bons mais n'arrivent pas, certains savent parler ça aide, en ferais-je partie ? 
  Analysons si vous le voulez bien ce graphique de la loose qui ne m'a pas encore permis d'entrer dans un milieu, ni empire ni terre, et cherchons à regarder où la faille aux démons à pu s'ouvrir à quel âge sans qu'on y puisse rien. Car si bouc émissaire est un métier utile aux grand magasins, peut-on l'utiliser dans une quête de l'intermittence et sans nez rouge ? Il y a des échecs qui font de grandes carrières sans passer forcément par la case maladie honteuse. J'ai dû me poser la question de déterrer des cadavres comme le docteur Victor Frankenstein, car se narrer demande une puisée de souvenirs arrangés pour la scène. C'est, je l'ai déjà dit, des bouts cousus ensemble.
  Chercher l'essence même de la vie dans cette vie de comédien ambulant me parle et m'appelle. Je n'en suis pas tout à fait convaincu, comme à peu près tout ce que je fais, mais j'ai envie d'essayer. Dessiner ma maison rêvée qui existera après l'héritage, construire un laboratoire avec plaque réceptive à la foudre et télescope pour mater les voisines, prendre des bouts de moi de différentes époques pour assembler un puzzle de récits qui se recoupent et se répondent dans un texte disponible aux éditions de Minuit, et va falloir le faire pour de vrai parce que j'ai une date.