lundi 24 octobre 2022

100.Le point de départ de l’Univers.

   Je fais mon possible pour ne pas me répéter, la meilleure manière c'est encore de ne pas me relire, comme ça je suis sûr de ne pas me répéter, la meilleure manière c'est encore de ne pas me relire.
  Il y a de nombreuses théories sur le commencement de l'univers : faut-il manger la soupe de marrons (qui n'est rien d'autre qu'un velouté de châtaignes, parce que cuisiner du marron, merci bonsoir) ou finir le plat de riz basmati poivré avec les aubergines ? Je m'interroge pleinement au retour de chez moi, si je ronflais moins la nuit, je serais un homme heureux. Car ça nous réveille tous les deux, et je demande : "Hein quoi, qu'est-ce qui y'a ?, sans savoir que c'est mon ronflement qui m'a réveillé et l'autre à côté aussi. Les bouchons d'oreilles c'est pas pour les truites ! Ne pas oublier que c'est moi qui avais proposé l'achat d'un lit gigogne, à ne pas confondre avec le lit cigogne, qui est beaucoup moins confortable quand on a le vertige de l'amour, ho hoho.
  J'ai la douceur d'un nouveau bureau et d'un canapé futur possible, je l'ai vu qui me clignait de l’œil à la recyclerie de Montignac (Alabama) et là-bas on sait que l'argent ne va pas n'importe où même si la blonde pique dans la caisse, je l'ai vu faire et j'ai pas cafté, mais c'était tellement visible que peut-être c'était pour donner de la monnaie à celui qui fait la manche avec son accordéon qui ressemble quand même beaucoup à une guitare. Les recycleries, ça permet d'aider les modestes à l'être un peu moins, autant dire que quand j'y achète un truc je fais un bon geste, alors qu'à Emmaüs, c'est un peu loin de chez moi. Il y a des villes où on dit Ressourcerie, avec une majuscule, mais franchement je trouve que c'est trop technobranché pour mon niveau de bourgeoisie moderne. Et je roule en Renault faut pas déconner.
  Il y a les pistes multiples et les multiprises, à ne pas confondre, qui s'alignent en douceur sous le chapiteau de la vie. Avoir une nouvel emplacement de bureau openspace va me permettre de poser la résidence en vrai. La suite de la précédente mais avec un chien. Car si j'ose de toutes mes forces vives de la France, poser sur le papier les idées décollées de ma cervelle d'or, on connait la chanson, tout le monde se vante et au résultat, et bien mon cher monsieur Jourdain, n'est pas gentilhomme qui veut !
  Ce que je veux dire par là, car j'ai parfois du mal à me suivre, c'est que je n'aurais pas dû appuyer sur le petit pixel noir qui est devenu violet et que d'un petit trait c'est devenu une sorte de tâche en haut à droite de mon écran, et ça me perturbe. J'ai essayé divers logiciels qui clignotent et ça ne marche pas beaucoup à effacer les mini carrés.
  Je me demande vraiment pourquoi on cherche le moment du début de l'infini alors que c'est si grand qu'on devrait faire comme moi, se concentrer sur la théorie du "je montre et ça me fait avancer" contre celle du "je garde, et vous allez voir ce que vous allez voir parce que si je montre je vais me poser mille questions alors je préfère que ce soit fini pour en parler tant pis si on se moque de moi au self".
  Il s'agirait de se prendre en main vu mon âge avancé. La fin du monde c'est un peu tous les jours.
 
 

jeudi 20 octobre 2022

99.Le cornet à spirales.

   Chaque fois que je broie une soupe dans un mixer, je ne peux pas m'empêcher de penser aux Gremlins. Le film. Ce moment où la maman se lâche dans la maison et utilise tout ce qu'elle a sous le coude (manière de dire car c'est plutôt sous la main) pour buter les créatures qu'on avait dit qu'elles devaient pas être nourries après minuit. Le moment micro-ondes aussi est bien. Splatch le truc. Mais j'ai plus de micro-ondes. C'est dangereux pour les ovaires. Je ne sais pas si j'ai des ovaires, mais je me méfie. Depuis que j'ai Internet, je ne suis plus sûr de rien. Je suis du genre non binaire avec une fourche et une serfouette. Il faut bien biner les citrouilles avant que l'outil ne rouille, comme disait mon épouvantail et fines herbes. Pardon aux familles.
  Se faire une soupe à lassi trouille au mois d'octobre, je trouve ça plutôt collectif. J'avais pas trop prévu d'aller à la rivière (qui est basse, si basse) cet aprèm de hier, mais j'aurais pu. Yaourt est longue, allongeons la jambe. Relaxé (et c'est justice) dans un hamac confort aux mousquetons glorieux, au mitan du fil de l'eau des hérons, laissant flotter bras et cheveux en long sous le ciel chaud dans le vent doux de l'été indien d'Amérique du Nord. 
  Je vous avais dit que je vivais au Saskatchewan ? 
  C'est un pays de verdure où chantent les rivières tout ça. Bigfoot n'est pas très intéressé par la future coupe du monde. Taillée ras, version mulet sur le Klondike ahanant sous les pioches. L'or se fait rare pour les travailleurs oubliés des stades fluctuants des mauvais Djinns de l'essence. T'es laid sphérique quand les sapins sont secs. 
  La situation est très préoccupable, va t-il falloir s'adapter ? Je n'avais pas trop prévu de vivre dans un bunker ou dans une société de batailles permanentes de PQ en caddies. Cependant, car je suis prévoyant, je réfléchis. J'ai la pâte avertie en paquets d'un kilo.
  Je mange parfois après minuit, avec du râpé, et il ne se passe pas grand chose.
  Je vois défiler la molette des informations astrophysiciennes sur le multiple du multivers intersidéral qui à chaque nouvelle photo du gossipeur des sphères (James Webb, le paparazzi interstellaire), repousse les limites du possible multiplié de l'assurance chômage, loin. Des milliards et des milliards qu'on nous dit. Il n'y a pas d'espace magique.
  Créer des trucs, c'est s'adapter à l'univers qui t'entoure comme une écharpe d'étoiles. On dirait du RécréA2. C'est aussi comprendre le vide du dedans de soi qu'on remplit avec une tasse de soupe. Feuilles de radis, patates, carotte (c'était une grosse carotte). Créer, inventer, laisser venir et avoir la colique après. J'aurais dû mieux trier les feuilles.
  Pour laisser venir, il me faut du temps et de l'espace. Du temps de rien où il n'y a rien à faire. Il faut un mois et demi pour déclencher le processus. C'est bêta que je doive rentrer chez le chien. 
  C'est la loi impossible entre la valeur travail et la création du tri. Choisir le sujet, développer, pondre, faire côtcôt fort, se masser le cul. J'ai du temps devant moi et je peux laisser le cerveau trier les fiches sans bouger les pouces. Quand vous entendrez la cloche faire ding, il sera temps de tourner la page.
  En laissant faire, j'avance plus vite, mais après.
  Les moments parfaits quand tout s'éclaire, c'est facile, même qu'on se moque d'être mal assis mais j'aurais dû prendre mon gros fauteuil rembourré faux cuir à roulettes qui perd ses petites paillettes noires de dessous et dont la molette à remonter/descendre peine un peu.
  J'ai déjà parlé de ça cent cinquante fois dans cent cinquante messages, même si ce n'est que le 99eme, le subtil équilibre entre le moment où on a un truc à s'auto-rendre et l'envie de laisser flotter les nuages dans une tasse avec une fleur jolie qui s'ouvre on en croit pas ses oreilles.
  Je mange des images, des écrans, des séries, des sous-titres, des recettes. Je lis (à remplir) par jour tout ce qui me passe sous les yeux que ça clignote ou pas et je pleure un peu et vrombit des paupières. Je regarde aussi beaucoup les oiseaux qui cherchent dans les pierres une petite niche pour passer l'hiver au sec (à moins qu'ils ne bouffent des araignées je sais pas). 
  La détente des idées en moi vient avec une certaine saturation de rien et un certain flottement de tout. C'est pas méchant, mais faut comprendre (?).
  Je sais que ça va venir, j'ai des sommes qui le prouvent.
  Où j'ai lu la phrase du mec qui dit, tu peux passer huit heures devant un écran avec une page blanche, et tu produis rien, et ça s'appelle quand même écrire ?
  Les grandes enjambées du marcheur du vent se sont ce matin levées avec la brume, et du haut de mon chalet du Canada Dordognot où l'on entend tirer par rafales sur les gibiers qu'on nomme gibiers mais qui s'appellent autre chose entre eux et qui doivent faire des tas dans le congélateur, je ressens les fragments du Grand Esprit appelant les ancêtres Tchipewyans à hurler au sacrifice de la prochaine bière américaine qui, une fois bue, aidera à réveiller les guerriers parés de peintures à mains bleues, narrant l'étendue de la grande prairie où se déroule le papyrus de ton inspiration maudite. Avec deux boules.
 

jeudi 13 octobre 2022

98.Un blog de charme.

  Une résidence s'achève, une autre s'éveille. J'ai bien rigolé. Cela faisait quelques temps que je zonais dans une maison sans vie. Enfin sans autre vie que la mienne, et j'ai aimé ça. Il faudrait que je recommence plus souvent. Il s'agit de se laisser faire lorsque cela survient.
  J'ai pu focuser un peu le point sur mon parcours, si seulement on pouvait appeler ça un parcours. Mon grand âge me donne le privilège de donner maintenant des conseils aux jeunes sur Ulysse 31. Comment il a perdu ses copains qui sont montés au ciel (mais qui redescendront à la fin) et comment il a maravé les Dieux avec son pistolaser et son Nono le robot qui chante boitaclou déguisé en geisha dans une soirée karaoké d'une boite de dryades locales. Je m'égare. Les jeunes nés en 2000 ne comprendront pas. Mes amis ne sont pas assez étendus de toute façon. C'est souvent une histoire de matelas inconfortable.
  Il me fallait ce temps, il m'en faudra d'autres, pour poser les idées et trier en faisant le même bruit qu'une disquette sur un Amstrad CPC6128 plus, en plein chargement de Lost in Time ou Captain Blood ou Sorcery plus aussi, tout ça et si loin je ne sais pas je ne sais plus.
  Après les Amstrad, je n'ai jamais acheté de console de jeu. Je n'ai pas non plus trop souvenir d'en avoir partagé. J'étais plus week-end jeux de rôles café clopes. D'ailleurs au dos des magazines de jdr, on mettait des publicités pour des mentholés. et ça on ne le verrait plus aujourd'hui. 
  Ce soir la nostalgie ma bite. J'ai grand désir de retour en arrière en mieux dans le futur. C'est l'effet résidence, les souvenirs affluent, les regrets éternels de ne pas avoir inventé le fusil de chasse à canon inversé, ou la bicyclette toute terrain increvable, aux roues en peau de raie confort optimum, selle rembourrée en panda, munie de lance-fléchettes intégrées au bout qui pique au foudroyant venin radical socialiste pour riposter aux tribus d'extrême-droite en cagoules de jaguars d'une Amazonie désertique dévastée par la bêtise, les tractopelles et les magasins d'ameublement non éthiques, privilégiant le fléchage au sol pour éviter qu'on regarde par les velux en plastique le ciel pourtant si beau en ce mois frais d'amour où chatoient les couleurs dans des tourbillons de couleurs. 
  J'aurais pu dire empoissonnées mais il y a des limites quand on ne sait même pas faire la différence entre un étang et un lac. 
  J'ai beaucoup réfléchi à ma niche. Pas parce que ma copine, ou supposée telle jusqu'à preuve du contraire, a adopté un petit chien, qui est une petite chiotte, n'ayons pas peur des mots. Je m'exclue.
  J'ai beaucoup réfléchi à ma niche, à ce que je dois faire pour être dans le coup, dans le in, dans la dédicace, dans le mouvement d'ambiance, dans le jus, dans le sac, dans le complet veston qui sied, dans l'abdominal j'en rajoute, dans la caisse sciée en deux, dans le mode qui est à côté et la mode qui est en dedans, indémodable et fier, comme un slip coloré sympathique et gai dans lequel on se pavane car il est beau, vous rend beau, fait de vous un autre mâle qui n'a plus besoin de prouver à quiconque que la parade léopard grande roue léon est votre domaine d'hébergement gratuit.
  Je n'ai pas trouvé. Je me réponds en écho, comme d'habitude cluster one, que le réseau social sera pour quelqu'un d'autre. Que parler à des autruis que je ne connais guère me rend toujours aussi stressé que des autruis que je connais déjà, et que même si ça passe car la journée est grande, tant que je n'ai pas encore pondu la pièce qui me rendra enfin paresseux, celle sur laquelle je lance des piques à mon timing pour me dire si oui ou non cette résidence a t-elle été utile, car productive, et la productivité c'est la vie même, alors, alors, alors, alors quoi ?
   Faire des nouilles au poivre avec des concombres sauce verte, voilà le secret du monde.

mercredi 12 octobre 2022

97.Un gentiment de pleine étude.

   Lire, écrire éconduire. Bercer la terre plutôt que la percer. Remettre en cause le soc de l'acharne rue. Déposer des baisers sur les mottes, sur les marottes et sur les lacs. Sentir les particules s'affiner au contact des instants célestes et Babar. Bouillir de dedans jusqu'à ce que, chaudron de perles, tu ressentes l'évaporisation de ton âme qui lâche les croûtes marrons de la traversée des égouts en période de guerre pour échapper à l'ennemi. Nous sommes venus de loin pour fuir la mort et on ne sent pas bon.
  J'ai brouillé les pistes et les œufs, purifié mon corps malingre dans une source avec cascade fraîche sur la tête qui fait pffffrrrrbllllll et puis et puis. Et puis quoi ?
  J'envisage enfin l'avenir au présent. Avec des trucs qui volent pour me distraire quand la fenêtre est ouverte (gloire aux insectes et aux quads bruyants convoyeurs de boue) et un peu de brocolis cuit dans la casserole ce matin. Penser au riz et aux carottes.
  Il me faut des images avec des chapeaux champignons rouges, comme Yok-Yok, car je ne peux me détacher de ce petit bonhomme animé de Délessert, Étienne, ce grand illustre illustrateur Suisse qui est parti loin loin et a pourfendu les plus beaux sujets du monde du New-Yorker au Siné mensuel en passant par plein de livres jeunesse. J'ai mes références que je peux.
  Je me sens à un début de débat de tout, tout à fait moderne et neuf et pollinisé. J'ai perdu des tas d'occasions de me terrer, et je relance les abdominaux à moitié écroulé de rire dans le fauteuil d'en face. La rouscaille. La rouscaille du dedans mental. Le temps du tempo de réveiller les liaisons. Entre mes petits trucs électriques éclectiques dans la boite qui crâne. Sleepy au low.
  Je mets toujours un temps flou âme rêve et yeah. Et je pourrais répondre à vos questions sans une once de café, laissez-moi juste me poser devant mon petit bureau jaune attire-loirs et activer le flux venir lentement. J'ai tant de choses à laisser venir dans une paix relative. Tant de petites bulles de pièces et de lumineuses éclatantes idées qui bousculent mon orgie de silence. Je me remets toujours à l'ordre. Ma façon est délicate.
  J'aimerais se comprendre, pousser le bouchon de champagne dans l'année lumière qui vient, qui est déjà là, qui ne fait que passer. J'aimerais du fond du portefeuille sentir la douceur envahir nos doigts et nos actes, en acceptant le lent réveil de chacun de nous, grains divers ou plantes, fromage ou poire, raquettes ou bottes. 
  L'automne est un merveilleux moment de couleurs de feuille. Et chaque matin mon réveil est un coup de fusil.