vendredi 26 octobre 2018

68.Guêtres ou ne pas.

  Dans cette forêt de pins sans oiseaux, car les oiseaux ne fréquentent pas beaucoup les résinés, j'étais sur le chemin qui monte aux cabanes en forme de tentes. Des toits en bois pentus posés sur un parquet déjà grignoté de partout. Je l'ai vu arriver de loin, le vent n'était pas dans mon sens, je veux dire de moi à lui. J'ai fait freeze.
  Il s'est approché sans me voir, j'avais des vêtements couleur arbres, mais pas de fusil. Et il est passé à deux mètres. C'était gros. Très gros. Même que je me suis dit que si je racontais ça un jour, ce serait tellement gros qu'on ne me croirait pas. 
  Je ne sais pas comment il a fait pour ne pas me voir. J'étais au milieu du chemin, ultra visible, mais totalement je bouge plus, je respire plus, je pète plus.
  C'est passé. Tranquilou. M'ignorant comme un chien peut ignorer avec classe un promeneur qu'il a décidé d'accompagner sans lui jeter un regard, mais l'accompagnant quand même.
  Je crois qu'après son passage, j'ai dû ne pas bouger encore cinq minutes avec des fourmis dans les jambes et du lierre qui commençait à pousser sur mes bottes. Puis ça a fait plop, comme un sort filet à saucisson qui se défait parce qu'un copain a lancé une canette de liquide gazeux bon à nettoyer les toilettes et dérouiller les clous sur ton front moite.
  C'est à moi que c'est arrivé, à moi. Ce n'était pas un coin de forêt sauvage loin des habitations, et j'ai pensé qu'on prenait beaucoup de place. Je me suis assis à croupetons et j'ai tremblé comme un tapir.

mardi 23 octobre 2018

67.Bibi si.

  Certains sont surpris, d'autres moins. En trois années de lumière fugace et de doutes au sirop, j'ai un peu travaillé et pas mal réfléchi. Il me reste quelques activités en route qui prennent le chemin du goudron et des plumes. J'ai envie de m'activer. Soutenu par les fils invisibles des Parques Astérix.
  Pourquoi trois années me diras-tu (?), parce que c'est la première exposition à l'atelier depuis février 2015, qui n'était pas à l'atelier, d'ailleurs. J'ai lâché quelques caisses hors du paquebot, depuis. 
  Je ne comprends toujours pas de quelle façon aborder l'Aquitain (celui d'avant la Nouvelle) et que je sens venir la vague au dessus de ma tête, suspendue avec le requin, le surfeur, le plastique et la planche. Je regarde ça comme un môme devant l'aquarium gigantesque où le otaries te font des gestes obscènes sans que tu t'en rendes compte parce que t'as pas la langue. J'ai envoyé des mayles, mais pas à mes 1200 contacts, que je ne connais pas pour la plupart. J'ai fait une sélection. Sans beaucoup peaufiner, l'important c'était d'encourager une cinquantaine de gens qui n'ont sans doute pas vu que j'étais toujours vivant.
  Alors quoi, maintenant ? Travail sous rhume, envie de soleil chaud dans le salon de jour, des histoires simples avec gros chat sur la couverture qui empêche de bouger sinon il grogne, mais ne griffe pas.
  Et ton récit ? Il avance car j'ai lu, beaucoup de romans jeunesse. C'est la vidéo numéro 49. Attends tu vas trop vite. Cette semaine j'ai envie de me faire croire que maintenant ça va marcher. Les gens qui m’achètent des trucs sont des gens qui m'aiment bien. Qui croivent en moi. Bruxelles ou Mulhouse ? Paris c'est trop grand. J'ai pas de vieille tante excentrique qui possède un immeuble à squatter sans angoisse d'un débarquement de casques noirs.
  Alors quoi maintenant ?
  Les graphismes sûrs, les livres jeunesse ? D'où je remonte, je sais pas trop. La chanson ? Ah ben oui, j'ai dit que j'y reviendrais. En campagne alors. Par quel bout je dis ? Bouge dis. Bouh jeudi.
  Je parle plus trop, sinon je disperse. Là d'abord c'était de faire une exposition de peinture pour me souvenir que je faisais de la peinture. 
  Au début, il y a dix ans d'atelier. Onze presque si je mets juin 2007 dans la balance. Alors 2015 les claques, le je comprends mieux le parcours et la façon de dire, et puis 2016, et puis 2017. Pourquoi j'ai pas peur du temps qui passe. Parce que je suis réuni avec des têtes d'animaux.
  Emmitouflé, j'étouffais trempé et je voyais comme dans je ne sais plus le nom de la BD avec des mayas dedans, ou des aztèques, et les Dieux Incas volaient autour en frimant pour faire peur à celui qui profanait les sépultures. Je me réveille dans la facture d'électricité et je me demande si l'eau est chaude ou si j'ai oublié de remonter le bitoniau qui lance le chauffe-eau. Je me lève, je sors les draps et je m'essuie partout parce que je suis une sorte de plante carnivore qui digère une mouche obèse. J'avance à tâtons, je me prends la porte qui donne sur la chambre, enfin l'autre chambre, et je me recouche aussi sec, mais toujours humide. Il y a des pistes que je suis n'importe comment, en tentant de mettre à plat mes journées sans me faire avoir par la digestion des nouilles à la Harissa.
  C'était important de repeindre. Je me suis dit je pourrais fabriquer le carnet des dessins dans tous les sens de cet été. Mais est-ce que c'est la véritable vraie bonne piste ou je refuse encore de mettre en place ma série télé avec des marionnettes et des humains ?
  Et tes albums jeunesse ? Et ton livre ?
  Je voudrais être un anglais au milieu d'un groupe de potes dans les années 70, et parler avec l'accent indien dans un sketch de cosmonautes qui vont sur une planète inconnue en sous-pulls moulants.