lundi 24 octobre 2022

100.Le point de départ de l’Univers.

   Je fais mon possible pour ne pas me répéter, la meilleure manière c'est encore de ne pas me relire, comme ça je suis sûr de ne pas me répéter, la meilleure manière c'est encore de ne pas me relire.
  Il y a de nombreuses théories sur le commencement de l'univers : faut-il manger la soupe de marrons (qui n'est rien d'autre qu'un velouté de châtaignes, parce que cuisiner du marron, merci bonsoir) ou finir le plat de riz basmati poivré avec les aubergines ? Je m'interroge pleinement au retour de chez moi, si je ronflais moins la nuit, je serais un homme heureux. Car ça nous réveille tous les deux, et je demande : "Hein quoi, qu'est-ce qui y'a ?, sans savoir que c'est mon ronflement qui m'a réveillé et l'autre à côté aussi. Les bouchons d'oreilles c'est pas pour les truites ! Ne pas oublier que c'est moi qui avais proposé l'achat d'un lit gigogne, à ne pas confondre avec le lit cigogne, qui est beaucoup moins confortable quand on a le vertige de l'amour, ho hoho.
  J'ai la douceur d'un nouveau bureau et d'un canapé futur possible, je l'ai vu qui me clignait de l’œil à la recyclerie de Montignac (Alabama) et là-bas on sait que l'argent ne va pas n'importe où même si la blonde pique dans la caisse, je l'ai vu faire et j'ai pas cafté, mais c'était tellement visible que peut-être c'était pour donner de la monnaie à celui qui fait la manche avec son accordéon qui ressemble quand même beaucoup à une guitare. Les recycleries, ça permet d'aider les modestes à l'être un peu moins, autant dire que quand j'y achète un truc je fais un bon geste, alors qu'à Emmaüs, c'est un peu loin de chez moi. Il y a des villes où on dit Ressourcerie, avec une majuscule, mais franchement je trouve que c'est trop technobranché pour mon niveau de bourgeoisie moderne. Et je roule en Renault faut pas déconner.
  Il y a les pistes multiples et les multiprises, à ne pas confondre, qui s'alignent en douceur sous le chapiteau de la vie. Avoir une nouvel emplacement de bureau openspace va me permettre de poser la résidence en vrai. La suite de la précédente mais avec un chien. Car si j'ose de toutes mes forces vives de la France, poser sur le papier les idées décollées de ma cervelle d'or, on connait la chanson, tout le monde se vante et au résultat, et bien mon cher monsieur Jourdain, n'est pas gentilhomme qui veut !
  Ce que je veux dire par là, car j'ai parfois du mal à me suivre, c'est que je n'aurais pas dû appuyer sur le petit pixel noir qui est devenu violet et que d'un petit trait c'est devenu une sorte de tâche en haut à droite de mon écran, et ça me perturbe. J'ai essayé divers logiciels qui clignotent et ça ne marche pas beaucoup à effacer les mini carrés.
  Je me demande vraiment pourquoi on cherche le moment du début de l'infini alors que c'est si grand qu'on devrait faire comme moi, se concentrer sur la théorie du "je montre et ça me fait avancer" contre celle du "je garde, et vous allez voir ce que vous allez voir parce que si je montre je vais me poser mille questions alors je préfère que ce soit fini pour en parler tant pis si on se moque de moi au self".
  Il s'agirait de se prendre en main vu mon âge avancé. La fin du monde c'est un peu tous les jours.
 
 

jeudi 20 octobre 2022

99.Le cornet à spirales.

   Chaque fois que je broie une soupe dans un mixer, je ne peux pas m'empêcher de penser aux Gremlins. Le film. Ce moment où la maman se lâche dans la maison et utilise tout ce qu'elle a sous le coude (manière de dire car c'est plutôt sous la main) pour buter les créatures qu'on avait dit qu'elles devaient pas être nourries après minuit. Le moment micro-ondes aussi est bien. Splatch le truc. Mais j'ai plus de micro-ondes. C'est dangereux pour les ovaires. Je ne sais pas si j'ai des ovaires, mais je me méfie. Depuis que j'ai Internet, je ne suis plus sûr de rien. Je suis du genre non binaire avec une fourche et une serfouette. Il faut bien biner les citrouilles avant que l'outil ne rouille, comme disait mon épouvantail et fines herbes. Pardon aux familles.
  Se faire une soupe à lassi trouille au mois d'octobre, je trouve ça plutôt collectif. J'avais pas trop prévu d'aller à la rivière (qui est basse, si basse) cet aprèm de hier, mais j'aurais pu. Yaourt est longue, allongeons la jambe. Relaxé (et c'est justice) dans un hamac confort aux mousquetons glorieux, au mitan du fil de l'eau des hérons, laissant flotter bras et cheveux en long sous le ciel chaud dans le vent doux de l'été indien d'Amérique du Nord. 
  Je vous avais dit que je vivais au Saskatchewan ? 
  C'est un pays de verdure où chantent les rivières tout ça. Bigfoot n'est pas très intéressé par la future coupe du monde. Taillée ras, version mulet sur le Klondike ahanant sous les pioches. L'or se fait rare pour les travailleurs oubliés des stades fluctuants des mauvais Djinns de l'essence. T'es laid sphérique quand les sapins sont secs. 
  La situation est très préoccupable, va t-il falloir s'adapter ? Je n'avais pas trop prévu de vivre dans un bunker ou dans une société de batailles permanentes de PQ en caddies. Cependant, car je suis prévoyant, je réfléchis. J'ai la pâte avertie en paquets d'un kilo.
  Je mange parfois après minuit, avec du râpé, et il ne se passe pas grand chose.
  Je vois défiler la molette des informations astrophysiciennes sur le multiple du multivers intersidéral qui à chaque nouvelle photo du gossipeur des sphères (James Webb, le paparazzi interstellaire), repousse les limites du possible multiplié de l'assurance chômage, loin. Des milliards et des milliards qu'on nous dit. Il n'y a pas d'espace magique.
  Créer des trucs, c'est s'adapter à l'univers qui t'entoure comme une écharpe d'étoiles. On dirait du RécréA2. C'est aussi comprendre le vide du dedans de soi qu'on remplit avec une tasse de soupe. Feuilles de radis, patates, carotte (c'était une grosse carotte). Créer, inventer, laisser venir et avoir la colique après. J'aurais dû mieux trier les feuilles.
  Pour laisser venir, il me faut du temps et de l'espace. Du temps de rien où il n'y a rien à faire. Il faut un mois et demi pour déclencher le processus. C'est bêta que je doive rentrer chez le chien. 
  C'est la loi impossible entre la valeur travail et la création du tri. Choisir le sujet, développer, pondre, faire côtcôt fort, se masser le cul. J'ai du temps devant moi et je peux laisser le cerveau trier les fiches sans bouger les pouces. Quand vous entendrez la cloche faire ding, il sera temps de tourner la page.
  En laissant faire, j'avance plus vite, mais après.
  Les moments parfaits quand tout s'éclaire, c'est facile, même qu'on se moque d'être mal assis mais j'aurais dû prendre mon gros fauteuil rembourré faux cuir à roulettes qui perd ses petites paillettes noires de dessous et dont la molette à remonter/descendre peine un peu.
  J'ai déjà parlé de ça cent cinquante fois dans cent cinquante messages, même si ce n'est que le 99eme, le subtil équilibre entre le moment où on a un truc à s'auto-rendre et l'envie de laisser flotter les nuages dans une tasse avec une fleur jolie qui s'ouvre on en croit pas ses oreilles.
  Je mange des images, des écrans, des séries, des sous-titres, des recettes. Je lis (à remplir) par jour tout ce qui me passe sous les yeux que ça clignote ou pas et je pleure un peu et vrombit des paupières. Je regarde aussi beaucoup les oiseaux qui cherchent dans les pierres une petite niche pour passer l'hiver au sec (à moins qu'ils ne bouffent des araignées je sais pas). 
  La détente des idées en moi vient avec une certaine saturation de rien et un certain flottement de tout. C'est pas méchant, mais faut comprendre (?).
  Je sais que ça va venir, j'ai des sommes qui le prouvent.
  Où j'ai lu la phrase du mec qui dit, tu peux passer huit heures devant un écran avec une page blanche, et tu produis rien, et ça s'appelle quand même écrire ?
  Les grandes enjambées du marcheur du vent se sont ce matin levées avec la brume, et du haut de mon chalet du Canada Dordognot où l'on entend tirer par rafales sur les gibiers qu'on nomme gibiers mais qui s'appellent autre chose entre eux et qui doivent faire des tas dans le congélateur, je ressens les fragments du Grand Esprit appelant les ancêtres Tchipewyans à hurler au sacrifice de la prochaine bière américaine qui, une fois bue, aidera à réveiller les guerriers parés de peintures à mains bleues, narrant l'étendue de la grande prairie où se déroule le papyrus de ton inspiration maudite. Avec deux boules.
 

jeudi 13 octobre 2022

98.Un blog de charme.

  Une résidence s'achève, une autre s'éveille. J'ai bien rigolé. Cela faisait quelques temps que je zonais dans une maison sans vie. Enfin sans autre vie que la mienne, et j'ai aimé ça. Il faudrait que je recommence plus souvent. Il s'agit de se laisser faire lorsque cela survient.
  J'ai pu focuser un peu le point sur mon parcours, si seulement on pouvait appeler ça un parcours. Mon grand âge me donne le privilège de donner maintenant des conseils aux jeunes sur Ulysse 31. Comment il a perdu ses copains qui sont montés au ciel (mais qui redescendront à la fin) et comment il a maravé les Dieux avec son pistolaser et son Nono le robot qui chante boitaclou déguisé en geisha dans une soirée karaoké d'une boite de dryades locales. Je m'égare. Les jeunes nés en 2000 ne comprendront pas. Mes amis ne sont pas assez étendus de toute façon. C'est souvent une histoire de matelas inconfortable.
  Il me fallait ce temps, il m'en faudra d'autres, pour poser les idées et trier en faisant le même bruit qu'une disquette sur un Amstrad CPC6128 plus, en plein chargement de Lost in Time ou Captain Blood ou Sorcery plus aussi, tout ça et si loin je ne sais pas je ne sais plus.
  Après les Amstrad, je n'ai jamais acheté de console de jeu. Je n'ai pas non plus trop souvenir d'en avoir partagé. J'étais plus week-end jeux de rôles café clopes. D'ailleurs au dos des magazines de jdr, on mettait des publicités pour des mentholés. et ça on ne le verrait plus aujourd'hui. 
  Ce soir la nostalgie ma bite. J'ai grand désir de retour en arrière en mieux dans le futur. C'est l'effet résidence, les souvenirs affluent, les regrets éternels de ne pas avoir inventé le fusil de chasse à canon inversé, ou la bicyclette toute terrain increvable, aux roues en peau de raie confort optimum, selle rembourrée en panda, munie de lance-fléchettes intégrées au bout qui pique au foudroyant venin radical socialiste pour riposter aux tribus d'extrême-droite en cagoules de jaguars d'une Amazonie désertique dévastée par la bêtise, les tractopelles et les magasins d'ameublement non éthiques, privilégiant le fléchage au sol pour éviter qu'on regarde par les velux en plastique le ciel pourtant si beau en ce mois frais d'amour où chatoient les couleurs dans des tourbillons de couleurs. 
  J'aurais pu dire empoissonnées mais il y a des limites quand on ne sait même pas faire la différence entre un étang et un lac. 
  J'ai beaucoup réfléchi à ma niche. Pas parce que ma copine, ou supposée telle jusqu'à preuve du contraire, a adopté un petit chien, qui est une petite chiotte, n'ayons pas peur des mots. Je m'exclue.
  J'ai beaucoup réfléchi à ma niche, à ce que je dois faire pour être dans le coup, dans le in, dans la dédicace, dans le mouvement d'ambiance, dans le jus, dans le sac, dans le complet veston qui sied, dans l'abdominal j'en rajoute, dans la caisse sciée en deux, dans le mode qui est à côté et la mode qui est en dedans, indémodable et fier, comme un slip coloré sympathique et gai dans lequel on se pavane car il est beau, vous rend beau, fait de vous un autre mâle qui n'a plus besoin de prouver à quiconque que la parade léopard grande roue léon est votre domaine d'hébergement gratuit.
  Je n'ai pas trouvé. Je me réponds en écho, comme d'habitude cluster one, que le réseau social sera pour quelqu'un d'autre. Que parler à des autruis que je ne connais guère me rend toujours aussi stressé que des autruis que je connais déjà, et que même si ça passe car la journée est grande, tant que je n'ai pas encore pondu la pièce qui me rendra enfin paresseux, celle sur laquelle je lance des piques à mon timing pour me dire si oui ou non cette résidence a t-elle été utile, car productive, et la productivité c'est la vie même, alors, alors, alors, alors quoi ?
   Faire des nouilles au poivre avec des concombres sauce verte, voilà le secret du monde.

mercredi 12 octobre 2022

97.Un gentiment de pleine étude.

   Lire, écrire éconduire. Bercer la terre plutôt que la percer. Remettre en cause le soc de l'acharne rue. Déposer des baisers sur les mottes, sur les marottes et sur les lacs. Sentir les particules s'affiner au contact des instants célestes et Babar. Bouillir de dedans jusqu'à ce que, chaudron de perles, tu ressentes l'évaporisation de ton âme qui lâche les croûtes marrons de la traversée des égouts en période de guerre pour échapper à l'ennemi. Nous sommes venus de loin pour fuir la mort et on ne sent pas bon.
  J'ai brouillé les pistes et les œufs, purifié mon corps malingre dans une source avec cascade fraîche sur la tête qui fait pffffrrrrbllllll et puis et puis. Et puis quoi ?
  J'envisage enfin l'avenir au présent. Avec des trucs qui volent pour me distraire quand la fenêtre est ouverte (gloire aux insectes et aux quads bruyants convoyeurs de boue) et un peu de brocolis cuit dans la casserole ce matin. Penser au riz et aux carottes.
  Il me faut des images avec des chapeaux champignons rouges, comme Yok-Yok, car je ne peux me détacher de ce petit bonhomme animé de Délessert, Étienne, ce grand illustre illustrateur Suisse qui est parti loin loin et a pourfendu les plus beaux sujets du monde du New-Yorker au Siné mensuel en passant par plein de livres jeunesse. J'ai mes références que je peux.
  Je me sens à un début de débat de tout, tout à fait moderne et neuf et pollinisé. J'ai perdu des tas d'occasions de me terrer, et je relance les abdominaux à moitié écroulé de rire dans le fauteuil d'en face. La rouscaille. La rouscaille du dedans mental. Le temps du tempo de réveiller les liaisons. Entre mes petits trucs électriques éclectiques dans la boite qui crâne. Sleepy au low.
  Je mets toujours un temps flou âme rêve et yeah. Et je pourrais répondre à vos questions sans une once de café, laissez-moi juste me poser devant mon petit bureau jaune attire-loirs et activer le flux venir lentement. J'ai tant de choses à laisser venir dans une paix relative. Tant de petites bulles de pièces et de lumineuses éclatantes idées qui bousculent mon orgie de silence. Je me remets toujours à l'ordre. Ma façon est délicate.
  J'aimerais se comprendre, pousser le bouchon de champagne dans l'année lumière qui vient, qui est déjà là, qui ne fait que passer. J'aimerais du fond du portefeuille sentir la douceur envahir nos doigts et nos actes, en acceptant le lent réveil de chacun de nous, grains divers ou plantes, fromage ou poire, raquettes ou bottes. 
  L'automne est un merveilleux moment de couleurs de feuille. Et chaque matin mon réveil est un coup de fusil.


samedi 18 juin 2022

96.Le fanzinat participatif.

  Pourquoi être passé par de multiples temps de recherche plutôt que publier en jalons ? Pourquoi ne pas avoir été apte à gober et digérer les mots du dehors pour les poser en mousses sur des feuilles d'or qui volent au vent ?
  Papiers d'idées accrochés sur corde à linge sous laquelle on s'étale pour tenter d'y voir clair quand le vent n'est pas là.
  Les pourquoi me donnent le vertige, ils sont l'étendue de nuages musicaux de mes vols planés en delta. Le protocole delta, ça clique bien, non ? J'ai plaisir à prendre compte de ce qui m'entoure, et de ce que j'ai profusionnément produit pour le détourner, le mentir, le mystifier et sans s'y attacher, le réinventer pour le raccorder au présent qui vient. Ce qui m'entoure étant des productions de notes qui ont émaillé mes désirs de réussite dans ma branche d'inventeur de concepts, récits, jardins suspendus ou installations spectaculaires sur papier A4.
  C'est un peu une planche de surf ou un paddle sur laquelle/lequel j'aurais  gravé et dessiné une ligne avec les éléments et événement clefs de ce jeu de vie limpidoptère de papillon bourré au surplus de pollen.
  Bifurcations arborescentes, retour à la page 1, j'aurais peaufiné le mode d'emploi du tracé en créant un carnet pour la route. Rendu de résidence accessible et clair, les numéros un par un, les petits épisodes qui me semblent importants, les coups de gueules, les trucs mal gérés, les esquivements, les boulettes mâchées qui collent au plafond.
  Puis, enfin, après avoir choisi la couverture qui va bien, la couleur qui m'encre sympathique, je l'aurais glissé discrètement dans le défilé sobre de la page 1 du site Internet où j'ai calé mes bidules, et je n'aurais rien dit à personne. 
  Je serais resté le mec qui peint, ou le mec qui dessine, où le mec qui fout pas grand chose depuis trois ans mais qui lit beaucoup, il paraît. 
  Et la mise à l'eau aurait été un soir de lune noire, glissante, froufroutante, pleine de poules d'eau et de canard masqués, sans effets de manche, avec des renards blancs et des sangliers bleus qui boivent sans crainte et sont pas gênés par le plouf.
  J'ai souvent aimé l'idée de l'exposition et la photographie de celle-ci plutôt que la visite guidée. Bien sûr, pour vendre, c'est moins pratique, mais. Mais on peut toujours faire un fanzine qui raconte des mensonges et donne à voir en un peu flou des photos noires et blanches d'un événement fabuleux que vous avez manqué, avec la présence d'un illustre ou deux capables de mentir sous la tortue pour vous. Des histoires de choses passées qu'on imagine que c'était bien et qu'on aurait aimé être là. L'important c'est que ça reste créatif.

vendredi 17 juin 2022

95.Ailleurs dans un endroit pareil.

   L'idée est désormainavant, de pousser le bouchon de champagne tout autour du bassin. Si possible avec une perche.
  J'ai passablement grillé mon temps vital dans une éhontée recherche de bien-être incluant l'arrêt du tabac, le sauvetage de ma prostate et l'envahissement d'un pays limitrophe au mien qu'on nomme Réalité des gens.
  J'en croise souvent, et j'en ai croisé, des ferrailleurs de la vie réelle qui n'ont nulle crainte à racler les fonds de tiroirs avec leur chalut pour la France. Je me suis senti davantage dauphinois. Esquivant les filets, interprétant mal les mâles et les signes, ceux qui clignotent libéraux et capitaux et te font des appels de quoi ? Des appels du 18 juin, en trompette, en tambour, en tam-tam, en totale adéquation avec un éducatif précis qui m’échappât tant que je me sentis échappaté du zoo sous les ruissellements d'arachides.
  Les yeux affolés devant la machine broyeuse de sève, freezé, immobile, plein de doute sur les prothèses à porter à la prochaine défilade sur podium, dans un palais vaporisé de gouttes mentholées et suaves, au milieu des biches, déguisé en mammouth.
  Il m'apparaît que donc, j'ai pas de côté à peaufiner sans cesse, faire un plan internal, intégrer le bitume, manger de la terre. 
  Je conduis. Depuis peu certes, mais je conduis. Je me laisse conduire. Depuis peu, certes, mais je me laisse conduire. Je pousse ma boule sur le mini-golf, cherchant d'abord les réponses aux solutions plutôt que la critique inconstructible, le bon angle pour entrer dans le trou du lapin. J'invente des mots, des concepts, j'ai beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup d'idées, à trier souvent, et à retenir pour ne pas se laisse happer par le puits des histoires perdues. Et à diffuser en colis. Et à réaliser, un peu quand même.
  Cette multiple inventivité pouvait (peut encore) m'empêcher de prendre un contrat de guide touristique pour faire visiter la fameuse grotte du sorcier érectile, bandé sur son arbalète à corne, mais moins. J'ai plusieurs projets propices qui fleurissent en mon bouquet des poires. 
  Pour commencer, celui fin, de prendre appui sur mes acquis pas facilement (fat cillement) ou faucillement, sans marteau, jeté d'un chêne emblématique où mes cabrioles de barbu sans bure, celui qui professe les BéABa du contemporain, puisse creuser son sillon vynilé dans une congrégation connue aux langages fleuris, où j'espère encore avoir une place rafraichissante de tranche de pâté qui clignote. Même si, sans diplôme, je sais déjà que malgré les apparences trompeuses, j'en fais déjà depuis longtemps parti. Vous voulez mon numéro de sirène ?
  Le ventilateur vrombit sur la serviette humide, vieille technique de brumisation d'atmosphère lourde. Je positionne mes étoiles phospho émoussées sur un tissu noir de satin prêt à se ceindre, et monte, pas à pas en chaussons des scalades (peau de mouton retournée, agrémentée de nanoparticules adhérentes à l'association des murs et falaises du Dordognot habile) au balcon de l'impératrice nymphomane tyrannette des mâts, qui ne dort que d'un œil et le bon, rêvant d'asservissements multiples dans une position dominante que beaucoup craignent. Mort à la félonne !
 J'aspire une goulée de rosée frileuse, je saisis le lierre à pleins poumons, et CHHHHKRRRACKCHHH déchire en une fois mon pantalon noir sur une épine incongrue posée entre deux lianes. Un assassin cul à l'air est-il crédible ? Pas le temps pour le pressing ou la cousette de mon cœur de la rue d'en bas, je monte à poil.

vendredi 10 juin 2022

94.Cirage.

   Je suis le terrain à vendre. Je suis doué. J'ai toujours été doué. D'apparence lent et pourtant éclairé d'en dedans. La nuit ça brille par les oreilles. Il y a du monde dans mon cerveau. Une simple ampoule qui pend du plafond sous les cheveux, et une table modeste avec plusieurs sortes de cartes dessus, routières, de collection Panini, précises bleues et bosses, de tarot cucul, de tarot Marseille, au trésor, à jouer. Quelques chaises en bois, comme celles des bars de campagne qu'on se jette à la figure pour faire bataille de chaises quand on est pas d'accord. C'est viril la campagne. On avait bien pensé à les clouer au sol, mais c'est pas pratique pour passer le balai.
  J'ai traversé de nombreuses capacités à travers mes vies variées, et je n'ai pas retenu l'une d'elle comme phare à suivre. Tout ça c'est l'éducation. J'ai admis que mon éducation était vraiment ratée. Qu'ils ont tout fait pour que je me plante. Ne pas donner confiance à ses enfants fait se demander aux enfants pourquoi ils n'ont pas confiance en eux. Ces nuits à tourner, impossible de plaire.
  Et puis il y eut la lumière d'un voyage, le temps qu'il faut pour déplacer ses yeux. Et les difficultés encore, ne pas être accompagné dans les questions naturelles, ne pas être encouragé. Et se demander à ces âges là, que faire pour qu'on m'écoute, ne sachant pas partager la place, car on ne savait pas la prendre.
  Je suis heureux d'être jeune. De sentir le vent dans l'herbe et les pieds avec, de déplacer des montagnes avec des morceaux d'esprit, de regarder les moutons au loin et me dire que la plupart vont finir au supermarché. Les forêts sont sèches et le chat n'en fait qu'à sa tête, il me ramène une souris pour me dire merci chaque jour. Je n'en mange pas mais il insiste. Où vont les âmes des agneaux sinon dans les cumulo-nimbus ?
 J'ai la vie devant moi, j'ai la vie derrière moi, j'ai la vie tout autour de moi. J'ai le moi en vie et je n'y attache pas beaucoup d'intérêt. Se défendre quand on est si doué, pourquoi faire ? Trouver sa place ? Donner à voir ? Enseigner ce qu'on sait à des gens qui croient savoir ?
  Le bout de la route est semée d'autant d'embûches que le début, et au milieu c'est marée haute. Par quel morceau de vie puis-je définir que les morceaux de vie sont aussi importants que la somme. Est-ce que ça s'arrête vraiment après, et avant, est-ce que ça n'avait pas déjà commencé au moment où on y était pas, est ce que je vais aller à Plazac acheter du pain du tofu et des dattes ?
 Le jardin bien sûr, avec ses allées propres et quelques autres chaotiques/evil pour l'équilibre, des statues armées qui t'attendent au détour d'un buisson pour livrer un combat sans merci bonsoir, sauf si tu as une bouteille de gnôle qui ronge le mica et rend les haches en silex inutilisables après cinq lavages. On me donne un billet pour la semaine pour m'acheter mon tabac et une ou deux bières, une place de cinéma et un magazine, mais pas plus. Et tu travailles bien, hein ?
  J'ai pas réussi à être la fille modèle qu'on attendait dans sa cuisine, souriant devant les fourneaux et chantonnant l'amour. J'ai fait autrement. Je suis devenu doué.

dimanche 5 juin 2022

93.Frankenstein et Hugo sont dans un bateau.

  Je crois que c'est ça, je veux plus les gens durs, ni les œufs. Je préfère mollet. Ou poché. Et ça va pas être simple. On doit composer en général, ruser au milieu des louves. Je cherchais l'expression pour parler d'une Véronique ou d'une demi-Véronique, la passe que le torero fait si majestueusement avant de tuer à un moment ou à un autre, le taureau solaire dégoulinant de plasma dans un combat très loyal tellement, qu'on a envie de s'abstraire et laisser venir les traits, dessiner tranquille avec sa plume qui fait crrr crrr dans le papier à gros grain, et on fait de l’œil à la dame au chapeau en escaliers, ridicule à frous-frous de napperons crépons, qui aimerait bien les deux oreilles du Manolito entre ses longues jambes de Lamborghina. Et à la fin y meurt.
  J'aurais aimé aimer le sang, le meurtre criminologiste à tendance cerbère de la porte, la violence gratuite au guichet 24 à prendre de loin avec des pincettes pour éviter le champ d'orties radioactives carnivores, en me demandant avec rage et joie qui va crever en premier ou aller se faire refaire les cartilages et finir en fauteuil roulant dans un film suédois ou superman sert des frites, mais bon, j'ai préféré tarlouze.
  Si je mate moults films de supers, enfin pas tant, surtout les français et les ratés, parce que j'aime les ratés, le soufflé qui tombe m'inspire. Si je mate, ah j'en sors pas, mater c'est soumettre. Comment expliquer. Je suis pas une chochotte. J'ai été undergound avant vous monsieur. J'ai habité la rue.
  Le rhume m'atterre, après la journée magique, comme si il fallait payer la joie, destin maudit. J'aurais dû m'en douter, j'ai poussé trop, again, les nuits sont courtes.
  Où j'en donc ? Oui.
  J'ai pas su dire.
  J'ai pas su me défendre et grogner. J'ai lâché l'affaire. Je trouvai que c'était perdu d'avance. Pas que je perde. mais il n'y avait rien à faire, rien à expliquer. Multiples personnes pensent que c'est normal d'être mal accueilli : "On est pas à l'hôtel !". Mais j'observais. Nous ne sommes pas tous accueillis pareil. Il y a des gens qui sont accueillis princiers et toi tu regardes, on vous a laissé la chambre du fond, celle avec la fenêtre avec le petit vent froid et une bassine ébréchée qui fuit pour vos moments intimes. Des autres plus sincères capables de te laisser leur king-size même que t'as pas besoin de demander, ont traversé des vallées de sel et connaissent le goût de la cascade de mousseux au citron sur les mezzos betterave/avocat du Pérou. Avec un peu de vert amazonien low-cost ci et là.
  Je repense au trajet. La campagne ça vous gagne, la Dordogne ça vous cogne. Je résilie mon abonnement avec la connerie, avez-vous reçu le code à six chiffres sur votre téléphone ? Merci de cliquer sur les feux (rouges) de signalisation canadiens et les bus (jaunes) scolaires des états capitalistes libres armés. 
  Je secoue les poils sur les couvertures. ma manie de refaire le lit, bien que la mue commence à être plutôt bonne et que mes chats ont pris le raccourci du poil. J'aime les draps frais. J'aime quand c'est bien tiré. On le fait pas assez souvent. (Penser à envoyer une grande frise à Xavier).
  J'ai pas su me défendre contre le virus. Bec et ongles et serres et pinces. Imposer ma place forte. Refuser l'offre alléchante. Je n'arrivai pas à projeter le podium des crottes. Le mammouth a gagné. J'avais trop de choses à régler sous mes doigts agiles, ondulant du pinceau en lignes fines. 
  J'ai subi subito alors que tarter et dire flûte eut été de bon aloi, sauf sur un ministre c'est dangereux. Il est bon, dans les chemins vers la forêt invisible, de se donner un ordre de priorités. Hache briquet couscoussière, lentilles demain.
  Aussi quand tu me cries dessus pour rien parce que j'ai gobé aux mouches, je ne sais pas quoi faire sinon partir chercher un pomme d'Api dessiné par Nicole Claveloux que j'aimerais toujours. Parce que Okapi c'est la vie et Claveloux a du style.
   Comment organiser sa défense contre les lacrymonieux ? Comment expliquer que tout ça n'est pas important, que le combat se gagne en laissant lentement les parkings se faire. C'est quoi le plus important ?
  Guérir du rhume, laisser passer la chaleur, boire une soupe aux fanes d'un truc rose à feuilles vertes et pommes de terre, tu mixes, tu bois, tu grooves. Boire boire boire, passer sa journée à boire. Je comptabilise que c'est le 4ème rhume à m'atterrer depuis pas longtemps. Je pousse des pieds en radicelles. Je souhaite du plus fort chasser cette toux qui descend. Si expérimenter la maladie était la partie nécessaire, j'ai pris large, j'ai l'expérience. L'agonie me guette t-elle ? Finirais-je inconnu sans avoir donné mon livre à lire à Nicole (pas la Claveloux, une autre, qui trolle et taillade la golmotte dans les pinèdes du prélandais), ma bédé à Christophe, mon expo au Pompidou ?
  Mais ça va passer. Je transporte le chaud. Comment enlever le mal en soi. Redevenir cr-humble. Sucre et miel. Petit pépin qu'on ôte au couteau vagabond et qu'on donne aux fourmis. Voyageur des galeries minuscules.

jeudi 2 juin 2022

92.Mise en plis.

  J'ai mis des années à comprendre et accepter qu'il existait en ce bas monde des gros fils de putes. Notons que je n'ai rien contre les putes, encore moins contre leurs fils, et encore moins contre les gros. C'est une expression galvaudée qui dénote une certaine véhémence vis-à-vis des personnes aux caractères malencontreux.
  Je tente de remettre à plat mon existence pleine de larmes à l’œil droit, avec du sérum phy ça passe, et je ne souhaite plus me donner de fausses excuses sur la tolérance aux enculés. Notons ici aussi que je n'ai rien contre les enculés, moi-même j'en ai, non. Mais tout de même, cela ne doit pas aller contre les pratiques des personnes du même sexe (et pas que me dit-on dans l'oreillette) qui pendant les croisades il faisait chaud tout ça.
  Car j'appelle tolérance quand on se laisse insulter en petites touches pendant des millénaires de dizaines d'années et qu'on ne réagit pas trop toujours au bon moment. C'est peut-être le réalignement des énergies qui me fait dire des grossièretés que l'on me reprochait enfant car tout de même Jean-Martial, tu as fait rire le public mais dire des gros mots c'est mal. Et je repartais en rangeant mon texte dans mon cahier du même nom et j'allais prier un peu contre les genoux d'un prêtre réconfortant.
  Je suis un peu fâché contre les gros connards, j'ai été une victime facile et de choix, mon père avait bien labouré le terrain en me prenant tant de fois de haut, et je me suis laissé happer par leurs commentaires chiasseux. Car j'ai le défaut de dire des bêtises et de poser des questions ou des affirmations d'apparence naïves, alors que je ne suis pas sot, des encouragements à l'hypothèse. Face à l'hypothèse, l'homme (ou la femme) de bonne composition, ne cherche pas à dominer ou détruire en étalant sa science et en jugeant le misérable qui n'a rien compris à ses yeux, et franchement quelle question minable, vous êtes une sous-merde de simplement ne pas avoir réfléchi avant d'exprimer votre point de vue crasse. L'homme (ou la femme) de bonne composition, va répondre simplement et par cette réponse simple, directe connectée à la question ou l'affirmation, sans jugement hâtif, avec un étonnement non-feint d'être en vie avec vous sur cette incertaine planète lancée dans un univers si grand qu'on en oublierait que les législatives sont plus importantes que les présidentielles, va décolorer la conversation et lancer une piste d’atterrissage d'intelligence commune pour ensemble converser et s'élever l'un l'autre vers les collines de l'amour du savoir.
  Le fils de pute ne va pas faire de concessions, il sait et a déjà un point de vue, il casse, détruit, piétine, et prend de haut. Et quand la victime est à terre, il raconte autour de lui (ou d'elle) que le vermisseau qui lui a adressé la parole, n'est qu'une bouse, et qu'en plus c'est de sa faute si lui se comporte de cette façon. C'est pour son bien.
  Avec le temps, j'ai rencontré des gens plus simples. Je me suis éloigné des fils de putes. Je sais que ces derniers savaient bien manipuler les mots et les points de vues, et que sans doute avaient-ils brodés une belle histoire où j'avais le mauvais rôle et où c'était à cause de moi que nous nous étions éloignés, ne remettant jamais en question leur caractère de merde qui me poussait dans mes retranchements et donc dans des erreurs sur lesquelles on pouvait s'appuyer pour m'humilier mieux et me montrer combien je fautais.
  J'ai appris aussi qu'il ne servait à rien de leur parler de nouveau, qu'ils ne changeaient pas et semaient la désolation encore et encore sur des victimes désignées qui un jour peut-être, à leur tour prendraient leur envol vers des gens plus sains, aimants et amicaux, qui discutent sans juger et aiment sans dominer, qui ont compris le partage, le rire, la complicité amusante des sonneurs qui partent en courant avant qu'on ouvre.
  Aussi parfois, lorsque vient mon tour de clown de faire avec conscience de l'instant du spectacle pour de rire, la victime naïve qu'on humilie avec joie, je garde sous mon air d'angelot une on deux remarques assassines qui vont dégonfler un instant mon tortionnaire brutal de jeu pour de faux, histoire de dire au public, on peut se défendre, hein, on a droit. Et si ça suffit pas, j'ai un bâton.

mercredi 25 mai 2022

91.Hauteur d'exigence.

  Maintenant que la malédiction du paragraphe semble terminée (je crois qu'il faut appuyer sur Normale au lieu de Paragraphe dans la troisième option en haut du texte quand tu écris ton article), attends, j'ai un chat noir qui vient de s'installer sur mes genoux, quoique ce ne soit pas vraiment sur mes genoux, plutôt sur mes cuisses, parce que s'installer sur les genoux de quelqu'un, c'est un peu difficile.
  Où en étais-je ?  Qui êtes-vous ? Pourquoi ce blog ?
  La magie nécessite un entraînement quotidien, pratiquer ses tours plus souvent qu'à son. L'enthousiasme (y'avait longtemps que je l'avais pas mis celui-là), s'il fait partie du processus, demande une rigueur toute concentrée qui lie fébrilité joyeuse et connerie pratique. Je pourrais pas développer là. Les enfants entre 9 et 12 ans comprennent bien. Je vais devoir reprendre des ateliers dessins et scénettes marionnettiques pour m'en assurer, la modernité m'échappe.
  Je fais partie des gens, parfois c'est vrai et veuillez accepter mes apologies, qui ont grand besoin de confort pour efficaciter le moment présent. Pour me comprendre, il faut comprendre d'où je viens, c'est éducatif. On m'a demandé longtemps beaucoup, sans vraiment me dire quoi, d'être plus. Sage, propre, grand, performant, habile, intelligent, fort, bosseur et j'en passe. Comme si tout dans ce monde social allait de soi. Progresser, gagner son beurre, en faire, tartiner son prochain et glisser jusqu'au plat de nouilles sans faire le piment. C'était assez pas possible de faire partie du plat. Je préfère le gruyère.
  Il y avait pas mal d'ambitions cachées dans les regards furtifs des salariés et gagneurs promiscuitants, et quand on doit, comme moi, se concentrer fort, très, rien que pour tenir le fil de tout, je vous dis pas la cacade si en face on te dit tu fais pas bien dans l'ordre. Je fais bien dans l'ordre, seulement je peux pas expliquer. Et je suis pas plus fou que toi, je sais juste que dans mon esprit, ça marche si je suis le protocole. Je peux m'assouplir, je sais m'assouplir, mais si vient le moment où tu critiques, cries et demande plus rapide, ça marche plus, ça connecte plus, ça bugue.
  Avec l'âge, l'expérience et le boulgour, ça bugue un poil moins, ça gratte plus trop, je change de pièce pour respirer. C'est mieux. Je peux revenir déguisé en plante verte.
  Je pars maintenant du principe que si je fais pas du mal à autrui ou à moi-même, si je fais dans l'ordre/désordre, c'est ma façon, ça doit fonctionner, et même que si en plus t'es sympa je peux faire avec meilleur. Il y a une logique interne. J'ai plusieurs coups d'avance dans la tête, même si il m'a fallu déjà 14 ans et moins pour cartographier l'univers du récit où ça part dans tous les sens en apparence mais en fait ça retombe sur ses deux pieds dans le pédiluve massant aux odeurs suaves et alguées de la côte Est de la mer Caspienne. Parce que casse pienne. Bon.
  Quand j'écrivais des pièces, souvent j'avais une scène en tête, la plupart du temps assez bête, qui guidait le récit et m'amenait jusqu'à elle, la quintéscène, quoi, qui prise à part dans le Lagarde et Michard ne valait pas grand chose. Mais si tu lisais la pièce depuis le début, tu comprenais tout et cette scène clef devenait super vachement plus drôle (c'était souvent des comédies) parce que tous les moments un peu lents où t'avais pas compris pourquoi l'auteur voulait aller où, et t'étais prêt à appeler le canard enchaîné pour qu'il le descende en flèche, te revenaient à la figure et tu appréhendais super mieux la scène, et c'était pluss drôle, et tu te sentais intelligent et moi aussi tant mieux. Après c'était pareil avec les acteurs, d'abord ils me prenaient pour un débile autocrâte, et s'ils restaient amicaux assez longtemps après la représentation jouée (ou bienveillants avec une touche de pitié) après m'avoir pourri la tête collectivement dans la réunion de crise en me disant que c'était nul, ils me revenaient honteux et confus un mois/un an/un jour après, en disant que c'était top et qu'ils comprenaient enfin qu'est-ce que je voulais/j'avais voulu dire ou aller vers, et c'était pluss drôle. Un coup d'avance, toujours. Mais en retard, quand même.
  Mais je suis pas le fils de riche que j'aurais voulu être et j'ai pas assis ma réputation en travaillant jusqu'à plus soif d'acteur alcoolique.
  Quand j'ai fait un poème sur l’Éthiopie en CM2, ma famille a pas trop poussé pour que je continue ma vocation. Les alexandrins, c'est pas pour les hommes d'affaires.
  Une nouvelle pièce peut-être, ça m'aiderait à remonter sur quelque chose.

90.Par agrafes.

  Penser à envoyer la grande frise à Xavier, celle avec tous les personnages qui se suivent que j'ai pris dans les carnets depuis 2015, (pas tous, j'ai fait une sélection, je me suis très très librement inspiré du livre des cent démons du japonais bidule) celle que je veux mettre dans le slide de mon site en page 1, avec d'autres frises ou carnets ou lot de cartes, ou productions diverses anciennes ou récentes à collectionner, comme un magasin en ligne où tu m’envoies un chèque ou un billet et je te renvois l'objet commandé. La frise à 20 balles inspirée des carnets que j'ai commencés je sais plus trop, sans doute après le dernier voyage à Arles, peut-être un peu avant. En même temps des magasins en ligne c'est quand même possible, je devrais garder mon site pour montrer des trucs qui évoluent. Penser à changer l'adresse de l'entreprise pour le numéro de Siret, aussi, la démarche est dans le carnet jaune avec des bananes dessus.
  Couverture carton noire, Je les avais pris en long pour pouvoir faire des grandes images en long aussi. Deux A4 côte à côte, ça fait des boyaux avec des gens qui traversent, des losanges, des machines volantes, des baleines bizarres. Putain, je viens de me rendre que compte que j'ai sauté une ligne et ça m'a fait pas d'espace entre les blocs. Attends.
  La vache je viens d'en sauter une autre et ça refait pas d'espace entre les blocs. Je sais plus trop quoi faire là. Je m'étais habitué mentalement depuis les deux derniers messages. Bon. Où que j'en suis. J'ai d'abord double-cliqué sur la petite barre qui clignote au début, tu sais le machin où le texte apparaît, et puis j'ai mis Times pour la typo, et en grand (écriture Grande). Serait-ce ça le mystère résolu, double-cliquer et faire les changement avant que d'écrire ? Je vais faire une prévisualisation (l'aperçu publipost)... Ah ben ouais, ça le fait. Bon. Un rien me perturbe.
  J'en étais où ? Ah oui, les grands carnets où j'ai mis des tas d'idées et de réflexions. Donatien, dont c'était la fête hier et que je lui ai pas souhaité, m'a dit qu'un jour qu'ils seraient publiés. Les carnets de Jean-Martial aux éditions beaux livres, trop la classe internationale. Sauf que. J'ai écrit beaucoup de bêtises dans mes carnets. Mes disputes, mes bavardages internes qui sont parfois pas très intéressants. Sauf si on veut savoir que tout ça était un processus pour sauver sa peau. Ce qui est le cas. J'ai sauvé ma peau. Du moins pour le temps imparti dans la livraison.
  J'ai pris un peu de ventre. Je dois faire attention. J'ai trouvé un livre sur la gymnastique facile, avec les mouvements qui vont bien. Je vais tenter d'appliquer ça. Je trouve toujours des trucs bien. Il y a beaucoup de trucs bien. J'ai été traumatisé par mon père qui m'a jeté beaucoup de mes livres et notes de quand j'étais ado. Et même avant. Je suis content d'avoir été là quand il a balancé tous mes dessins de petit dans la poubelle à recyclage avant son déménagement des 80. Mon père tous les 80 ans, il fait un déménagement et il donne tous les marqueurs de sa vie pour finir bien paumé dans sa nouvelle maison moche.
  On mange bien ici, et y'a tellement de gens qui font des fruits et des légumes que je me demande si c'est bien la peine d'aller trouver un terrain pour faire un jardin aussi. Quand viendra le temps des barbares, c'est ceux qui ont les plus beaux jardins qui seront pillés en premier, alors autant s'organiser et apprendre à manier la fronde à caillou qui tourne comme dans le films avec les gens dans les voitures dans le désert et des maquillages au pistolet à peinture tout ça.
  Je m'en fous quand je saute une ligne ça fait plus d'espace.
 

lundi 23 mai 2022

89.Sur mes ergots.

  Le travail doit se faire avec appétit et cheval, sinon ça n'ouvre pas de perspectives. Creuser chaque jour son sillon, sa tombe et l'ouvrage, que tu remettras sur le métier du gentil petit tailleur amené à créer un gamin dont le nez joue du pipeau en situation d'échange avec sa conseillère pôle emploi (Vous voulez-faire de la marionnette à fil ?) ce genre de choses. Accompagné d'un grillon qui cause avec la voix de Roger Carel. Ou un criquet, je sais plus le sport.

  (Vas-y saute ta ligne automatique fils de flûte (cf post précédent). Je me vengerais dans mon futur fanzine international dont je viens de trouver le titre pas plus tard que tout de suite).

  Ne nous égarons pas™ (trouvez votre route céleste sans applis stellaires).

  Je sais et sens que mes chroniques qui n'en sont pas trop, viennent d'une inspiration montagnarde et fluide-glacière, l'origine de mes maux. Car le temps passe et la collectivité s'impatiente : mettra-t-il à jour son site Internet ? Je bosse. Le travail interne(t) est intérieur au réseau quand il marche, et l'actualité me semble lointaine, comme la ville qui est désormais un souvenir ancien non chéri. Au bout de deux mois j'ai maintenant de solides bases pour l'autonomie survivaliste en milieu hostile. Tout en moi négocie les tournants. Tenez, ce matin, j'ai reprisé un caleçon, même si je sais d'avance qu'il va mourir de sa belle mort vu le tissu usé dans l'entrejambe (à moins d'y ajouter une pièce). Hier je cousais mon T-Shirt bleu dont la couture du bas filochait, celui que j'utilisais avec préférence sous mon haut Claudine de crapaud d'amour au stage clown de septembre dernier, quand je m'étais si savamment coupé le pied dans la Vézère avant de me dire qu'il serait doux de commencer à déménager bientôt. Comme quoi les coupures, c'est toujours un montage.

  J'empile et je recartonne, pour évacuer le plus accumulé déjà ici, je trouve des objets qui me soutiennent et des boites de jeux pour jouer tout seul, des magazines jeunesse des années 80/90 avec des inspirateurs performants. Je ne me repais pas de vide, je m'ennuie à mourir de ne pas faire de la mise-en-scène. Je rêve de ma grande salle dans les bois pour jouer devant les renards, et j'espère fort trouver la bonne grange, le bon terrain, le bon camion, la bonne équipe. Exploiter les masses et enfoncer des pieux. Jouer avec la lune et en inventer deux de mieux histoire de niquer Tatooine et le naufragé du A. La lune au carré.

  Je me morfonds sans formation, j'ai soif de grand et je joue petit. Du retard et du regret, du ventre mou et des siestes coupables qui cachent mal le refuge dans le sommeil perdu des années plafond bas, des pelletés de sable par dessus mon chantier mental, je brasse ressasse, me mets en colère contre les absents (qui ont toujours oui) et m'interroge comme j'interroge le livre des transformations. Je n'y comprends rien. Comme je ne comprends rien aux polémiques sur JK Rowling et qu'on puisse la répudier elle et son œuvre fantastique parce qu'elle a un point de vue sur un truc que je m'en fous, ou encore à ces nominations frelatées de vilains sbires du capital dont la brutalité est vitale à leur survie personnelle, ou aux changement de style des uns ou des autres, aux pros nucléaires qui disent ça va aller et aux anti qui disent ça va rouiller, je me place sur le fil déséquilibré du pays rêvé abandonné trop tôt. 

  Être une entité, une montagne foulée par des Yétis noceurs et quelques bouquetins habiles me suffit largement. J'ai peine à entrer dans le monde et je sais pourtant mille fois que ma place y est vitale, que j'ai ma carte à jouer avec le joker dessus qui agite ses grelots qui font un bruit de téléphone ancien dans le couloir de la maison génante (je voulais écrire géante, mes angoisses reprisent, penser à m'acheter des nouveaux slips). 

  D'abord pour moi-même. Tant que je vis je suis, vital, cela va de soi quand on s'estime un brin. Et puis pour les quelques unes qui espèrent encore un livre pondu par delà le bon sens de l'absolue nécessité de raconter une aventure en quelques tomes qui ravira les veilleurs du campement de la forêt secrète où l'on écoute le temps où les hommes étaient des Dieux plus puissants que Pharaon sur les autoroutes de la peur.

  Et promis, après, je ne donnerais mon avis sur rien de clivant. Ou peut-être les multiples avantages de maîtriser le point de crochet dans une île imaginaire. Quelle heure est-il crocodile ? Le col Claudine en anglais il l'appellent le col Peter-Pan.

jeudi 19 mai 2022

88.Le profil de l'emploi.

  Faire un plan, mais bien sûr. Trouver le bon moment, le bon moyen, la bonne secousse. Tout à fait d'accord. Maintenant quand je me connecte, il faut un code qui s'affiche sur mon téléphone pour être sûr que c'est bien moi qui me connecte, c'est confort. Je pense que si je me reconnecte plus souvent j'aurais pas besoin de code, mais je ne sais pas. Je dois baisser la lampe sur le bureau pour feinter les moustiques qui sont assez rares ici. Il n'y a pas de mare pour y noyer le tondeur compulsif de la mairie du village. Rotofil Tondeuse on l'appelle. La nuit dans sa tête ça doit clignoter comme ça avec ces deux mots autour de son cerveau, rotofil, tondeuse, rotofil, tondeuse, rotofil, tondeuse, encore et encore. Mieux que les moutons à compter. Faut rester propre du gazon, bien ras. J'ai des tas de noms qui me viennent, je manque de diplomatie. Je suis parti en marchant vite, parce que je trouve qu'on ne peux pas discuter avec les gens qui n'aiment pas ce qui dépasse. Il a coupé les fraises et les pousses qui dépassaient du grillage du micro potager toléré. Je veux mon jardin. Je mettrais exprès des énormes trucs qui poussent sur la route et les voitures seront obligées de, ah y'a un papillon qui veut crâmer dans la lampe, j'essaye de le virer, attends.  

  Merde ça va me faire des espaces entre les marges en plus ? 

  Ah ouais. Putain on part une année et y'a des trucs qui changent, moi le premier, c'est chiant. J'aime pas quand ça change, parce que c'est chiant, j'ai pas le temps de m'habituer. Bon, je vais pas m'habituer. Ce sera chiant. Puisque c'est ainsi je vais faire bloc, ça sera indigeste mais tant pis. Ou alors je pousse avec la barre d'espacement, attends.                                                                                       Je suis moyen en ce moment, je mange du pissenlit c'est dire, enfin je peux en manger quand l'autre débile passe pas son rotofil partout. Bon, ça marche pas mieux, si je saute une ligne ça me fait un espace, je peux pas maîtriser. Je sais que je maîtrise pas grand chose de toutes façons. Ma copine me le dit, dés qu'il y un changement ça te va pas. Et elle veut installer un porte-manteau pour accrocher ses habits. On a trop d'habits je dis.

  Dans les précédents posts ça faisait pas ça, et ça m'énerve de chercher des solutions blogger que je sais pas quoi chercher, genre "Est-ce que je peux réduire les espaces entre les blocs blogger ?" ou "Comment réduire les espaces entre les marges". Bon. J'ai le sentiment que l'informatique de l'Internet de Windows n'est pas si libérateur de la vie. J'ai fait une recherche avec le code HTML pour essayer de retrouver mes paragraphes d'antan, mais je ne suis pas Xavier Ladousse Regaloeb alors j'ai pas réussi. Penser à lui envoyer une frise.

 Je saute une ligne et il y a un blanc. Je voulais un bloc contre bloc moi. C'est pas politique, me faîtes pas des pensées secrètes que j'ai pas. La politique c'est pas bien. Je pense pas que ça puisse changer quelque chose au fait que j'ai oublié la lumière de la salle de bain tout à l'heure. Ma copine me l'a dit : "T'as oublié la lumière de la salle de bain !". Des leds qui envoient. Je me dis l'économie qu'on a fait en changeant les plaques électriques pour du gaz (dont la provenance vient du supermarché mais je n'en sais pas plus), sera cassée par cet oubli. Je suis parti quoi, deux heures ? Trois ? 

  La pizza était pas bonne, et je déteste les artichauts. Je lui ai dit, prends la trois fromages, mais non, elle voulait les quatre saisons. Au bout d'un moment j'ai dit vas-y me demande pas si tu veux pas les trois fromages, alors elle a pris la quatre saisons. C'est dégueulasse les artichauts dans les pizzas, souvent c'est des boites et franchement qui consomme encore aujourd'hui des boites d'artichauts ? Je réécris artichauts mais j'ai envie de mettre artichauds parce que je ne sais pas, je trouve ça plus logique. Mais ça dépend. Ma logique tourne d'une minute à l'autre. Rotofil, tondeuse, rotofil, tondeuse.

   C'est important d'avoir le choix.