vendredi 23 octobre 2015

40.Espace de quoi ?

  Les délimitations sont donc à découper. Trouver une manière de classements à cet ensemble d'idées possibles et imaginables. L'espace atelier. L'espace du site Internet. L'espace des liens de ce site. L'espace client ? Non, je n'ai pas la carte du magasin, merci. On avait pas besoin de délimiter nos courses avec un petit panneau à pub sur le tapis roulant, avant. Une étendue comme une planche de dissection de l'esprit. Attitude de dévoilement qui masque. Passer de bons moments. Je bifurque d'Ulysse à la série de cartes, tarots, bataille. Bifurquer. 
  Pour commencer, un fond d'écran qui m'attire. Une couleur à choisir parmi celles que j'ai, à moins que je n'aille faire un tour chez le vendeur de papier, ce qui me permettrait de passer chez le cordonnier pour voir si mes chaussures bruxelloises peuvent se faire mettre une semelle de renfort et éviter mes bondissements à chaque caillou. Je suis d'une nature douillette sous la voûte, le hobbit fait partie du héros, et la quête envisage de m'offrir un certain relâchement sur la route de briques jaunes. Provisoire, peut-être. J'aspire à plus de nanotechnologie et de temps solitaire dans une durée définie. Comme glander est le principe qui permet à la création de monter, il me faudrait ma cabane où m'isoler sans failles. Sans remontrances. Sans justifications. Avec du matériel. Le fantasme saisonnier.
  Odyssée, trajet, zonage. Je vais tenter de vous mettre en image de fond de site, une carte, donc, de mon territoire mobile. Après le cordonnier. Car il est déjà 17h30. Vivre en permanence (et impermanence, ha ha qu'est-ce qu'on se marre à bout) dans des mondes qui s'offrent à toi, à soi, vivre. Bon. Assailli par ces hordes d'images qui veulent passer par ce corps possédé. Mais je n'ai pas de démarche. j'ai dû déjà le noter quelque part, la démarche n'est qu'une invention marketing de plus, bande de surréalistes avachis, les ronds-points sont partout et Toutes directions notre lot. 
  Laisser venir, et pratiquer un sport de combat quand la muscu aura réussi à effacer les traces des os apparents sur mon costume naturel d'Halloween. Déjà un an d'errance dans les cimetières à glaner ça et là les sujets gracieux de mon album vaudou. Zombie ! Cette ambition bizarre de créer malgré ses crises me vient de quelque malédiction merveilleuse contractée avec la varicelle un soir de fièvre. Le monsieur gentil s'était fait passer pour un docteur, il m'a demandé de signer la feuille couleur rouge. Papa était absent, en séminaire aux antipodes, et maman à la cuisine à plumer une bouteille de Martini. Je revois ma sœur entrer et se saisir du tison de la cheminée et frapper un grand coup sur le chapeau claque du bonhomme, et puis plus rien, la poussière, le vent. Et le bout de papier, bien sûr, avait disparu. L'homme est revenu avant hier, il voulait me redonner le papier, en échange, je m'engageais à écrire neuf livres en moins de dix ans, et des bons, si possible. Si j'y arrivais, je pourrais récupérer ma signature et on en resterait là. "- Cependant tu dois savoir que lorsque tu auras de nouveau ton âme en main, toute cette création merveilleuse de bête s'envolera à jamais.".
  Je m'en fous, j'ai dit, je suis un saule-pleureur en souffrance, et les rats d'eau viennent manger mes branches qui trempent dans le sens de l'onde, ça vaut mieux qu'une vie éternelle dans un python (monty) de la fournaise, no ? Haroun Tazieff dans ta face. Les paradis sont nombreux, les enfersaussi. Lequel choisir selon sa religion ou son éducation sociale ? L'enfer est une salle d'attente où l'on ne peux pas parler et où les numéros de Paris-Match parlent de mecs de droite qui font des bises à des femmes de gauche en gloussant. Et on écoute RFM sans pouvoir changer la station.

jeudi 22 octobre 2015

39.Cartographe

  Des cartes of course. Des cartes au trésor pour aller creuser. Des cartes du monde en évolution. des cartes transparentes qui se superposent pour donner la piste véritable. Et là le sage en toge bleue avec sa face sinisante et sa barbe en tortillons de nuage dragon, lève un sourcil broussailleux et fait (notons que cette fois ce n'est pas forcément un vieux) : "Tu vas chercher longtemps ton chemin de perfection à travers cette quête de l'organisation des choses, tu aimeras empiler mais aussi jouer au badaboum, tu aurais tout aussi bien pu t'assoir avec moi écouter la radio.". Il se tait une heure histoire de reprendre sa respiration, et il lève l'autre sourcil, car il en a bien deux, et fait : " Et tu devrais arrêter le tabac et me rouler un clope avant de partir.". - Mais maître, comment réussir mes missions dans l'ordre de chaque jour si l'automne me transforme en souche ? "Je n'en sais rien. L'automne est fait pour les chaudières bruyantes et les chevaux peureux, suis le fil électrique de tes sentiments sans prendre de châtaigne et ferme la porte en sortant, je me les gèle ici.". 
  J'ai rabattu consciencieusement et avec dos courbé, la porte qui était un paravent de papier enduit de cire, et je me suis retourné vers le jardin luxuriant rempli de fontaines, de rochers, de bambous, de mousses et de fleurs dont le nom rouge m'échappe car je ne me spécialise pas assez dans la nomination des choses depuis trop longtemps. Je ressens ça comme un défaut personnel profond, ne pas savoir dire, ne pas savoir transmettre avec la fiche technique et les petites vis au bon endroit. 
  Je sais plein de choses mais plutôt générales (Comme tout le monde ai-je envie d'écrire pour me rassurer) l'eau chaude brûle et les chaussures trop petites font mal aux pieds. Il me faudrait des obsessions saines et faire quelques listes. Commencer sérieusement à étudier ce livre du apprendre à apprendre ou faire un pèlerinage sur les stations services de mon enfance, je ne sais pas trop. J'ai plusieurs noms de territoires possibles mais j'ai toujours peur de m'enfermer dans un monde, alors je préfère un champ de bulles. D'où l'absence de spécialisation, peut-être. Il n'est jamais trop tard. Vivre la vie comme si c'était ton dernier jour sur terre n'oblige personne à organiser des orgies. Regarder les arbres plier sous le poids des corbeaux de passage dans cette fraîche bruine, c'est bien aussi. Mais regarder, je sais.

mercredi 21 octobre 2015

38.Monde ordinaire.

  Pas de magie au coin de la rue, pas de sorcier dans un chapeau, pas de solutions miracles pour les réfugiés dessous le pont, rien qui ne vaille la peine de remonter son moral d'un coup. Marcher, voir les travaux, sentir l'appel d'autre chose, quelque part, plus loin peut-être, ou là, si prêt, dans le ronron du chat, dans la lumière changeante étonnante d'hier soir, sans gros bateau de croisière qui nous pollue l'espace, HLM flottant où l'on se sent heureux d'être à l'étroit parce que le billet était cher. Un moment d'évasion pour décoller avec RyanAir, affiche désuète d'irlandais sans crise. Et puis le bouillonnement de l'eau crème, les oreilles froides et le passage enveloppé d'une robe un peu plus jolie que les autres. Un clin d’œil entre deux klaxons, une main levée pour saluer quelque chose derrière toi. Tu regardes les commentaires des riches et des pauvres, de ceux qui savent qu'on se zyeute pour savoir qui te zyeute, et tu attends. Pas de roman policier déprimant, si cruel de vérité, ou de nouvelle du monde terrible pour ajouter à ta fatigue. Miss Marple fera l'affaire. Quelques souvenirs flottants d'un passé proche quand tu regardais ces étendues si vastes en te demandant pourquoi tu n'y étais pas toute l'année. Rabattre son manteau, étouffer le bruit des voitures avec un casque bon marché. Quelle musique choisir, chanson française ou mexicaine à squelettes ? Et des chaussures neuves, ce serait pas du luxe, les rouges sont usées et font mal aux pieds. 
  Quelques nouvelles salles ouvertes, le soir tombe tranquillement, tu reposes ton âme en essayant de raccrocher les wagons de tes rêves de la nuit passée. S'il n'y a que ça, suis-je une part de ce ça ? La quête de l'argent nécessaire, les contrats, les disputes, une ou deux phrases en l'air qui ne veulent rien dire pendant quelques secondes, ça va ? Oui oui, ça va, ça va.... Et ces crétins qui massacrent le monde en faisant des bénéfices sur le dos des crétins qui acceptent leurs usines de merde. Il y a sûrement autre chose. Inutile de se perdre dans le sucre. Quelques fleurs qui fanent, des pétales par terre. Un vol de grue qui se cassent au chaud. Derrière les phrases qui s'accumulent, trouver le bonheur parfait d'un monde ordinaire qui brise sa croute briochée après 45 minutes de four combi. Les personnages invasionnent l'atelier pour une bataille de playmobils qui risque de durer un peu. Neuf histoires, je tiendrais l'haleine, moi ? Les héros sont plusieurs et trépignent à vouloir le premier raconter ce qu'ils me disent. Sans éviter les drames. C'est l'heure du bubus et des clients sont entrés, ne pas s'inquiéter, il y a de bonnes pizzas qui m'attendent quelque part, sans sauce tomate chinoise s'entend.

mardi 20 octobre 2015

37.Le sorcier de la malédiction du chaos de l'enfer.

  J'essaye de travailler avec ordre et dédicace. Je sais pas si le deuxième mot est juste. j'essaye de travailler avec patience et mère de sûreté. La salope. On avait dit pas les pulls pas les mères pas les gros mots, surtout qu'à chaque gros mot il y en a trente qui sautent en parachute avec un sac de pommes de terre. Et ça fait boum. Les gnomes en parachute, ils sont tellement légers qu'ils peuvent atterrir dans les bouses de vaches sans se faire mal. Les gendarmes aussi. Je parle des insectes.
  Docteur, depuis mes deux derniers messages j'ai le sentiment de revenir à un stade très centré sur le caca. Revenons à nos crottes de moutons. J'essaye de travailler avec ordre et organisation, ce qui est à peu de choses prêt la même chose, et depuis que j'ai décidé de ne plus me laisser happer que par la beauté et les impôts, je tente de revoir à la baisse mes exigences de succès pour me concentrer sur la réussite. Regardez cette petite lumière rouge, vous n'avez pas encore trouvé la véritable mission qui soit digne de vous et vous allez vous efforcer de vous extirper de cette machine pour vous mettre à manger de la bouillie dégueu avec des mecs qui sentent la sueur dans un vaisseau étroit. La vérité est ailleurs. La vérité est partout. 
  J'ai sorti la trentaine de livres dont vous êtes le héros de leur boite, je regarde avec avidité les images qui me faisaient peur à douze ans, je réfléchis toujours dans le désordre à ce que je vais faire dans la journée, combiner l'Odyssée avec un récit BD pour faire rire ? Raconter son Odyssée perso en expliquant que si j'ai raté mes études c'est parce que j'étais un héros depuis si longtemps ? L'atelier commence à peine à ressembler à l'image que je me faisais d'un atelier, bordélique et confus, froid et chaleureux. Oxymorien du tout. 
  Cette semaine qui s'avance me voit affamé de plans de travaux autour de : comment être drôle et bon et fun et branché et un peu naze en même temps sans se poser trop de questions. Mon Dieu, si tu existes, offres-moi un cerveau non névrotique à Noël, que je passerais certainement ailleurs qu'ici si jamais j'obtiens des billets pour la finale de championnat du monde d'affûtages de sapins d'un pays froid où l'on se saunarise en masse. Je suis obsédé par les cookies, avec des petites pépites australiennes qui volent en tourbillons sur le dessus des cheveux crépus.

lundi 19 octobre 2015

36.Rendez-vous à l'auberge du gras cochon.

  Aaah, cette auberge, combien de fois et dans combien de multivers ne nous y sommes-nous pas rencontrés. Attends, ne nous sommes-nous. Merde. Aaah, cette auberge. Où qu'on allait gaiement pour commencer l'aventure. Elle nous mettait du baume au cœur, et on y mangeait rarement du cochon. Lorsque l'on était tous attablés et prêt à écouter le vieil étranger mystérieux qui tousse avec sa capuche trop grande qui le rend encore plus mystérieux, on voyait une lumière s'éclairer derrière lui pour un power-point de l'aventure qui nous emballait aussi sec, juste avant que les gardes du roi viennent nous emprisonner pour qu'on puisse rencontrer dans la prison un vieil étranger encore plus mystérieux et plus malade que le précédent qui nous indiquait le plan d'évasion par le trou des égouts avant de mourir en bavant alors que le lendemain on était libérés pour erreur judiciaire, comme quoi il vaut mieux faire confiance au destin, mais pas toujours, c'est ce qui rend l'aventure si aventureuse. 
  J'ai noté plusieurs trucs avec des posts-it de couleur différentes. 1, le post-it bleu, Atelier Demi-Cachalot suite et fin, un livret une série de cartes qui résume en quelques phrases bien pesées la vie d'artiste à venir et à passé de tous les jours, on y trouvera du client relou aux rencontres merveilleuses, ça aidera à comprendre qu'il est bien de tabler sur les artistes bio et sans galeries parce que j'en ai pas trouvé une seule qui puisse me salarier en CDI. 2, le post-it jaune, tout ce que qui concerne le livre M2M, la grande série qui se décline en 1 seul épisode pour commencer, avec la pièce dedans. Sous post-it jaune, je pourrais aussi parler de cette envie de faire 4 pièces par an, selon les saisons nucléaires à venir. 3, post-it vert, se raconter son histoire personnelle de comment j'y arrive pour faire envie mieux que pitié comme le dicton dit. Et continuer de nettoyer les cabinets au vinaigre blanc. Après, la difficulté, c'est que je fais comme ça vient. Mais à force d'essayer d'en parler, peut-être j'arriverais à faire comme ça vient sans tenter d'expliquer, mais ce serait moins marrant.

samedi 17 octobre 2015

35.On va bien se narrer.

  Les semaines se poussent, comme des plantes. J'en ai une qui était à l'atelier et qui à la maison maintenant fait un peu la gueule, c'est Grégo qui me l'avait amenée pour un anniversaire tardif. Je t'avais pas dit mais je suis à la campagne, enfin, c'est pas parfait, mais y'a du soleil si tu vas le chercher chez les voisins en montant sur les petites marches en hiver. faudrait un poêle à bois. Je regarde toutes les petites histoires en jachère qui font des piles de livres à venir, merveilles. Je t'ai pas beaucoup donné de nouvelles simples, je m'amuse souvent à diverger. Et les vergers en fleurs sont si beaux au printemps. 
  L'aventure de mon existence est liée à la tienne, que tu pollues ou non. Je vis grâce à toi depuis toujours. J'arrive à déconnecter mon cerveau des problèmes (après les avoir traités un à un, of course) en laissant venir le grand vide, et je souris dans le camion. Le désir de monter une compagnie de spectacle est toujours aussi violent en moi, puissant, continu, organisé, planifié, je sais que ça m'arrivera, et si ça n'arrive pas, ce n'est pas grave, parce que je vais y arriver. N'étant pas le vieux sage à qui l'on vient demander conseils et histoires, restant le jeune sot sous son arbre mouillé dans la rosée du matin (les images varient, hier j'étais une femme du 13eme) je t'appelle encore et encore et encore. J'ai soif de savoir ce que tu deviens et si tu as une caméra.
  Pour mémoire, je te donne mon parcours en tentant d'être clair. J'ai commencé tôt à me déguiser, malle aux costumes. On venait faire le défilé dans la maison et les adultes étaient compatissants, bien que participant peu. Le pâtisson est un légume oublié qui a goût de je ne sais plus quoi au juste, mais la forme est marrante. Ensuite maman allait moins bien et le rire est parti faire un tour au bar, papa a voulu serrer la vis alors qu'il n'y en avait pas. Heureusement il y avait les fils du Dieu Noir, soirées pas mondaines de héros dans la maison pour tous. L'adolescence m'a vu me blinder contre toute forme de simplicité, croyant bien faire en me faisant excentrique, colère ou drôle ou les deux. Les familles d'amis se construisaient et déconstruisaient au gré du vent. 
  Arrivé en Aquitaine, j'ai réuni un maximum de monde, croyant que j'étais déjà prêt. Mais comment suivre quelqu'un qui ne s'aime pas vraiment, se livre si peu et mélange toutes les colères ? Planning planning planning. Amour gloire et beauté, désir choucroute et falafels ? Puis les serpentins me sont tombés dessus en quelques clics, j'ai compris que je n'étais pas seul à faire le bizarre. J'ai aperçu les levers de soleil de la vie qui clignotent en épisodes de Simpsons. Je me suis souvenu de tous les petites détails qui font qu'on peut se déclarer sa flamme en évitant de se brûler les doigts, et j'ai hérité de deux chats gentils et d'une femme qui est plus simple que moi pendant trois semaines par mois. 
  Je pense aux Deschiens, au théâtre du Soleil (ou de l'épée de bois), à tous les marionnettistes (TOUS), les bons et les mauvais, qui apportent du fil à notre retour des enfers. Et puis j'ai cessé de me dire que je pouvais réunir le monde en provoquant les rencontres. Je me suis mis à me polir comme un caillou, et penser à une stratégie du retour, un story-telling qui te permette de participer à mon stage sans préinscription. Nous allons nous revoir, à un moment donné, c'est sûr, un instant T, un temps X, ici ou là-bas, un petit souffle peut-être, je m'en moque. Serons-nous pas très à l'aise ou oui ? Ce sera simple et nous applaudirons. On se moquera des ceux qui ne croient pas à la résurrection des courges.

jeudi 15 octobre 2015

34.Minute papillon.

  L'extase, le cheminement lent doux. J'apprivoise mon mantra transgironde. Les poils dans la main sont devenus des cannes, c'est l'image qu'on veut me faire porter. Je porte. Des valises. Les malles sont pleines et les souvenirs nombreux. J'ai une énorme confiance dans la paresse. Car l'hiver est à nos quoi ? Portes, encore. L'envie de poulailler où, renard content, je fais des omelettes. Ma mère-grand me disait toujours ça, minute papillon, l'ivre d'heures que je devenu suis-je, se gausse de l'enfant impatient du gâteau. C'était elle l'impatiente. J'aimerais revivre tout avec conscience, et c'est ce que je tente, camping. Recréer, réparer. Pas d'envie particulières d'expositions, je sortirais de l'atelier les pieds devant, sur une couche portée par des divinités égypto-syriennes, les muses. Les neuf muses me flattent. 
  Je suis dans le sofa, et mollement les palmes donnent de l'air à mes yeux. Il est un grand chemin où se promener aide, c'est celui de l'absence de tracas. Je meurs trop. L'impression que cette mise à jour cérébrale met trop de temps. J'appuie sur aluner et je décolle. Mes deux merveilleux boulets de parents qui me sommèrent d'être autre chose queue même. Et puis les soirs d'automne en attendant les chats, qui gratouillent à trois heures pour squatter sur le lit. Aurélia me maudit car je me lève trop de la couche vissée, et c'est l'heure du marché.

mercredi 14 octobre 2015

33.Petites touches.

   Donc, l'Odyssée, que je lis en long en large et en travers, à pied à cheval et en voiture, en notant qu'à l'époque, la voiture était l'attelage, la carriole, le truc qui roule derrière. Donc l'Odyssée, est mon livre de cheval. Dans l'Odyssée, il y a un Ulysse qui s'appelle Odysseus en version originale, ce qui aurait fait doublon, on a préféré l'appeler Ulysse en français parce que c'est du latin et qu'il était fort, et quand on le voyait tracter des bûches on disait toujours ho hisse et il mettait de l'huile pour faire briller ses pectoraux sous les doigts roses du nouveau jour, qui est devenu Ulysse allez savoir pourquoi, il m'arrive de sentir dans le temps que l'écriture d'un blog est vaine, mais je reprends confiance en songeant à cette journée où je rencontre beaucoup de monde ancien qui me donne du nouveau et puis c'est aujourd'hui le jour pour les cartes horizontales et quelques mises à jour de bon aloi sur mon regaloebsite, histoire de montrer que peut-être je. En voiture Simone vient de plus loin qu'on se souvient (d'ailleurs de quelle Simone parlait-on ?, certainement pas de ma cousine, que je ne connais pas que je ne connais plus parce que j'ai oublié de garder le contact et réciproquement, que voulez-vous, l'absence de confiance en soi et l’ascenseur social qui est fracture, il faudrait trouver du liant à travers une simple carte, j'y reviens). En long, disais-je plus haut, car étendu de ton talent, et en large car, j'en mène pas mieux, je sais pas lire le grec. En travers pour finir, car ce sont les images qui m'intéressent, en doutions-nous ? Depuis un mois je planche sur des nouvelles cartes postales, des dessins en horizontal et en vertical, le portant des cartes fait en horizontal et en vertical. C'est des quarts de A4 et je me pose cent questions, comment choisir son sujet et faire des images que j'ai envie d'avoir sur mon frigo ou dans mes toilettes ? Comment m'y mettre vraiment sans me poser de questions ? Mais comment puis-je ? Oui comment ? Mon idéal serait de pouvoir créer une ligne de cartes, mais j'ai pas l'envie d'en poser partout car la gestion de stock n'est pas mon point fort. Que l'atelier Demi-Cachalot soit le seul endroit AU MONDE où l'on puisse se fournir en came Demi-Cachalot, voilà l'idée. Sniffer du requin, manger du poulpe. Je rêve d'espace et de collaborateurs dans un bureau comme dans les films américains, mais sans les américains. Ou alors un accordéon, des cartes en accordéon. Il est où mon diatonique ?

mardi 13 octobre 2015

32.Peintre à tout faire.

  En fait je n'ai pas 37 ans, j'en ai 35, car je rajeunis un peu plus chaque jour, comme Benjamin Bouton de manchette qui fut écrit en son temps par un vieux cintre d'Hollywood. Je me souviens souvent, ému, de cette époque bénie, étrange et pénétrante, qui fut mienne, où les fêtes improbables battaient leur plein avant la crise de 29, et je pleure comme une fontaine de Vegas, celle du Bellagio, avec le désert au loin qui nous rappelle que la beauté sans néons vaut bien un serpent à queue plate. J'exprime donc des choses et tente par mes méthodes de trouvaille d'avancer démasqué dans une optique à double tranchant. Peindre, écrire, dessiner, photographier, chanter. Pourtant, en vieillissant un peu, je sens que j'ai moins de désir pour la perfection (qui n'existe pas, comme chacun sait) et surtout pour la maîtrise de choses qui m'échappent. J'ai cru et on me fit croire, qu'il me serait possible, voire aisé, de mettre en page seul, tout en faisant publier sur des îles chinoises et devenir chef d'entreprise avec Spoke comme second et Mickey sur le tableau de bord qui gigote sur un ressort à mouvement perpétuel. Mais c'était peine perdue, la galaxie Klingon n'était pas sur la carte et nos ennemis lançaient des éclairs au chocolat dans leurs yeux humides et vaincus, tout en touillant leur milk avec la passion dodelinante d'une adolescente dans un bar où j'aurais mangé les mille francs de réserve que mon père m'avait laissé sur un compte en pensant que j’achèterais un cheval pour gagner aux courses. Mais les chevaux ne sont pas des bêtes, et il est préférable de ne pas les doper comme ces cyclistes belges qui marchent au vin rouge jusqu'en 1902. Après ça se complique. Le travail passe par mes mains et je dois garder confiance à 10h25. J'aime énormément Shakespeare, mais pas assez pour ne pas me dire que je vais faire mieux. Allez différent. C'est le lot des égos surdimensionnés de n'être pas modestes. Mais discret. Contradictoirement heureux de se savoir fringant et apte à mater sa bile en suçant un stylo. Cette mâtinée me verra sympathique d'enchanter quelques pages. La linéarité nous perdra.

lundi 12 octobre 2015

31.Michel Drucker

  Dans la vie, j'ai décidé de devenir Michel Drucker. Parce que j'ai 37 ans et que lui en a 73. Je serais décoré de la légion d'honneur de-ceux-qui-font-des-choses-à-quarante-ans, car j'aurais sauvé des vies dans mon émission télévisée, "Je sauve des vies", des gens appellent à la rescousse et c'est l'animateur qui les sauve. Et puis être un animateur connu, c'est être toutes les stars en même temps sans les inconvénients. Parce qu'on ne se fait pas bousculer dans la rue pour avoir un autographe sans réussir à faire comprendre à l'autre que c'est elle la star et que c'est à elle de signer, car nous sommes tous des Victor Lanoux en puissance. Et tout le monde de rentrer chez soi heureux, et il y a du potiron dans la cocotte et le pape François montre ses fesses culottées (donc vêtues, ne me faîtes pas hérétique avant que je m'apostasie) aux capitalistes, en chantant La Marseillaise à des supporteurs du PSG qui se sont trompés de fête. C'est beau la Nouvelle-Zélande. Bien sûr, en attendant, il n'est pas le besoin de me battre ma coulpe pour expliquer sans cesse combien il me serait utile à l'agréable qu'on me laisse en paix dans la petite chambre bleue du palais de l'Élysée, qui ne se trouve pas dans la rue de Rivoli (à côté du Louvre) mais bien à côté des champs, d'où le nom. Je m'étais dit que devenir Claude François, qui lui a tout appris (à Michel) ce serait fabuleux aussi, mais je n'ai pas le téléphone à la campagne, et même pas non plus Internet, ce qui est un handicap majeur quand on ne l'est plus. Alors je glande les marrons dans leurs bogues, je ramasse des figues et du raisin chez les voisins qui me regardent d'un drôle d'air, car les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux, et je tente de me laisser bercer par le dadouronron du bus qui mets entre 35 minutes et 45 secondes, ça dépend du conducteur. Moustache est teigneux, il accélère comme un con et quand arrivent les dos d'ânes, pouf, il ralentit sec et nos cœurs se serrent là-bas devant la maison, la voilà la blanche Hermine vive la mouette et l'ajonc. Mais je déconne à vous paumer dans des références bretonnes que ne comprendront que ceux qui ont la chance d'avoir le best of des chansons celtiques avec la fille rousse dessus qui a les grains de beauté au vent et les cheveux sur le nez, ou le contraire, regardant au loin passer la guerre avec un air de s'en moquer qui me ressemble, car l'envie de vivre est plus forte et le chemin jusqu'au bonheur n'est pas écrit dans un livre à la con de Jacques Salomé, qui aurait mieux fait d'écouter les Pogues avant d'essayer de nous bassiner la tronche avec l'art et la manière de se bien parler dans les asiles psychiatriques ou les centres des impôts pour se comprendre enfin et jouer à la vie avant que tout s'éteigne à Ikéa. J'ai moi aussi une famille humaine, et personne ne s'y comprend. Tout le monde croit se connaitre mais on ignore les soirées autour du feu à écouter le blaireau japper, blottis que nous fûmes dans nos sacs de couchage en téflon qui font radio en position couché et sous-marin en position superposée. Je m'en fous, je vais bien finir par l'écrire ce livre, et il plaira bien à celui qui le lira.