mardi 14 mai 2019

81.LCDçVM 6 : Comme un flou d'hologramme.

  Monter le chauffage en mai, avant toute chose, et laisser la porte ouverte parce qu'il fait plus chaud dehors. Et mettre un fauteuil devant la porte pour éviter que des gens entrent alors que je suis en plein brainstorming avec l'équipe là-dedans. L'attitude généreuse du panda ne doit pas me faire oublier que je suis un vieux bambou.
  Alors, que faire ? Que décider ? Comment régner sur son monde ? Quel média social attaquer de plein front en sachant à l'avance que ça va faire huit vues parce que tu ne parles pas d'écologie ou d'un chanteur connu ou d'une fake niouze en vogue qu'il serait bon de remettre à sa place parce que le Frexit les copains ça risque de chier des bulles face au mondial de la moquette ? 
  Rester le sujet principal de ton travail n'est pas vendeur, surtout si tu ne participes pas à une émission de cuisine ou un truc de survivaliste sur une île perdue engloutie bientôt. Il faut te remettre en question et produire quelque chose. Mais si tu ne veux plus produire quelque chose, seras-tu considéré comme un déchet et mis dehors avant le prochain terme pour délit d'improductivité ? Comment trouveras-tu l'absolution, l'illumination, la grotte céleste avec la Vierge qui clignote ou le parchemin transparent qui reflète ton museau noir dans un éclat d'imprécision dubitative qui floute un peu les yeux et moite un peu les mains ?
  Le chemin est parcouru, les râteaux engrangés, les erreurs admises, les arbres sont beaux sous la ramée sauvage. Le chaud se profile, le permis dragon est en suspend depuis plusieurs mois, le garage en créneau dans ton cœur de chamois d'or, relatif. 
  Tu fais des phrases qui ne veulent rien dire et tu te plais à expliquer que le poulpe est en toi et que ta vitrine veut du tentacule, même si tu n'habites pas Sète et que sept fois sept quarante neuf, même si les images de ta vie surgissent comme dans un manga au moment où le héros allongé sur un tatamis un soir de tournoi de Mahjong trop arrosé de riz fermenté, voit des images de lapins carnassiers surgir devant lui alors qu'il n'a mangé qu'une salade de tofu aux pois chiches feta riz demi-complet de Camargue et un peu de persil parce que c'est riche en fer.
  Tu es enfin parvenu à la montagne du non-like, de l'imprécision précise, du grand final abouti non conscient. Tu dors mal avant la pleine lune. Tu participes au groupe des gens qui ne savent pas encore mais qui vont trouver là cet après-midi, demain, c'est sûr, et tu as besoin de témoigner tes pannes, de ne pas aller au mariage parce que tu n'as pas de chapeau, pour embaumer virtuellement et d'une fragrance accessible et douce, suave et pleine de muguet, cultivé sous serre en Hollande. Les amis et connaissances, soutiens de la première heure qui sont en attente du big bang, du moment crucial où enfin, avec eux, tu franchiras ta névrose, le rubicond et quelques morts encombrants pour aller chasser l'oiseau magique affamé de chocolat, au Venezuela d'avant la crise et près de la chute. 
  L'Australie te semble loin, le cahier des charges aussi. Les carnets remplis d'idées t'obligent à agir et former une nouvelle ligne de codes pour entamer le voyage au Japon parce que Nul n'est prophète en son pays, surtout en plein Ramadan, et que peut-être une bonne guerre ou un cataclysme fou aiderait les cheminants sans strass à déployer leur talent d'infirmière dans une boite de strip-tease d'un pays oriental où l'eurovision passe en boucle les succès passés des jeunes filles noires et blanches d'un télétruc qui grésille sous les pluies acides d'un Runner au flingue holographique qui se tourne vers toi et te demande avec un accent belge : - Vous avez pensé à recharger votre bouteille d'huile de palme ?
  Tu te protèges du réel comme tu peux. Ton gri-gri donné il y a cent ans par un ami marocain disparu depuis dans le sable du temps, pendouille et énerve. Les policiers pensent à de la drogue, alors qu'il ne renferme qu'un petit caillou, ton ami, ton frère, ton projet ultime ressassé dans les nuits d'ombre, cette folie secrète d'une cérémonie fluide, où tu rêvais d'être quelqu'un enfin, reconnu par ton reflet, devant la pile de crêpes qui t'attends sous les yeux des esprits réunis pour ton anniversaire, et tu sais que ce n'est qu'une écriture de mieux qui t'aide à croire qu'un jour tu auras toi aussi ton potager radioactif et ton émission à effets de serre de conseils pratiques pour manger quel grillon.
  Et pour le succès, je veux dire pour celui que je vis au quotidien, il approche à grands-pas comme le Strider du même nom qu'on reconnait à sa frange revêche et ses chaussures boueuses devant la maison en pain d'épices où il vaut mieux affuter ses couteaux avant d'entrer dans le four. J'espère que la tempête sera assez forte pour m'emmener chanter des rimes devant un parterre d'extra-terrestres massés sur la rive, habillés de bleu, et qui, au troisième chant, sortiront leur blasters en criant à mort les hérétiques, nous obligeant à lever l'ancre fissa pour éviter le lynchage et le remboursement des places.

mercredi 8 mai 2019

80.LCDçVM 5 : Flamboyante discrétion.

   Je ne suis pas un enfant au passé brillant et à la migration facile, j'aurais bien aimé rebondir sans crainte au moment idoine, marsupial bondissant, mais j'avais des gants de boxe au niveau des yeux, à la façon d'un kangourou d'Australie engagé dans un club de Scrabble pour échiquier russe.
  Quand une femme m'a proposé Paris, j'étais si apeuré du monde que j'ai préféré rester chez mes voisins bruyants. J'ai mis du temps à m'en vouloir, et à respirer du lait par le nez en toussant. Et puis j'ai mis du temps à ne plus m'en vouloir et à accepter d'entrer dans la narine yougoslave, trésorier du pif dans les Balkans pacifiques. J'ai quitté mes voisins et épousé une belge. Sans alcool. On a des océans communs.
  Entrer en relation peut parfois prendre la tournure d'une odyssée de longue baleine, comme je dis toujours, et se comprendre, ou se faire comprendre peut prendre des années solaires. Les relations sont des compromis aveugles parfois basés sur des malentendus qu'on élucide au moment du dernier souffle, car monter quatre étages sans respirer pour arriver avant l'ascenseur demande de bons mollets. Le lâcher-prise et l'étalage sur tapis pour étirer les os, aide un peu.
  On se découvre et on se plaît, ou on croit qu'il y a mieux zailleurs, et on tente autre chose en reprenant là où l'on croit s'être trompé, pour se souvenir soudain que la bergerie était belle entre deux fatigues montagnardes, et que le lait de bique vaut bien celui des chamelles. C'est souvent un problème sexuel basé sur les échanges de fleurs. Le langage printanier peut devenir grossier.
  La vie sévère ne me convenant pas, je peaufine le nez rouge en caressant ma chatte. Avoir des animaux à la maison permet de ronronner paisible. L'échange s'est apaisé et j'ai repris du poil. De la bête en pleine lune et dans la main en pleine ville. Paris m'est apparue sous un jour nouveau. Zoner dans les parcs, entreprendre de trouver un endroit où pisser en paix loin des caméras et sous les roses. Moi qui aime à boire des litres de thé l'après-midi, j'ai restreint mes soifs au minimum pour apprécier plus longtemps les chinois devant les tableaux italiens, smartphone au niveau des yeux, concentrés, pour que l'image qui bouge pas entre dans le téléphone qui bouge, lui, et la file se disperse vers un autre peintre connu, coincé entre deux alarmes un samedi soir de cohue alors que dehors le soleil perce aux Tuileries sous les nuages flous.
  Je me sens proche des clochards et des migrants, figures invisibles sous des cartons plaintifs, renfoncés dans les portes sombres au milieu des tours Eiffel clignotantes, avec des yeux fatigués comme un touriste sans joie obèse qui se repose sur un banc de pierre derrière la statue en marbre blanc de l'ange cul nu embrassant la mariée.
  Il y en a tant des pauvres, des sales, des boiteux, des qui louchent, des qui puent, des qui parlent tout seuls sans oreillette Apple. J'ai dû passer deux jours au jardin des plantes, allongé sur un banc pour temporiser l'émotion du vortex intérieur, en manque d'arbres et d'oiseaux, à observer les chorégraphies des enfants et des adultes accompagnateurs qui expliquent, qui rationalisent, qui classent et resserrent l'étreinte de la fantaisie inventive (il faut bien les tenir sinon c'est le bordel) parfois plus ignorants que le ramasseur de papiers gras qui ne confond pas les tulipes avec les coquelicots. Il y en avait des biens aussi, tout de même, où l'on sentait que ça circule et que la remise en question éducative amène au jeu de dupes, même avec cinquante ans d'écart.
  Au muséum, j'ai vu des installations de dessous l'océan, notre consommation de plastique qui rejoint les grands fonds lumineux, un seau jaune à pâté-châteaux abandonné prêt d'un poisson à la lampe frontale qui clignote, avec une gueule pleine de dents qu'on aimerait coller sur une affiche électorale d'un parti que les gens simples ou méchants veulent voir à l'action pour nettoyer le monde de la vermine. - Grâce à nous, ils n'entreront pas ! - Mais ils sont là ! - Oui, mais ils n'entreront pas. - Mais ils sont là... Litanie connue.
  Le nettoyage  des plages de silence est entre nos mains, nous ne pouvons pas vraiment attendre que les pouvoirs publics mettent en place des solutions inutiles qui satisfont les plus qu'aisés et endorment les Moyen-Âge (singulier invariable) qui n'agissent que peu. Cluny lingus et spiritu museo, ça veut rien dire mais je voulais la placer pour faire latin.
  Et pour le succès, je veux dire celui que je vis au quotidien, il ne m’enlèvera pas l'idée que garder une cathédrale brûlée avec des mitraillettes pour éviter qu'on s'approche à moins de cinq cent mètres est un peu idiot. J'espère que la tempête sera assez forte pour m'emmener voir le cochon Tirelire, qui de son groin magique transforme en visions la moindre flaque d'eau tranquille d'un monde qui a soif d'avenir vert et de progrès décroissant.

vendredi 26 avril 2019

79.LCDçVM 4 : L'esprit des cabanes.

  En tant qu'artiste plasticien d'écriture à miquets autonomes, électron libre qui finira vacataire chez Spirou, peut-être, je m'associe à tout ce qu'on tape dessus sans raison valable. Même si je préfère rester chez moi à lire des livres ou voir des films plutôt que battre le pavé, en attendant que tout soit payant même les portes pour sortir de chez soi, et qu'on ne puisse plus rien dire sous peine d'être lynché ou proscrit ou les deux ou obligé de lire le Figaro dans un cabinet de dentiste dont le nom de famille évoque les camps de la mort.
  Pour réussir dans sa branche quand on peint des arbres et qu'on a du mal avec la fin du monde que les humains s'entêtent à croire que c'est dans très longtemps parce qu'on habite du bon côté du globe et que les pesticides on a toujours fait comme ça alors pourquoi changer, j'ai traversé pas mal d'allées et venues pour savoir ce que j'avais envie d'avoir envie.
  J'ai venu et je suis allé pour de multiples raisons humaines que je pourrais développer dans des livres souvenirs à la Marcel Pagnol avec les passages croustillants sur la famille qui découvre un merveilleux midi juste avant la boucherie de 1914, manière de dire que tant qu'il y a de la vie et des souvenirs de tartes aux fraises, y'a de l'espoir, mais non. J'ai trop peur de dire que l'éducation que j'ai reçue m'a transformé en névrotique sans initiative, et c'est pas bon pour le commerce. 
  Je me dois de montrer que je suis beau, bien que maigre et léger avec un torse de poulet et un bidou rebondi et flasque, enthousiaste, je t'avais dit que je le disais tout le temps, magnifique et entraînant, même quand je me tord la cheville avant d'aller à la capitale pour livrer une toile roulée à une connaissance agile qui m'encourage à prendre le métro alors que je ne suis pas capable de me décider quand la ligne est droite.
  Je laisse poindre en moi le jardinier sauvage dans sa maison de campagne pas très loin d'une gare, si elles existent encore après l'invasion de zombies en drones volants qu'il faudra abattre à la fronde explosive et au lasso à boules.
  L'imbécilité qui nous demande d'être patient parce qu'on se dit ce sera pour plus tard, commence enfin à me quitter lentement, comme la mue de poils de l'hiver d'un diable de Tasmanie en reconquête d'un territoire sur les montagnes rouges sacrées d'une Australie rêvée.
  Car si j'ai la chance d'entrer dans le musée de l'Orangerie, où apparemment il n'y a pas beaucoup d'arbres fruitiers, ce sera peut-être un peu en moi comme un souffle de ce passé fugace où je construisais de précaires cabanes dans les bois autour de l'école, cabanes toujours détruites en groupe et brutalement par l'équipe du Gros Robert, qui fera dire à mon père cette phrase qui restera à jamais gravée sur mes tables de Moïse : "Dans la vie, il y aura toujours des Gros Robert". Et je vois mon paternel repartir vers son quotidien féroce du monde des affaires quand je ne souhaitais qu'être une fille à qui on fout la paix tant qu'elle ne sera pas en âge d'avoir un mari, et aller jeter des cailloux sur les vitres des maisons abandonnées proches de la voie ferrée où l'on rentre le soir en riant comme des bossus transylvains au service d'un monstre élégant, boire des bières en jurant, fumer de la mélisse et rouler des pelles à mes poupées et leur faire des tas d'autres choses que les êtres purs que sont les enfants ne pouvaient pas imaginer sans Internet à portée de main.
  Et pour le succès, je veux dire celui que je vis au quotidien, il commence à me tarder dans cette volière merveilleuse que je monterais un jour, souhaitons-le moi, écrite il y a très longtemps par un poète Athénien qui n'aimait ni la guerre ni les procéduriers quotidiens aigris des cités grouillantes. J'espère que la tempête sera assez forte pour m'emmener voir Taupe et Rat dans le manoir de Crapaud, ils s'y seront abrités le temps que ça se calme un peu, ils y auront certainement, le temps d'un thé, des questions à mes réponses.

lundi 22 avril 2019

78.LCDçVM 3 : Cheveux en quatre.

  Si j'ai envie d'avoir un petit peu plus de voix dans le poste, ou un poste avec ma voix dedans, ce n'est pas pour dénoncer que le parti va mal et que les décisions ne sont pas prises ensemble pour décider s'il faut une machine à snacks à côté de la machine à café, c'est juste pour chanter mieux. 
  Faire des trilles et composer des rimes intrigantes, mais pas trop parce que sinon ça fait poésie et franchement personne n'aime ça. Trouver un sens à sa vie en tordant les mots pour en faire des qui n'étaient pas encore là avant, qui est-ce que ça intéresse aujourd'hui ? Ce qu'on veut c'est des écrans plats géants et une plus grosse voiture pour écraser les champignons. 
  Gonfler son chant, poser des bombes.
  Par bombes, je pense à celles qui font des trous dans la tête, sans occasionner aucune blessure psychique ou corporelle. Anselm Kiefer, que je kiffe et qui est mon ami, pourrait vous en parler, lui qui fait des trous en superposant les couches. Ce n'est pas une assistante maternelle mais bien un peintre, et certaines de ses fortes grandes toiles proposent au spectateur de laisser tomber sa journée programmée, pour rester assis trois heures devant des images aussi belles qu'un bon texte qui nous fait quelques instants oublier les fracas inutiles du monde du travail, qui préfère péter une forêt sur deux kilomètres et virer les vaches des champs libres pour le rêve du matin en bus (et quelques maisons) et construire une quatre voies parce que ça permettra de désengorger les solitaires qui vont au bureau tout seuls dans leur véhicule hybride qui prennent personne en stop, qu'ils finiront de payer quand tout aura repoussé après le grand cataclysme. Et on pose sa main sur le cœur en disant cette voie sera pour les transports en commun et le covoiturage. J'irais voter quand les chevreuils seront sur les listes. Réinsérons le loup dans les mairies.
  J'ai quatre idées en tête en permanence (faut vraiment que j'arrête avec les listes, mais rassurez-vous, c'est juste pour meubler et faire mon intéressant, je change d'avis toutes les heures) elles se découpent comme un fromage d'un Trivial Pursuit™ plus facile, ou comme un lézard d'Australie, forcément, grillé sur feu de bois, lors d'une soirée top délire entre aborigènes bourrés au vent des boomerangs.
  La première c'est la peinture, ok, on a compris, le mec peint, pas assez souvent pour être honnête, mais quand il s'y met, il parle de lui à la troisième personne du singulier pour éviter les malentendus avec ses trois autres activités mentales. 
  La peinture magie plastique, paresse ultime du grand enfant qui ne veut pas quitter le fond de la classe à côté du chauffage, et qui semble calme quand on ne lui retire pas ses pinceaux. À la maison il dort dans la petite pièce sous l'escalier, avec la litière des chats, et on lui jette des restes de chou pour garder l'aide publique des débiles légers. 
  Pour peindre il me faut cet atelier froid, et ce classement inutile de formats et de formes pour me faire croire qu'il y a un sens à cet enchevêtrement de figures.
  Je ne suis pas certain d'être peintre. Enfin, je suis pas que peintre, ça c'est sûr, mais me plonger entièrement dans cette activité, j'hésite. Quand je dirais j'hérite je changerais peut-être d'avis, et je collectionnerais les pianos les uns sur les autres comme le faisait Satie, qui était mon ami, en me consacrant à la musique malgré l'âge de l'arthrite.  
  En deux, vient l'image, toute l'image, de la photo au crobart, de la liste de course gribouillée au carnet sérieux, quoique je n'ai pas beaucoup de carnets sérieux vu que je remplis toujours un peu dans le désordre et que les idées sont des marabouts d'ficelle de ch'val sans cesse. Je veux dire que chaque fois que je nomme un carnet pour lui signifier de rester dans une thématique, en général il n'est pas d'accord et donne à ma main la place pour autre chose. L'image est partie prenante de mon quotidien, tout est inspirant, et si je le sens pas, je n'appuies pas sur le bouton de rose.
  En trois vient l'écriture, celle qui m'appelle chaque fois que j'ai au moins quatre heures devant moi, le temps de s'y mettre, le temps d'aligner des mots, le temps de corriger les choses inutiles. Parfois j'y reviens la nuit quand je me réveille. J'en profite pour mettre mon chat dehors par catapulte et aller faire pipi.
  En quatre vient le spectacle, les spectacles, que j'ai laissé de côté pendant plein d'années parce que je ne savais pas quoi dire, ou plutôt comment dire, ou plutôt je suis un gros manche pas capable d'aligner deux projets sérieux et de réunir du blé, de la concentration et la bande à Basile pour faire la chenille qui redémarre. J'ai quatre projets pour mon projet quatre. 
  1.Un tour de chant musique avec album et clips noirs et blancs qui se la pètent et tournée internationale à l'atelier. 
  2.Une série télé pour les moins de cinquante ans et les plus de soixante (la dizaine intermédiaire ira au foot), avec des monstres, pleiiin de monstres, mais pas qui font peur, ou alors un peu mais sympas quand même, genre qui rangent la vaisselle après avoir pété un mur et craché trois gros mots. 
  3.Un solo de rire pour faire rire, avec ou sans nez rouge, mais je ferais passer ça pour un seul en scène pour pas me mettre en compétition avec les comiques et tenter de me faire une place dans les soirées couscous de l'amicale des chasseurs de la salle de fêtes de Luçon. Pourquoi Luçon ? Parce que c'est un riche lieu, merci bonsoir. 
  4.Un cirque avec des marionnettes et des comédiens et plein de tours de pistes qui ratent.
  Et pour le succès, je veux dire celui que je vis au quotidien, il commence à sérieusement me gonfler pour aller chercher le pain complet chez l'Éthiopien hirsute, cette nouvelle mode des autographes au beurre de karité me coûte cher en noix de coco. J'espère que la tempête sera assez forte pour m'emmener voir le magicien d'Oz, il aura des questions à mes réponses.

dimanche 14 avril 2019

77.LCDçVM 2 : Le sens des affaires.

  J'ai fait le point encore un peu ce week-end, après avoir rangé mes toiles inachevées, en cours et autres, par tailles et inspirations, et tenté de rassembler tous les pots acryliques par couleurs et par poids, histoire d'utiliser les plus vides en premier, quoique ce soit pas obligé on verra, et tout ça dans le but de l'exposition à l'atelier et à la table du Renard Bleu qui vient, qui viennent, qui vient, vu que l'exposition sera dans deux lieux en même temps mais pas vraiment le même thème mais comme c'est le même mec, je peux dire c'est une exposition dans deux lieux donc je peux dire, je sais pas trop.
  Je voulais frimer en faisant un événement mondial dans ma rue dans mon atelier où je voulais mettre deux vidéos en même temps sur deux pages Facebook, la privée publique et la publique privée, et ça n'a pas marché. Ah on commence bien avec mon concept has-been winner, les sponsors vont être ravis.
  L'appareil photo qui fait vidéo est capricieux, c'est pas nouveau, il est comme moi il craint le froid, et il a décidé de se remettre à vrouvrouter après la première lecture de texte, ce merveilleux vendredi dernier du début du défi. Ce qui a donné que je n'avais qu'une vidéo montée au lieu de deux, c'est merveilleux, la vie d'artiste tout ça.
  En même temps, la chronique du ça va marcher que je croyais ajouter en numéro deux, qui était le post 76 (Des bretelles au clafoutis) de ce blog, relu plein de fois, remodifié plein de fois alors que c'était déjà posté (je suis enfin content de mon dernier long paragraphe) était en fait, je m'en suis aperçu après, un message blog-narratif-biographique-arrangé de plus et que ça collait pas trop au concept du ça va marcher. 
   Car les vidéos/textes du ça va marcher ont des codes que je me dois de respecter, ou au pire d'inventer et modifier en fonction de ce qui m'arrange et de la météo.
  Dans chaque vidéo/texte du ça va marcher, comme toute bonne chronique qui se tient, se tienne, se tient, il y aurait l'Australie citée quelque part parce que j'ai pas du tout envie d'y aller j'ai trop peur des crocodiles, et un déroulé précis de comment ensemble on pourrait m'aider à faire en sorte que ça marche. Pour moi, pour vous et en même temps en général. Je suis un fana de l'auto coach analytique, ce qui m'amène à réfléchir sur plusieurs points de la société de rêve où je crèche, et aussi au gros désir de phallus qu'on se traîne dans un monde où la réussite, le pognon et l'aisance en voiture sont souvent le plus important. L'entregent, l'estime de soi, le pouvoir de déplacer un mur et j'en passe. 
  Et puis ce qui serait bien aussi, c'est que ce soit un peu drôle, un peu cultivé, et que ça coïncide à l'évolution entre les vidéos de la semaine et ce que je sens que je suis devenu que je deviens, tout en étant un peu drôle.
  Donc, et au risque de rester un peu dans l'hiver de mon déplaisir, tant mieux si j'ai du matos moyen, ça m'a permis de prendre le temps et de réfléchir sur la valeur travail que la droite veut cardinale dans tous les programmes du vivant, en oubliant que la fin du monde des insectes, des oiseaux, des baleines et du pétrole est proche, j'ai entendu à la radio. Je rappelle au passage que vivre sa vie d'artiste reste un choix subséquent au chaos humain mondial, et que parfois, je me demande même si on choisit. Ou alors je deviens psychanalyste comme maman a voulu mais n'a pas pu, et je réussis dans les affaires, comme papa aurait aimé mais faut qu'on en parle.
  Je ne vais pas me plaindre (en général quand on dit ça c'est qu'on va faire le contraire) les contraintes et névroses accumulées sur l'initiative légère contrée par un surmoi au stade anal bloqué, font parfois de bons artistes, chiants (et c'est tout la contradiction) mais bons. Cela ne doit pas m'empêcher de croire à la cure et de réécouter boy's don't cry en boucle en me crêpant le chignon avec mes copines trans.
  Alors si jamais vous passez dans l'éparage pour m'encourager d'une caisse de légumes en bitcoin à continuer de ramer pour obtenir l'esprit calme nécessaire, je serais heureux d'entendre votre voix en commentaire, on s'amusera à déplacer quelques cartons pour vider toujours un peu plus l'espace dans l'objectif d'atteindre la lune avec des ressorts sous les godasses et un bon casque de protection avec lampe frontale intégrée au cas où on croiserait un satellite albanais en perdition.
  Et pour le succès, je veux dire celui que je vis au quotidien, j'aurais envie de vous dire avec une putasserie bien modeste que je préfère le bonheur de ma vie de nouille autistique en mal chronique d'intégration pour bien pouvoir faire la différence quand je gagnerais enfin le droit de payer des impôts sur mon château hanté en Écosse.

vendredi 12 avril 2019

76.Des bretelles au clafoutis.

  Adoncques, tandis que la nuit se déroule telle un compresseur sur les insomnies heureuses des vagabonds du sommeil, j'apprends dans mon oreillette que la fin du monde est pour ce soir, et je me mets à penser au hérisson de mon enfance, qui sonnait sonnait vêpres en large en long. 
  J'étais Sylvestre en 45 tours du mange-disque orange, et la vie jouait avec la lumière qui m'intéressait déjà grandement, lorsqu'elle apparaissait et lorsqu'elle n'était plus là, d'où l'importance des veilleuses.
  J'ai avec les veilleuses une longue histoire, avoir un peu de lumière m'aidait grandement à faire fuir les démons aux yeux bavants, et tous ces spectres hyperboréens (j'avais promis à un pote de placer hyperboréen dans une chronique, c'est chose faite et je gagne deux euros) car glacés au point de me faire suer de peur. J'ai retrouvé dans les monstrueux détraqueurs de JK Rowling et son petit Potter, une similitude avec ce que j'éprouvais alors. Car même si vous n'y croyez pas, je m'en souviens encore, et les peluches n'étaient jamais assez nombreuses pour protéger la frontière entre mes cauchemars si puissants et moi.
  Puis j'ai un peu grandi, mais mentalement je continuais à croire au père Noël et aux fantômes. Comme ils grandissaient aussi, ils prenaient des formes plus sociables, moins difformes, ressemblants à des individus louches de mon quotidien, du genre adultes, faisant tout pour empêcher mon esprit vagabond de donner libre cours à son imaginaire sans barrières très fixes entre les strates et les désirs de la joie des bananes chantantes.
  Le clip stylé de Michael le méchant tripoteur d'enfant zombie, fut le film de trop, je me réfugiais dans une guitare pour rester au chaud derrière les barreaux de cordes.
  Puis il y eut les Rita-Mitsouko et Marcia Baïla. Je dansais comme un dingue, ça devait être un sacré spectacle, car je m'en foutais. Au camping du Broustic, ou un truc vert comme ça. Aussi dans les boums sous les yeux des coincés, et encore avec la première amoureuse et ses collègues, brûlants leurs cours de terminale dans un feu de joie mérité d'après bac. Autodafé exutoire d'une longue nuit de château.
  Je suis venu en Aquitaine, j'aimais toujours m'habiller comme un pérave, mais pas vraiment clair punk, j'avais pas de style précis, ça pouvait passer pour ringard ou encore mal fringué, ou il est maigre en salopette à rayures trop courte avec son poncho patchwork pas chaud qui fait qu'il s'enrhume même en août sur les quais de Lacanau, alors qu'on chante à tue-tête en pensant qu'on est des stars devant le café où les gens nous regardent en souriant et on se rend compte seulement après qu'ils n'ont rien entendu vu que la musique du bar était super forte en terrasse.
  Je me souviens de cette fête de comédiens dans une grande salle du centre social  pour je sais plus quelle édition d'un festival sans argent pour les plasticiens (mais on a des rouleurs gratos de crépon pour faire des roses et des mobiles). J'ondulais comme un débile mais bien, en rythme, avec les bras en forme de fusée, et je tentais vainement d'intégrer un groupe de danse de gens connus un peu, où eux se balançaient mous et tranquilles, souriant entre eux genre on assure on se connait ou a joué on est bien, juste ce qu'il faut pour être excentrique et branché, et je me souviens de ce cercle fluctuant où chaque fois que je tentais de rentrer, ça se défaisait, m'excluait, se reformait organiquement sur le rythme des toum toum, et me laissait un peu plus seul à chaque fois. Je me souviens que je me suis arrêté pour tenter de comprendre pourquoi ils ne voulaient pas de moi où si c'était encore un coup de ma méchante parano, et j'essayais d'une autre façon, et puis d'une autre encore, d'intégrer le regard du groupe, ou la joie de se trémousser face à une leadeuse en balancement, et invariablement, je me retrouvais toujours, toujours, relégué à la périphérie. Je n'étais pas membre du staff, un peu un inconnu, trop grand déjà, trop maigre toujours. Et j'ai observé. J'avais l'impression de commencer une étude de sociologie. et je vis que oui, plusieurs autres personnes tentant de s'intégrer au conglomérat désiré étaient invariablement, mais subtilement, exclus.
  De ce jour, j'ai cessé de danser comme un dératé en public, je me réserve pour quand je serais à Wembley (Londres ou Australie, j'hésite) en train de reprendre le Youki de Gotainer en flamand, avec Gorillaz, avec le petit pantalon moulant blanc de Queen et les claudettes. Va pas falloir trop traîner après ça fera trop tard.

mercredi 10 avril 2019

75.La chronique du ça va marcher.

  Ainsi, tout recommence, loin des foules et des questions environnementales, les retrouvailles avec le public avide de nouvelles fraîches se doit, se veut, se désire et s'encourage dans un ping-pong va et vient de grande voie de circulation gratuite et pas trop vite, avec peu de déchets, pas de péages et encore moins de particules fines pour assaisonner le chaland d'une manière toute personnelle qui ne veut rien dire et qui parle de beaucoup de choses. 
  Je commence ici, la première (en italique pour faire botte) et un peu longue mais rassurez-vous la prochaine le sera moins, chronique du ça va marcher (LCDçVM avec un petit c cédille en minuscule pour bien séparer le milieu).
  Chronique enthousiasmante (je crois que c'est le mot que j'utilise le plus dans mon blog, dans ma vie et dans mon vocabulaire limité de béotien qui masque son inculture par un flow contrasté proche de la quarantaine passée, mais surtout parce que j'ai toujours eu du mal à me souvenir de l'orthographe de ce mot car je ne sais jamais où je dois fumer le h) enthousiasmante et charmeuse, et peut-être un peu chantée, qui a un but précis, efficace, radical, dépressif et multiculturel, régional et proche du territoire à la diable, me demandez pas d'expliquer, deux points ouvrez les guillemettes : vous ravir, vous convaincre et surtout me convaincre que quoi ? Que ça va marcher.
  Et pour ça, pour que ça marche, il faut bien sûr définir la marche, ni trop haute ni trop majestueuse, qu'elle reste accessible et escaladable par le tout-venant, c'est un minimum. 
  Ainsi, nous aurons loisir à délimiter géographiquement et graphiquement car c'est tout de même normalement mon rayon, la recherche, les questions essentielles, les manières de pomper sur la voie ferrée d'un grand Ouest rêveur plein d'indiens des plaines avec cette draisine que Scooby-Doo à bien du mal à tenir vu que le cavalier fantôme est proche et qu'on ne sait pas très bien qui a fait le mauvais coup sous le masque. 
  Un pied se lève, l'autre suit. Et l’ascension vers le pouvoir de l'étage qui vient se met en place. Pas de code d'entrée d'immeuble, pas de cerbère aux yeux blancs et au corps de colosse pour nous barrer l'entrée d'un niet muet mais très impressionnant, juste nous et moi face à soi-même pour entamer cette quête quantique de trou noir méga-gros aspirant à un seul but, rester cohérent dans l'effort en en faisant le moins possible, tout en bossant comme un dingo pour pas qu'on lui reproche d'en faire pas assez en Australie.
  Il est un dicton américain (approximativement retranscrit ici) que j'aime, qui dit, je ne connais pas la source mais elle est certainement d'une compagnie à l'intelligence artificielle appuyée et confortée dans l'expérience des self-made-men de bon aloi qui ont le bon veston, la bonne voiture et les bons mollets : "If you're climbing the steps, don't forget to say hello to all the people you're going to cross, you will cross them again when you'll go down". Ce qui n'est certainement pas un negro spiritual ou un bon anglois mais en tentant de traducir, je dirais : N'oublies pas de saluer tous les gens que tu croises en montant, tu les retrouveras au bar du chalet.".
  Et par descente, nous n'entendons pas de retrouver Charon dans sa barque vermoulue mais solide, sur le Styx sucré où tous se promènent dans un parc d'attractions dont on ignore s'il est réel ou si nos héritiers ont décidé de nous offrir une dernière promenade avant la prochaine incarnation, je ne mets pas ici mes convictions religieuses dans la balance, c'est une chronique qui ne mange pas de pain et qui me permet d'étaler mes connaissances dans le but de monter, rappelons-nous. Et par descente, on dira que oui, elle existe, chaque instant, et c'est pourquoi c'est plutôt bien de se remettre en question sur sa motivation véritable, laquelle devrait être mesurée, même si l'on aspire à devenir philosophe roi, mais surtout de la plage, une guitare non jouée à la main parce que c'est Marco qui joue mieux, et l'espoir fou de mener à bien ses projets les plus farfelus dans le temps imparti qu'il nous reste avant la prochaine exposition qui est déjà très en retard depuis cette fin d'hiver féroce qui m'a vu haleter, moucher, ramer, râler, pioncer, avoir trop chaud trop froid trop tout et m’apitoyer sur mon sort dans une logorrhée très embarrassante si on m'avait enregistré, je ne sais pas je ne sais plus.
  Dans ces chroniques, nous parlerons de mes histoires et de tous les sujets possibles qui aideraient à comprendre comment on peut, ensemble et en me soutenant, mais moi aussi tant que je ne suis pas trop nombreux, à vous soutenir, pour ensemble, aborder dans le désordre : la fabrication du yaourt au ciment, les talons aiguilles sur les pavés de bœuf, les œufs mimosas cachés dans les rhododendrons au matin de la jeunesse perdue, la mode expliquée à mes chats, l'art de faire la vaisselle avec une bassine grasse, les boissons gazeuses qui donnent de la joie en récitant l'alphabet en rotant, ou encore soyons fous, l'amour et ses nombreuses positions au coin de la rue, alors qu'elle est en retard et qu'on ne peut pas faire plus de deux pompes, alors que nous sommes un joyeux petit nain tendance farfadet, qui vient aider le gentil pauvre cordonnier et sa femme (qui cache habilement un livret A mais ce n'est pas le sujet) qui aurait préféré utiliser une petite couche de cyanochiolate pour renforcer l'avant de la chaussure de marche du riche capitaliste avide de trekking dans l’Himalaya Suisse, avec un morceau de cuir d'oreille de lièvre idoine, taillé dans un livre de merveilles, afin de parcourir le chemin de Compostelle à cloche-pied du moment qu'on est déjà en Espagne et sur du sable.
  Donc, les chroniques de ça va marcher c'est un peu le foutoir, mais un foutoir organisé d'un être humain qui aime les êtres humaines, du moment qu'ils ne les croise pas trop et que ça reste sur Internet (cette phrase risque de poser des problèmes de compréhension, appuyez sur la touche 9).
  Le vent nouveau de l'impossible aventure nous susurre à l'oreille que le chemin est encore long pour atteindre la bourrasque, mais l'important ce n'est pas le but mais bien le chemin, comme disait le prêtre de mon enfance en se reversant un verre de vin de messe pour faire passer l'hostie.
  Viser haut ne nous empêche pas de tomber bas, si possible dans des coussins un peu rêches avec des motifs jolis de l'ex RDA, qui reviennent au goût du jour et sont hors de prix dans des magasins brocantes branchés, alors qu'avant on pouvait en acheter pour quelques tickets de pain, ce qui est scandaleux quand on y réfléchit mais on ne peut, hélas, pas grand chose contre le progrès.

dimanche 7 avril 2019

74.Homophonie

  Quand je serais Superman, celui avec les pectoraux en mousse et la cape ignifugée, pas celui en fauteuil, et que je pourrais regarder les formes des filles sous leur poncho avec mes yeux revolver, sans même avoir besoin de leur proposer une tasse de thé au rhum dans ma yourthe à roulettes (je mets un h si je veux saleté de correcteur orthographique) le monde d'Hollywood et de Gorge-les-Gonzesses m'ouvrira ses bras grands et parfumés jusqu'à m'envelopper dans un piège subtil et envoutant me faisant oublier jusqu'à mes racines de tilleul dans la bassine à mémé au fond du jardin de Saint-Foy-La-Grande. Et là on entend mon comparse gueuler : "Attention la Kryptonite !" et dans un ultime effort pour m'extirper de ce rêve fou, j'arracherais, hagard et viril à la fois, les lanières de la table de torture de Carmela la rugueuse dans ce donjon New-Yorkais (avec ou sans majuscules à l'adjectif) au 36eme étage d'un immeuble anonyme de Wall-Street, où l'on vient se détendre entre deux fermetures d'usines, et je ramperais vers la porte en me saisissant du gros gode fluo (qui peut-être n'est qu'un Barbapapa poupée russe dans lequel on cache des smarties à l'huile de palme de Bornéo) pour assommer mon adversaire catcheuse ukrainienne coupée de métis argentaise, argentinaise, d'Argentine, et me relevant dans mon collant bleu, après m'être assuré qu'elle n'aura pas une trop grosse bosse, je projetterais d'un geste fou le crystal maudit vers le vide-ordure à compresses pour me ruer sur la porte qui, explosant sans regret devant autant de pression de ma braguette toute verte (fantaisie d'une couturière Thaï du quartier chinois qui me rendit mon costume avec un sourire augurant d'une vie de friture et de chat aux gros yeux abaissant et relevant le bras dans un mouvement perpétuel jusqu'à la fin des piles) m'entrainerait vers la liberté, l'aventure, la sortie, les congés payés et le hall d'accueil, où des hôtesses déguisées en simples standardistes très BCBG, prendront avec plaisir et sourire et un petit doigt levé, ma carte American Express pour un règlement en trois fois sans frais, reprenez un petit bonbon en forme de foufoune, ils sont au gingembre ça peut pas faire de mal avec ce petit rhume, les enfants ça va ? Vous voulez un reçu pour vos notes de frais ?
  Je suis un obsédé du muscle absent, c'est pour ça que je prends la poudre du magasin : "La Gonflette", pour m'aider à rester aussi épais, du cortex et du biceps, qu'un primate courant dans une forêt en flammes en gueulant "Monsanto tête de veau, Bayer j'encule ton grand frère !" ce qui pour un gorille est pas mal quand même.
  J'ai confiance dans l'absolue nécessité de rassembler mes énergies (qui sont très belles) et de trouver un humour moins vachard et plus proche de l'idéal rassembleur de la Frange Insoumise, collectif des coiffeurs du marais parisien militant pour la cause à mi-mâles. c'est-à-dire qu'ils sont pour les mâles, mais pas trop. C'est-à-dire qu'on accepte les chemisettes quand il neige pour montrer qu'on est fort, mais on rentre vite au chaud en riant comme un dindon tout en s'ébrouant joyeusement tel un cygne bavard, ce qui quand on y songe est assez curieux, même si plus rien ne m'étonne en ces temps de misère. Je n'ai rien contre les gallinacés n'allez pas me taxer de faire rire avec des sujets qui fâchent.
  Je mets parisien dans tous mes posts maintenant, pour faire croire que j'y vis et travaille sans les inconvénients des particules fines. 
  Dehors il fait beau et les nuages moutonnent sous une pluie alternée, mes chats dorment. Sur les moignons de la haie massacrée, des bourgeons renaissent. 
  C'était à Port-Sainte-Foy la bassine à mémé, mais je ne crois pas qu'on puisse dire que ce soit une homophonie.

jeudi 4 avril 2019

73.La bonne pioche.

  Et si, par un hasard étonnant, cela s'était passé d'une autre façon. Si la communication entre les êtres que je nomme mes parents, avait été limpide et raisonnable, que se serait-il passé ? La vision de l'idéal nous aide parfois à reprendre le fil cassé de la bobine, le petit morceau de boudin aux pommes abandonné dans la vitrine d'un supermarché de campagne désert un soir de match, l'arbrisseau taillé à la sauvage par une tronçonneuse vengeresse d'un samedi après-midi sans joie.
  Si ma famille avait aimé parler, dédramatiser les impasses par un bras d'honneur au destin et une amicale pensée pour le voisinage, si au lieu de voir les choses du côté catastrophiste, ils m'avaient enseigné à prendre le temps un peu plus à la lègère, rire de tout et surtout du pire, s'ils m'avaient expliqué que le monde était profondément injuste et qu'on y pouvait rien mais que malgré ça il était tout de même possible de planter des carottes et des fleurs pour les coccinelles, serais-je seulement devenu la douceur incarnée dans une multinationale import-export basée dans les Îles Caïmans, vendant des coussins en poils de chats à une jet-set du 6eme arrondissement de Paris, ou du 7eme, je connais pas bien ? Serais-je resté français ? Aurais-je épousé une femme ? Aurais-je eu des enfants cachés sous la maison ? Est-ce que j'aurais, enfin, déposé toute ma fortune accumulée en douze années de bons et loyaux services pour l'Aquitaine, dans l'investissement raisonné de pâte à prout pour les adultes qui n'ont pas encore lu Kafka en version pdf avec des images en relief des moments les plus comiques ?
  Le temps est une hache qui tourne dans la main d'un nain bûcheron guerrier ivre qui passé une certaine heure dans la boite bondée prend les jambes des grands pour des arbres. Et nul ne peut revenir en arrière, à moins de s'arranger avec ses choix et décider avec l'accord de sa mauvaise foi que tout ça a un sens caché, et que si ça s'est passé comme ça, c'est que ça ne devait pas se passer autrement.
  Je regrette totalement de ne pas avoir compris mes gestes, disons, je regrette totalement de ne pas avoir saisi les gestes qu'il eu fallu que je fisse, que je fasse, que je fonce, je regrette totalement. Je regrette raisonnablement les âmes que j'ai blessé en me définissant mal, les gestes et les meubles déplacés pour rien, les sonnettes sonnées sans rester sur le pas de la porte. Je regrette avec qualité de regret, si tant est qu'on puisse donner aux regrets une valeur à coter quelque part, je regrette de ne pas avoir été plus fou plus tôt, et de ne pas avoir tout envoyé paître avec politesse et rondeur en kidnappant ma professeur d'espagnol pour la forcer à parler allemand.
  Les expériences s'accumulent et je comprends que l'on parle à des gens qui ne parlent pas la même langue, et l'on se roule des pelles dans la neige en croyant que l'on a envie de cette maison aperçue sur le bon coin au détour d'une conversation échevelée livide, où les astres étaient propices et l'herbe grasseyante haute et pleine de chèvres et d'indiens amis qui viennent danser en imitant le bison les soirs de pleine lune, et on échange du tabac et on fume jusqu'à plus soif en ignorant encore l'eau de feu et les morpions des hollandais.
  Ma vie se résume en trois temps. Un, je pensai avoir la chance d'être emporté par cette troupe qui avait vu en moi un petit doué bavard, mes parents auraient signé sans crainte, respirant enfin d'un calme retrouvé dans une maison vide où l'on aurait mis mes jouets à la benne. Ma sœur se serait consolée en tapant sur quelqu'un d'autre. Deux, le temps des cerises reviendra comme à l'époque où l'on laissait pousser des pommes de terre avec des soldats tout autour pour inciter les voleurs à en planter chez eux (des patates pas des soldats) et manger des truffes avant l'invention des nouilles. Trois, j'ai tout de même bien changé et je pourrais comme mon ami ex président faire un discours dans un théâtre en réunissant toutes les personnes avec qui j'aurais aimé coucher par écrit les mémoires de nos visions différentes de l'existence aisée de blancs dominants hétérosexuels jouant de la guitare les soirs de liesse, quand l'équipe est si fière d'avoir enfin remporté la coupe de feu mais pas de bol on se télétransporte dans un cimetierre et il faut mettre sa race à celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-prénom-François-Hollande, et il reste encore trois gros livres à écrire sous la pression des foules, ce que c'est que d'être connu quand on préférerait chanter à la place du vieux Bulgare qui fait chier avec son piano électrique qui a trois options musicales, et il passe parmi les gens en costume coloré et l'on pense au Moyen Âge de Walt Disney parce que le vrai était moins marrant et aux clooches de Noootre-Daaaame de j'ai déjà dit plus haut, comme quoi Victor-Hugo est une obsession.
  Les voyageurs du temps perdent-ils des calories, et si oui, est-ce que l'on peut généraliser l'essai et lancer un régime ?

mercredi 3 avril 2019

72.Bulletin de chanté.

  J'ai composé trois semaines avec la toux qui s'en est allée au vent mauvais deci delà tout ça, et j'enchaîne le rhume qui suit, contracté dans le froid d'une lecture assoiffée (Fahrenheit 451, brûlé d'une traite) sur le chemin sans fin du dimanche après-midi (la piste aux cyclades du sérial-punaiseur fou, ancienne voie de train supprimée pour des raisons voitures) assis nonchalamment dans une pose mélancolique, menton relevé, ressemblant à s'y méprendre à un chanteur américain de garage-rock, sur un petit pont sous lequel j'ai posé une crotte de troll toute moulée toute jolie, gloire aux céréales, à l'abri des vélos voyeurs, avec mon polo pas chaud, un coup dans l'ombre, un coup au soleil, fuyant le foyer conjugal, espérant que bientôt un Louvre bis se construise pas trop loin pour y faire le guide, traduisant les silences des toiles par des onomatopées grossières qui choqueraient les chinoises électroniciennes venues ici pour prendre un peu de bon temps avant la prochaine mission d'espionnage pour savoir ce qu'il y a dans le parachute doré d'un ancien patron constructeur de pas grand chose mais qui savait serrer, à défaut de boulons, des mains bien huilées.
  Le rhume c'est une montée de drogue sans drogue, les yeux qui piquent, l'estampe qui bourdonne, un seul œil qui coule, celui qui voit moins bien, celui avec le carreau qui grossit et qui fait gogol et qui sert à rien vu que de toutes façons je peux pas lire avec. Gogol c'est un auteur russe.
  J'aime ces moments où, dépassé par ces vides de poulet sans tête, je me mets au chaud en attendant la fuite. Le cerveau se (décom)pose. Depuis la nouvelle année en collant, depuis les deux intoxications à mille lanternes avec montées de bile et boules, depuis le chamanisme pour les nuls et les prises de becs avec les pourvoyeurs de grilles devant l'atelier, depuis l'écoute en différé et podcasts des interviews oligarchiques des sauveurs de la République contre le méchant épouvantail fasciste qui sait très bien qu'il gagne plus de blé en restant dans l'opposition, depuis les ampoules aux pieds quand je marche à fond jusqu'à Bordeaux alors que j'avais pas vraiment prévu les bonnes chaussures, depuis tout ça et j'en oublie, je constate que la colère ne me sied pas. C'est fatiguant la colère, et puis on tombe balade.
  Lorsque je n'ai pas d'arguments pour expliquer la glandouille sans nom génératrice d'idées et de motivation légendaire, j'ai juste envie d'hériter plus tôt et de partir en Irlande ou en Charentes libre, vivre dans un puits avec des Kobolds en fumant du varech qui rend les yeux verts fluo et on rigole parce qu'on voit les moustiques dans la nuit. Mais ce n'est pas d'actualité, il me faut réussir pour devenir plus riche que tout le monde, pour prouver que je n'ai pas besoin d'art, gens. La société moderne veut des démiurges et des individuels. Je suis un nanti pauvre.
  Chercher dans les salles de direction d'un immeuble administratif abandonné de l'ancienne Berlin-Ouest, à Kreuzberg certainement, avec une fenêtre donnant sur la salle de bain d'une jeune fille habillée en bleu de travail qui m'envoie des messages codés pour supporter la rigueur de sa vie en usine grise et froide et moche et fliquée comme dans les clips des années 80, messages auxquels je réponds en dessinant des cœurs géants avec des arbres volants et des taupes mignonnes dont elle pourra s'inspirer plus tard pour créer un dessin-animé soviétique en Tchéquicardie après la chute du mur sur la gueule d'un soldat  anonyme qui vient de tirer sur un renard sans papiers.
  Je  guéris lentement, ça me lasse. Je veux mon puits. Je veux un nouveau nez qui ne coule pas. Je veux passer en vidéo à angle double et commencer enfin mes chroniques du ça va marcher. C'est l'histoire d'un écrivain de pièces de théâtre qui est devenu chanteur qui est devenu peintre, qui est devenu dessinateur de presse, qui est devenu écrivain alors qu'il voulait juste écrire des pièces. Et les monter peut-être.
  Où est mon échelle de ramoneur social que je passe le hérisson dans le conduit pour que cette suie qui me suit se dépoussière enfin ? 
  Un moine zen te dirait qu'il n'y a pas de suie, pas de hérisson et pas de conduit, il n'y a qu'un gros monsieur en rouge coincé au niveau du bidou qui demande gentiment si quelqu'un n'aurait pas une corde et un peu de savon de Marseille pour faire glisser, à la limite.
  D'ailleurs le savon se fabrique avec des cendres aussi, tu savais ?

mercredi 27 mars 2019

71.Fortifort.

  En cherchant à faire partie d'un truc, je me suis souvent posé la question de savoir si je pouvais. Le truc étant : tout groupe humain composé de plus de quatre personnes, fanfare, club, association, gang ou ministère quelconque. Et puisque j'avance en âge et que déjà la mort me chatouille les pieds en riant à trois heures du matin parce que j'ai mangé trop de spaghettis et bu un litre de tisane bonne humeur du docteur Maboul (celui avec les petits conseils de sagesse pour scouts puceaux) je reprends un peu de clafoutis et j'attaque la suite de Wilwood 2, la mission de la forêt des plantes médicinales. Ou alors c'est un de mes chats. Je me suis pesé tout à l'heure, c'est pas brillant. Il manque dix kilos de muscles au moins pour être maté à la piscine.
  Les livres qui guérissent sont plus importants que les autres. Si vous ne savez pas choisir, commencez par un dictionnaire.
  Un livre devrait avoir, au dos, la liste de ses bienfaits (ou méfaits) sur l'âme et l'organisme. Au lieu d'un résumé, on te dirait ce qu'il procure comme plaisir ou effet secondaire, s'il aide à vivre, à survivre, ou à partir faire un tour sans penser au réchauffement climatique et à l'extinction des lamas tibétains. 
  J'aime les groupes humains, je m'y sens souvent hors contexte. Avant trente sept ans et l'expérience en forêt, organisée par la Miskatonic University, j'y faisais encore le fier et tentais de dire des bons mots sous ma moustache et mon nez en plastique. Aujourd'hui y parler à voix haute est une souffrance depuis l'opération, je sais par avance qu'on y approfondira rien de précis sur la méthode à adopter pour faire pousser des raves et qu'il vaut mieux tirer sur le houka farci d'opium pour se connecter au grand rien (je suis confus de ne pas faire partie de milieux plus intellectuels ou racés, mais j'ai eu une éducation schizophrénique qui m'a poussé vers le peuple plutôt que vers l'ordre policé des dîners en croûte, et ne croyez pas que je juge, demandez à mes domestiques, je suis quelqu'un de très bien quand j'ai bu ma potion). 
  Alors je glane ça et là des idées de scénarios pour mauvais films français et reste le plus souvent coi. Si l'on se met à parler sexualité ou mode de fonctionnement des intestins, je tente de garder une distance polie en fonction de la température de la pièce. Si quelqu'un ôte un vêtement en prétextant qu'il fait chaud, je parle des gilets jaunes et tout le monde se met d'accord pour cramer une voiture.
  Je rêve encore de me faire comprendre par ceux qui croient connaître mes désirs désordonnés, et pouvoir organiser un atelier carton colle ciseaux  pour découper des marionnettes monstrueuses à assembler en attaches parisiennes et à agiter dans les manifs contre le climat pour que s'accélère sa chute.
  Qu'est-ce qui, dans ce parcours dépressif de quarante quatre années, me fait encore espérer un changement et une tondeuse à gazon pour parader en campagne avec un bicorne et un sac de noisettes ? Des tas de trucs. Et puis je ne suis dépressif qu'un jour sur deux, j'ai déjà noté ça quelque part. Sans doute mon côté doudoune bipolaire. Mais comme je n'ai jamais eu besoin de traitement, ça doit juste être un effet secondaire de mon appartenance à une race extra-terrestre d'une dimension lointaine, à laquelle on accède par un trou de ver localisé dans un terrier de blaireaux de la Creuse libre.
  En regardant la réalité en face, en faisant le point avec moi-même et en écoutant un album de Madonna (période rose) je me dis qu'il est un peu tard pour devenir ingénieur. 
  La vie file et tout autour de nous s’essoufflent des moteurs usés qui teufent teufent le mot croissance dans des nuages roses aux saveurs travail que ne renierait pas un chef de service.
  Lorsque j'étais enfant, dans un collège de sœurs où la mienne n'était pas, j'avais eu l'occasion de me faire retenir dans le bureau du bœuf sans cou à la veine battante (un flic à mômes, il en faut tout le temps un dans ces établissements, paraît-il) qui soufflait des narines en nous soulevant par les oreilles qu'il nous faisait aussi rouges que ses joues et son nez couperosées. Ce jour là j'avais été puni parce que je lisais en cachette sous ma table au lieu d'écouter le cours de latin. Le Seigneur des Anneaux, les deux Tours, que je n'ai pas pu lâcher pendant une semaine. Il n'y avait que la prof de français qui me laissait tranquille, me prophétisant souvent à voix haute un avenir littéraire brillant, qui permettait aux sportifs de la classe de trouver un prétexte pour me dérouiller la gueule à chaque fois que je me retrouvais seul aux toilettes.
  J'ai appris il y a quelques mois que le bœuf sans cou était mort trop tôt d'une brutale attaque cardiaque, comme ça, pour rien, proprement et sans être réanimé par personne. On l'a retrouvé la tête dans sa gamelle, au fond du couloir à gauche, un peu avant sa retraite. J'ai pensé bien fait pour sa gueule à ce gros con, mais bas. Pour pas que Dieu m'entende et me mette une heure de colle.

vendredi 18 janvier 2019

70.Je refais (l'idéal).

   Ce qui serait bien pour moi cette année, ce serait d'avoir un bon radiateur bain d'huile essentiel, que j'ai pas besoin de triturer pour qu'il s'allume, et des pâtes avec des tas d'assaisonnements tout prêts à côté de mon bureau pour finaliser un peu tout ce que j'ai dans les doigts et dans la tête. Parce que maintenant que la fin du monde est proche, et qu'il ne restera rien, même pas un nécessaire à fondue pour des marmottes suisses excentriques, je me vois dans l'obligation de me mettre au travail pour trouver un logement proche du cinquième dans un hôtel grand luxe sur la costa del sol anglaise, un peu à côté de Brighton, là où il y a des pédalos tout terrain roses, avec des bandes à la Buren dans le tissu. Je connais un migrant qui l'a testé au salon de l'automobile, ça vaut rien en haute mer.
  J'ai écouté pas mal de fois l'opéra de Mozart (trouvé dans la rue avec 150 CD dans le boitier qui sent un peu le moisi, il en manque 20, faudra que je demande à David de me prêter les disparus que je les grave, mais grave) la clémence de Titus, en italien dans le texte, avec des perruques et tout, et y'a des passages qui m'ont fait beaucoup pensé à des trucs contemporains, genre musique de films de SF ou Western, mais j'arrive pas à me souvenir desquels. Enfin tout ça pour te dire que Mozart était très en avance sur son temps, ça me semble si actuel (parfois un tout petit mouvement mais quand même) que j'ai du mal à croire que ce soit de cette époque d'avant la guerre de sécession. Ou alors c'est moi.
  Disons que je ne sais plus comment vivre ma vie de tous les jours depuis si longtemps, enfin, c'est plus compliqué que ça, j'aime beaucoup beaucoup la vie, quand je trouve à Saint-Michel des cassettes d'Anne Sylvestre en concert au théâtre de la Potinière (1995) et de Tous les matins du monde, la bande originale du film de Marin Depardieu. 
  Attends. Disons que, oui, disons-le, je voudrais bien être un architecte Maya à qui l'on ne vient pas chercher des poux dans la tête sinon on se doute que je vais brûler ton cœur de bichette dans la marmite en chantant des gwerz(s) de ta grand-mère l'aïeule de sa race d'Albator en short, et tu fers boïng boïng jusqu'en bas des marches tellement elles sont pentues qu'on pourrait y installer un félétérique.
  Alors oui, plus discret, toujours loyal, et très mais très motivé pour tenter des solutions un peu radicales pour aboutir mes images et mes chansons dans la tête et mes pièces dans ma poche et mes trucs, que si j'y arrive jamais c'est pas grave, je fais un trou et je mets tout dans une malle en fer et je pars vendre des armes de jets en Nouvelle-Guinée, qui reviennent toujours dans la main de celui qui l'a dit le premier. 
  Sinon je pourrais faire un petit événement à l'atelier pour me mettre en jambe avec la bouche au milieu des serpents, je veux dire un truc où je parle devant des gens qui mettent pas trop de parfum sinon on s'asphyxie la cocotte avant Pâques et c'est pas bon pour les pifs gadgets. Mais pas de vernis sur les oncles, ça suffit les vernis, y'a jamais personne et le ponche est dégueulasse.
  Et si les chameaux ont des dents de devant si grandes, c'est pour mieux épater les castors en voyage.