vendredi 26 octobre 2018

68.Guêtres ou ne pas.

  Dans cette forêt de pins sans oiseaux, car les oiseaux ne fréquentent pas beaucoup les résinés, j'étais sur le chemin qui monte aux cabanes en forme de tentes. Des toits en bois pentus posés sur un parquet déjà grignoté de partout. Je l'ai vu arriver de loin, le vent n'était pas dans mon sens, je veux dire de moi à lui. J'ai fait freeze.
  Il s'est approché sans me voir, j'avais des vêtements couleur arbres, mais pas de fusil. Et il est passé à deux mètres. C'était gros. Très gros. Même que je me suis dit que si je racontais ça un jour, ce serait tellement gros qu'on ne me croirait pas. 
  Je ne sais pas comment il a fait pour ne pas me voir. J'étais au milieu du chemin, ultra visible, mais totalement je bouge plus, je respire plus, je pète plus.
  C'est passé. Tranquilou. M'ignorant comme un chien peut ignorer avec classe un promeneur qu'il a décidé d'accompagner sans lui jeter un regard, mais l'accompagnant quand même.
  Je crois qu'après son passage, j'ai dû ne pas bouger encore cinq minutes avec des fourmis dans les jambes et du lierre qui commençait à pousser sur mes bottes. Puis ça a fait plop, comme un sort filet à saucisson qui se défait parce qu'un copain a lancé une canette de liquide gazeux bon à nettoyer les toilettes et dérouiller les clous sur ton front moite.
  C'est à moi que c'est arrivé, à moi. Ce n'était pas un coin de forêt sauvage loin des habitations, et j'ai pensé qu'on prenait beaucoup de place. Je me suis assis à croupetons et j'ai tremblé comme un tapir.

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