J'aime la mer mais pas y naviguer. C'est trop grand. Il y a des dauphins en plastique et des cormorans tout noirs. La vie y est la principale gagnante. La mer est plus grande que le cœur de tous les hommes. Nous la traversons en songe les jeudis, et en radeau les dimanches. Des fois il y a des canards et des roseaux, et on s'aperçoit que c'est une mare dans le jardin des parents de Cathy Bertrand. Des fois, c'est mon cousin Daniel qui voulait attraper un poisson qui tombe en entier la tête la première et ressort comme un monstre des marais, et je suis content, pour une fois que c'est pas moi qui passe pour un con. J'aime quand je me noie et qu'un flamand pas rose (bronzé, car là depuis juillet dans le camping) me repêche dans le canal de passage des bateaux, je voulais traverser en nageant, mais je ne sais pas encore bien. J'ai vu toute ma vie défiler et je suis content de respirer de nouveau, une renaissance à neuf ans. Le soir, je m'isole un peu dans le camping et je fais semblant de parler anglais à des enfants néerlandais, jusqu'au moment où un des enfants va chercher son frère qui parle anglais, et il comprend que je dis n'importe quoi.
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