samedi 7 février 2015

17.Meriadoc.

  Et laisser venir est nécessaire. Ranger encore. Lorsque je me mets en marche, dans l'espace confiné configuré de cet espace immense de l'imaginaire en branle, j'ai, après avoir bien préparé l'espace atelier (je redis espace encore trois fois et je sors) espace espace. Je reviens. Me revoilà. Ellipses ellipses, avez-vous donc une âme ? Lorsque je me mets en marche, je sors parfois. Aujourd'hui je suis allé manger une frite devant la biblio, car j'avais des livres en retard, et bien elle était fermée. Je vérifierais pourquoi peut-être. Je n'ai pas voulu laisser de livres dans la boite prévue à cet effet, mais j'ai attendu un peu devant, me demandant ce que je foutais là. Il y avait deux camions de frites merguez steaks hachés oignons rangés sur le couloir du bus, dont le premier m'attira par les gens à l’intérieur. Je veux dire que les personnalités étaient en place et je sentais une histoire en marche, enfoiré d'intello que je suis. Une des deux vendeuses, qui semblaient ensemble, me fit un salut viril comme pour m'attirer dans cette Babylone du gras. Après un petit tour plus loin pour mater l'autre camion (tenu par un monsieur bourru gros un peu chauve au pull lâche, mais sympa sans doute, mais seul) et des gens assis en face, les doigts dans les saucisses, je suis revenu à ma première impression et j'ai commandé un frite (faudrait déplacer le Tibet au Québec). Rien à voir avec celles du Nord. Rien. Ici c'est du surgelé petit. Dans le Nord aussi c'est des surgelés des fois, mais pas petites, et on a envie d'en reprendre après. Alors que là, non. Comme je n'aime pas venir pour rien, je commandais donc une frite. Petite barquette plastique (alors que dans le Nord c'est des grands cornets de papier) qu'elle me remplit et qui déborde car je devais avoir l'air un peu con avec mon bonnet vert et rouge sur mes lunettes. Et j'avais failli me prendre le auvent dans la tête vu que j'étais perché sur mon vélo. Ensuite je mange mes frites assis debout sur une rambarde où c'est qu'on les accroche, les vélos. Passe une femme aux traits marqués, me demande si j'ai pas des pièces ou du tabac. Je dis non, j'ai des frites. Elle veut bien de mes frites, elle prend mes frites. Il n'en restait pas beaucoup. La vendeuse du camion m'a vue et s'est marrée, pas méchante, juste de voir que j'ai pas pu finir mes frites, je crois. Je hausse les épaules et je fais bah. Tout à côté, à la Patinoire, il y a une soirée Danse avec les stars ou un truc dans le genre, elle m'avait dit, la vendeuse. Je remonte sur mon vélo avec mes livres en retard dans mon sac à cinq euros noir, et je pense que depuis que je suis hors la ville, je vois les vies des ceux qui m'entourent avec davantage. Pas mieux. Espace. C'est sucré le ketchup.

16.Hop laisse mais avec espoir.

  Expliquer qu'on bade actif n'est pas une mince affaire, et pas une pince à linge non plus. Ma copine, qui est ma meilleure amie vu que je n'en ai pas d'autres, de copines pas d'amis, quoique je doute beaucoup en ce moment de ma faculté de science de l'art de flûter du Cinzano en levant le coude sur les comptoirs du Nord où les derniers terrains vagues tout ça. Je vais un peu vitre, sortons le dégraissant. Ma copine est une femme adorable, on s'en serait douté vu mon potentiel a attirer toutes les notifications de rejet des Pôles Emplois réunis, ma femme est une copine adorable qui ne saisit pas toujours mon grand esprit profond qui adore laisser venir à lui l'inspiration nécessaire à toute création littéraire enjouée. Et c'est là qu'on se frite car en Belgique tout commença. Elle me prend pour le dernier des veaux car j'aime le vide et bader et babiller peu. Elle pourrait me lire ensuite, mais elle me dit que je ne m'intéresse qu'à moi alors que c'est tout le contraire, je ne m'intéresse qu'à moi car c'est par ce biais que je m'intéresse à vous. Faire des films, des pistes, des traits. Rencontres. La curiosité de soi est surtout parce que soi est souvent absent. Ailleurs. Invisible. Inexistant. Je me sens nobody, et nobody is perfect. Ce qui n'exclue pas d'aimer se dresser (du verbe dress en nanglé) en jupe longue et rouge et à huit branches le soir autour des ronds-points de mon enfance. J'ai sincèrement le désir d'une résidence de travail dans une cabane à miel bien chauffée avec des savonnettes pour garder les dents propres et 364 boites de sardines à la tomate. La biographie est une escroquerie sévère qui consiste à tourner à son avantage les soupçons de nos existences fruitées.

jeudi 5 février 2015

15.Le temps est loin de nos vingt ans, des coups de poings des coups de sang, mais qu'à cela ne tienne c'est pas fini on peut chanter quand le verre est bien rempli

  Sacré Graeme. Allright. Il nous aura bien fait rigoler avec ses chansons de beatnik américain amoureux de la France. Le genre de star aux gros yeux qui vient chanter sur scène en chaussettes. Quand il était plus jeune il était pied nus, mais c'est à cause des articulations, les chaussettes. C'est fou ce qu'on a froid aux pieds quand on prend dix ans de plus après avoir marché dans la neige en chantant des sutras. Après, il faut de la neige. Les chats grattent au carreau et je me lève comme un pépé. Du moins comme l'image qu'on peut se faire d'un pépé qui a mal au vieux. Pourtant être vieux n'est pas forcément synonyme d'être vieux. Je connais des moines zens de 80 balais qui te font un repas pour cinquante personnes tout seul sans rigoler en deux heures. Une omelette géante dans une cocotte et le tour est joué. Je m'égare. Je reviens de ces deux dernières semaines où j'ai le sentiment de ne pas me focuser sur les bonnes choses. Rhumes, fuites, blocages de vertèbres, bouteilles de gaz au goulot tronqué qui nous promènent de zones commerciales à haut risque en zones industrielles, au milieu des Roms réunis en infrastructures fraîches sous les ponts prêt des déchetteries et des projets de réaménagements pour les coureurs de bords d'eau jolis de demain. Je sue au lit, je lis Hushu, un poète zen de mon invention, et je tente de me rassembler les forces du bon côté obscur de la pleine lune. Comme d'hab me direz-vous ? Pas tout à fait. Je n'ai plus vocation à des effets d'annonce, j'ai trop de potirons dans ma besace pour user de cet artifice éculé, cependant, car il nous faut bien captiver un brin votre attention dévorée par les multiples pouvoirs de séduction des fenêtres qui clignotent un peu partout, ou des articles qui salivent sur vos genoux en vous promettant de vous donner les clefs pour comprendre le monde dans lequel on vit, cependant, oui. Au delà de l'inévitable badinage artistique qui nous traverse en flânant de ce ci de là sur les contrées multiples de nos occurrences délétères à liens sans cordes (quand on surfe sur des conneries), je retrouve un semblant d'humanité en nettoyant la litière, des crottes des chats, mal élevés, un peu avant minuit, au retour de la promenade. Cette phrase passée pourrait faire le sujet d'un post multi-interprétations. J'ai mangé un truc morue pomme de terres ce soir, la lune est décroissante, j'espère que je ne vais pas suer gras dans ma douzième maison.

mercredi 4 février 2015

14.Examen de baguette

  Difficile de trouver un boulanger talentueux dont le pain ne durcit pas dans l'heure et qui utilise de surcroît de bonnes farines et a autre chose en tête que nous refourguer des pizzas improvisées pour payer la nourriture des apprentis. Dans Harry Potter 4, à un moment, le lendemain je dirais, on examine les baguettes des quatre candidats au tournoi des trois sorciers. Une sorte de compétition entre des écoles pour prouver qui c'est qui a la plus grande. Et bien moi c'est pareil, je me sens souvent en examen. Physique, mental. Le fait d'avoir seulement réussi mon brevet des collèges doit jouer. Après je me trouve petite mine. Dos tordu, bras menus, le chemin est encore long pour avoir une tête de rat, tel le maître des tortues Ninja qui aiment les (bonnes) pizzas. Je suis un souvenir vivant de multiples lieux, des pierres et des feuilles, des ciseaux un peu. Pierre de manoir ancien où solitaire j'errais, de la souillarde au grenier en passant par les écuries servant de local à oignons d’œillets et râteau à feuilles. Feuille de parc silencieux, où je m'ennuyais en m'inventant des histoires d'humains métamorphosés en écureuils, bien avant de connaître le Merlin de Walt Disney. Ciseaux des coupes de cheveux ridicules d'un mauvais coiffeur sadique auquel on me trainait comme à l'abattoir qui ne connaissait que la coupe au bol en parlant de Paris-Match, et me ratait chaque fois sans que ma famille ait rien à en redire. Laid des poils quand j'aurais pu ressembler à un petit con prétentieux qui pouvait frimer joyeusement au milieu des poules. Pas de regrets, notons, l'art du clown est un cheminement radical. Mes questions sont les suivantes : comment relier, comment narrer sans s'étaler à l'huile de palme, comment amuser, faire plaisir et durer plus longtemps qu'un repas attendu dans un restaurant indien ? Mes réponses sont les suivantes : tenir sa ligne au concours du poisson chat des bords de Saône, ne pas se lamenter sur soi et son sort et son histoire, rester humble, faire rire, se faire rire, rire de soi, trouver un bon plombier, puiser dans tout ça pour faire un fanzine de dessins avant la fin de la semaine. Ne jamais faire de publicité pour une banque.

mardi 3 février 2015

13.C'est déjà lundi.

  La petite gorge enflammée, je me sens l'âme d'un politique après son discours sur la chute des glaces à Aqualand, je vais un peu mieux. Le rangement s'opère et j'ai repris pied ici pour refaire de belles peintures et dessiner un max (et les maximonstres, peut-être). Apprendre à parler et se faire des poignets corrects. Une éternité que je n'ai pas repris mon micro trottoir pour vous donner des nouvelles, mais je doute, et quand je doute, je doute. Oh ça ne dure pas, le temps de mater un Retour vers le futur et je vais mieux, mais tout de même, quarante ans et toujours pas de CDI. J'hésite à prendre ma carte dans un parti quelconque pour me sentir moins seul, ou m'engager dans un club. Mais dés que je me trouve en groupe, j'ai des tas d'idées et je retourne fissa dans mon atelier pour douter davantage et regarder un Retour vers le futur pour me remotiver et avoir envie de me resocialiser et... Je n'en sors pas. Je sais pourtant être capable de rentrer dans du concret, j'ai la foi, comme cette chanteuse blonde qui venait des banlieues de la télévision et qui ondulait de la croupe en le criant haut et fort sans craindre le foudres de je ne sais qui. Je doute et j'ai faim. C'est souvent lié. Alors je range. Il va falloir changer ce réservoir des cabinets, les dossiers prennent l'eau.

dimanche 1 février 2015

12.Château Baleine 2

  Les chauffages fonctionnent ! Joie de la trivialité, je vais laisser ma peau de philosophe à trois balles (pas dans le corps, merci) pour passer à l'essentiel, narrer, vous narrer, nous narrons. J'ai donc moins froid, je suis encore un peu fébrile mais le flew est parti (tout ce qui coule de soi). Qui voulait que je travaille mon allemand ? J'ai passé le samedi passé dans une glaciale caserne, déguisé en soldat nazi qui venait chercher un mec qui voulait pas cafter son général, le tout chapeauté par la belle verte, très humaine en équipe, franche et ne laissant personne dans le pourquoi-tu-joues-ça-comment-même-si-t'es-rien-du-tout-là-devant, je suis rassuré. Il y a des réalisatrices humaines. Le contraire m'eut étonné. Parler allemand était totalement inutile.
  Les vêtements de cinéma seraient-ils moins chauds que les vrais ? Je ne sais pas, mais je n'avais pas la doudoune de la jeune première, ni les chaussettes chaufferettes d'un chanteur lyrique allemand qui faisait le méchant. J'ai pris là-bas, bien malgrè moi, la décision de rater ma semaine de travail et de réussir à me reposer en coulant du nez. Le retour de ce samedi est bordélique, certes il fait meilleur, mais il y en a partout, et ce qui est affreux, c'est que je n'en éprouve pas la moindre gêne ! Je suis bien dans le cafard, et dans le capharnaüm. Au passage, c'est le nom du bar maudit qui m'a tant pris la tête l'an passé avec ses soirées de merde sans isolation sonore, tout à côté de l'espace de travail et de vie que je hante. Concert concerts. J'ai un problème avec le silence et le vide, je les aime de plus en plus. Ai-je un problème avec le silence et le vide ? Mais de quoi voulais-je dire déjà ? Ah oui, of course. Donc, j'essaierais d'écrire davantage cette année dans cette feuille électrique, et je vais tenter de cadrer mes articles. Non, je ne crois pas, je vais tenter de ne pas trop tenter. Oui c'est mieux. Cette courte plongée du corps dans le froid et le brouillard m'a amené à m'apercevoir, comme si ce n'était pas encore évident, que je n'ai pas peur de mon chaos et des mes idées inachevées et multiples. Que je puisse m'alléger me semblait inévitable, que je puisse travailler en groupe me motive et si le temps me le permet, lalala. Je vais aller chercher des nouilles et je vous dis à lundi.