lundi 29 janvier 2018

56.Sous les pas de la nuit.

  Et si je réussissais à faire un plan, pour une fois. Un petit 1, petit 2. Je mettrais mes émotions dans une boite à biscuits. Le lundi je ferais le message ici, le mardi je mettrais une image de quelqu'un qui dort, où d'un rêve là-bas. Le mercredi je ferais une pause avec les chevaux et je mangerais un peu de foin. Le jeudi marché. Le vendredi je regarderais les lettres du passé en pleurant sur mes madeleines, et le samedi je ferais la vidéo avant le bus de 19h15.
  Entre temps, j'irais au code, et je ferais les leçons de conduite avec le gros, ou le sec, ou le bavard, ou le bourrin. Mais je préférerais le gros. Même s'il me dirait sûrement qu'il n'est qu'un peu enveloppé. Et je m'excuserais d'avoir dit le gros, parce que c'est un peu clivant, mais les fishs and ships à la mayonnaise, quand même. Et après il me dit de tourner à gauche et je retiens ma respiration. Les surgelés de la mer du Nord se digèrent mal en janvier.
  La douceur s'installerait entre les chapitres du récit, qui finirait lui aussi par grossir en vague. Et toutes les images, bloquées depuis des mois derrière la porte de la forteresse, auraient fabriqué un joli blaireau de bois géant, rempli bien rempli de kits "clefs-en-main" pour fabriquer en un temps record, et sans aide extérieure, votre métier à tisser maison (avec son modèle de paysage sous la neige inspiré de Brueghel l'ancien, intégré).
  L'ennemi sans chercher à comprendre la ruse, prendrait le cadeau avec joie, heureux de terminer cette guerre dont on avait oublié le motif, et l'on ferait semblant de partir sur la mer là-bas, au loin, où l'on peut fumer des clopes en mâchant du chewing-gum, et même que personne n'a d'aérophagie. Juste avant de revenir à minuit pour faire signer le bon de livraison et laisser la facture en souvenir.
  Tout à l'heure un chat marchait sur le faux plafond. Il cherchait la sortie, ou il visitait, je ne sais pas. Je ne sais surtout pas par où il a bien pu rentrer. Un instant j'ai pensé à un rat, mais un rat est furtif, et là, même si ça ne miaulait pas, ça marchait comme un chat. J'ai appelé, j'ai bien vu qu'il cherchait des trous où passer et que ça l'inquiétait un peu la voix d'un humain là-dessous. Manquerait plus que ce soit une chatte venue poser bas. J'aurais l'air malin avec des minous aveugles furetant dans les fils électriques. Il (ou elle) a retrouvé la sortie qui n'était autre que l'entrée par où il (ou elle). Le silence est revenu.
  En anglais pour les animaux on dit it, si on les connait pas, c'est un genre en général, c'est plus simple.

vendredi 19 janvier 2018

55.Le retour du héros.

  Donc. Les personnages sont en place. La scène, le lieu c'est ma ville connue, celle où j'habite, qui se serait transformée en quelque chose d'un peu gothique et fin du monde, mais pas trop visible parce que la politique des beaux quartiers sauve la façade.
  Quelques renfoncements par-ci par-ci. Un blink, une main gelée tendue derrière une porte qui se referme aussi sec. Un sourire esquissé sur une statue, ou qui louche. Pierre qui louche, c'est louche.
  Autour de moi les carnets remplis, tant, trop, je les relis pas, je les connais par cure. Pas tant de pistes que ça, à force. Le chemin s'est trouvé tout seul. Et j'ai mon final, mon twist. De cette histoire et de la série. 
  Alors. J'ai expérimenté le pas à pas longtemps, et l'immersion est impossible. Je veux dire. Par là. Que. Pour l'instant. Mais.
  Y'a pas de mais. L'immersion nécessite, en moi, une distraction concentrée et des discussions à bâtons rompus sur n'importe quoi, l'amour de l'impossible et la projection vers l’inaccessible. Plein de cibles. Pour te dire. J'ai fait un catalogue de pratiques. Les vidéos, les trucs courts comme là. Les images sur Tumbulur, que ça fait longtemps que j'en ai pas mis, mise, mis, les images sur le déroulé du site.
  Et puis la vie. Ce qui se passe. J'ai mis du temps. Et c'est heureux. Car. Car. Je souhaiterais plus souvent partager une douceur de vivre avec les ceux qui m'acculent. Et leur dire à quel point le ciel est doux quand on s'y prête. Quand on s'y prête une attention soutenue, mais distraite. D'où la distraction concentrée. Sérieux et pas sérieux. Surtout pas adulte et responsable. Surtout pas. Responsable c'est sable. Mouvant. Quelle drôle d'envie. Expliquer ça, peine perdue.
  Je voudrais te voir et prendre un thé, ou des nouilles, manger un muffin fourré aux groseilles et pester qu'il n'y ait pas de cure-dents. J'ai chaud dans mon pull rouge. Papa veut une date pour le code (Quand ? Quand ? Oui mais quand ?). Aurélia veut une date pour la suite. Je suis le seul à me moquer des dates et à ne pas savoir leur donner de réponses concrètes. À l'école je ne savais pas leur expliquer que s'ils me donnaient un timing, je ne pourrais pas le respecter, et que si il n'y en avait pas, je le respecterais sûrement. Les écoles classiques d'éducation classique. On me disait que j'étais un fumiste.
  Les plus beaux spécimens de fumistes sont exposés au musée grève 1. Darling chérie.

jeudi 11 janvier 2018

54.Miel, gauffres et divertissement.

  Nicole a pas liké mes trois dernières vidéos. C'est assez dramatique (elle aime beaucoup la scène). Quand on a une référence mondiale du like comme contact et qu'on espère se repromener au Louvre avec, on ne peut que douter du bien fondé de la qualité de ses propos contrastés qui cherchent à faire aussi bien, ou mieux ou que sais-je encore. C'est de mes propres propos que je cause. Nicole est la mairesse officieuse de Paris. En parler est difficile, premièrement parce que je suis bien élevé (et aussi parce qu'on se connait peu) et ensuite parce que je ne voudrais pas me mettre en porte-à-faux avec la mafia de Giverny. Monet soit qui mal y pense est leur devise Suisse.
  Dyslexique temporel est une définition qui m'honore. Cela signifie que je joue au yoyo avec mes armes. C'est dangereux comme un bilboquet à pointes relié à un élastique. Conscient véritable d'être une star de crémerie de village de moins de 5000 habitants (on m'appelait mister Bean aux Beaux-Arts, c'est vous dire l'ironie) avec un 45 tours qui prends la poussière entre les décorations clignotantes de Noël pas encore retirées, parce que ça fait mal au cœur de quitter l'an passé et nos si belles engueulades du 25 entre la poire et le fromage, avec un oncle nazi et une cousine pro-life, à 42 ans passés, ayant quitté le milieu du foot depuis au moins 15 ans et habile à masquer mes lacunes sous un nez rougi par le froid, je doute. 
  Je doute du bien fondé et de l'utilité de mes pitreries passagères incompréhensibles en deux minutes chrono, sauf les chansons parce sinon ça tient pas. Alors, pour pallier à l'essentiel, je dois vous confesser que je me suis procuré un rameur. 
  Cela pourrait sonner comme un hommage aux migrants, mais point, égoïstement j'ai le désir de gagner des pectoraux pour frimer à la plage. À dire vrai, peut-être ai-je aussi dans l'idée de faire du rock'n'roll et de me produire torse nu comme dans les tableaux du douanier Rousseau, mais ce n'est pas certain. C'est un concours de circonstances où le hasard fait bien les choses, ou n'existe pas, pour les plus hardis. 
  Sur le site internet de Rizi-Bizi, alors que j'y matais les horaires d'ouverture (un lieu de broc troc pour les gens modestes qui ne sont pas encore pauvres, où pour les riches radins, ça dépend) il y avait un rameur vintage à 20 euros, et j'ai dit que c'était pour moi. Même si je ne sais pas ramer. Même si ma compagnonne croit que je vais baisser les bras au bout d'une semaine de nage sur place de ma cour de campagne où la mousse verte apparaît par endroits mais de limaces point, notre crapaud s'en charge. Et puis j'ai justifié mon achat par le fait que c'est moins cher qu'un abonnement à une salle de sport. C'est sûr on fait moins de rencontres, mais en même temps je suis déjà sur Facebook, alors bon.
  Se faire traiter de maigrichon au bidou qui sort par sa femme depuis des mois, doit peser dans la balance. La balance ton porc bien sûr. Bien qu'omnivore pratiquant, je ne mange plus beaucoup de chinoiseries, et encore moins de bovidés. Ma moitié de baleine fixant mal le fer (elle est tourneuse-fraiseuse dans un grand groupe indien), et comme nous partageons tout, je n'ai pas encore réussi à l'évangéliser au tout Tofu. Le timing est en marche.
  C'est dans le divertissement créatif et pictural que je me pousse l'âme dans la fente prévue à cet effet. L'actualité est pleine de rebondissements qui comme tout un chacun et toute une chacune de toutes celles et toutes ceux, quel qu'ait été votre choix, et j'en passe et des pas mûres. C'est long de savoir quoi dire, encore plus de savoir qui fréquenter.
  Ce matin j'ai mangé des gaufres de supermarché. C'était un régal et la honte m'a pris car j'étais seul à dévorer mon festin, tel un monstre fleur de Sauron sorti tout droit de Stranger Things (la série télénet qui fait peur mais pas trop). Les festins sans partage sont un peu des goûters sans chocolat chaux fumant dans une mine perdue d'Agatha. 
  Je vais aller marcher sur les quais pour retrouver l'inspiration et acheter mon marché bio des légumes. Même si je pense que la fin du monde est pour ce soir et que l’Angleterre est loin quand on a une petite barque. La douceur intrinsèque du vent dans les saules me pousse à la mélancolie des frimas, et aussi au désir fugace mais mo-tivé mo-tivé, à finaliser la somme de ces lignes de conte que je peaufine encore et encore et encore et encore. Jusqu'à achèvement de mes ressources.
  Donc 54, 25, 42, 15, 20 et le numéro complémentaire d'assurance santé et le : 4444. Parce que ça sonne un peu mitraillette. Beijo à ton gros Madère.

mardi 9 janvier 2018

53.Surnuméraire.

  Et puis, je suis en surnombre dans mon corps. D'ailleurs je me suis réveillé sur un ours. C'était la fin du rêve. Je n'ai pas entendu Aurélia se lever. Profondément endormi. 
  Je lis : Gagner la guerre, de Jaworski. Il y a beaucoup de noms pseudo italiens et je suis un peu paumé, mais en lisant on s'habitue. Le héros est en fâcheuse posture. Je me suis couché à quelle heure ? Une heure ? Une heure trente. Je pousse jusqu'à ce que mes yeux n'en puissent. Et ce matin en levant le matelas (je lève mon matelas) j'ai renversé la lampe halogène. Ampoule pétée. Je fais toujours des conneries quand je suis mal réveillé. 7h22. Le moment où elle part, presque. Là il est 10h00, je vais au code. Je l'ai loupé une fois déjà. Trente euros à la poste, merci mon cul. Même pas le prix d'une petite peinture papier. Dans le bus ce matin les gosses étaient à fond. J'ai écouté Tears for Fears. Le début de Woman in chains, après c'est relou au premier faux arrêt du morceau, trop de synthé. Mais le début est bien. Lyrique et tout. J'aimerais bien chanter dans un opéra australien.
  Il y avait un marché, qui ressemblait à un marché que je connais, mais c'est toujours un mélange. Grisouille est venu se coucher au pied du lit. Au début elle voulait jouer à pied-souris mais j'ai fait : ça suffit ! à voix basse. Alors elle a un peu agité la queue, et puis elle s'est mise en boule. Hier en fait, le gros chat s'est réveillé parce qu'Aurélia s'était réveillée. Mais j'avais pas entendu. Le gros chat bouge quand on bouge, c'est un peu logique. Ils se réveillent alors je vais pouvoir me réveiller. 
  Il y avait un marché, et je posais par terre, entre deux étals, le vieux dictionnaire Larousse des années 20, celui qui est tout abîmé, la couverture est dans un carton je sais où. Je devais le rendre à Emma. Aucune idée de pourquoi. Et je descendais pieds nus dans une sorte de garage brocante. Je trouvais un carnet intéressant sur les maisons cousues. Et ça m'a donné une idée de série pour des petites formats. Le livre ressemblait à un de mes livres, il était en bac. Le vendeur garagiste avec une sale tête d'escroc d'Hollywood en demandait 1000 pièces. Je disais que 20 c'était bien assez. Il reniflait de mépris et vaquait. J'ai continué mon exploration du lieu, le sol était plein de boue gadouilleuse et j'avais peur de rencontrer du verre ou des trucs qui coupent. Puis je suis monté sur un tracteur à la selle en fer percée avec des gros trous pour laisser passer l'air, et je me suis retourné vers une grande fille noire élégante qui cherchait aussi des ingrédients pour son vaisseau. J'ai tourné la tête dans l'autre direction vers le tas de chiffon informe au bout, qui donnait sur une grande porte ouverte invitant la lumière chaude du dehors.
  Puis l'ours à remué. Il semblait mal en point. Gris et maigre. Je me suis dit qu'il fallait le libérer. Et j'ai vu le réveil. 7h22. Je vais choisir ma salle de sport tout à l'heure, et je vais dessiner à partir des personnages de mon dernier carnet. J'aimerais bien acheter une maison avant la fin du monde.

lundi 8 janvier 2018

52.Résolutions.

   Cinquante deux résolutions, c'est beaucoup. Mais en même temps, j'ai du retard sur l'année qui vient. Je commencerai par me souhaiter de finir ce merveilleux bouquin que j'écris, pour commencer le deuxième. Et lire autant que faire se peut dans mes nuits courtes. Par exemple ce matin, mon gros chat roux a préféré se lever à 4h11. Pourquoi la veille d'un jour de rentrée, je ne sais pas. C'était même pas pleine lune. J'en ai profité pour finir ma nuit en insomnie et me lever trop tôt. Alors je me suis recouché pour me lever trop tard. Ce qu'il y a de bien avec les vacances c'est qu'on essaye de se rattraper au bureau pour se reposer. J'ai plein de bonnes résolutions. Congeler mon chat pour commencer. Mais j'ai presque peur qu'il ne rentre pas dans le compartiment congel du frigo. Il parait que ça a un goût de lapin, mais je n'ai pas d'ami chinois pour avoir un avis partagé, et ça fait bien longtemps que je n'ai pas mangé de lapin. Sauf en chocolat, mais il sentait pas bon.
  Cinquante deux résolutions. Mais disons que, si je regarde le titre, c'est surtout 52, et puis, un point, et puis le titre du post, deux points : Résolutions. Donc. Chroniquer peut-être. En vidéo pour se faire voir. Voyons. Dans l'ordre. 1.Ne pas mettre mon chat dans le compartiment congélo. Le deuxième serait jaloux. 
  Bon c'est pas une résolution ça.
  1.Finaliser ce récit en moins de trois mois à partir de maintenant. Ok j'y vais.