dimanche 2 mai 2021

86.Le pouvoir du Weirdo.

   Depuis que je suis gosse, j'ai eu un mal de tordu à m'intégrer à des trucs de gens normaux sans passer par la case déguisé en danseur de sirtaki avec que des meufs parce que les mecs ont foot, et ta mère t'a pas dit que ça faisait un peu pédé ? 
  Pas possible de m'intégrer au club de belote basque du pôle santé de l'association des rugbymen mangeurs de salade. La mâche et le trèfle sont des envies irlandaises. Surtout quand tu as passé ta vie à prendre des coups d'épaules d'agneau dans les gencives.
  Concentration niveau treize, je reprends
  Emporté par des pulsions de gyrophare de livreur d'hématies, je me rappelle bien le parcours, trop bien même. Les choses dîtes, les gens croisés, les cœurs croisés, les croisés tout court, avec l'armure et tout, qui faisaient barricade au fond du catéchisme, et que les familles apportaient et ramenaient en brouettes. Tout le monde est assez bizarre quand on s'observe un peu derrière la caméra cachée, le cerveau fait des associations, d'idées cette fois, qui échappent même au plus normatif des normaliens, suintant l'ambition des fauteuils dorés avant même de voir que la route crevée est plus importante que le chiffre d'affaire. Cette conseillère pôle emploi a manqué d'ambition.
  J'aime du fond du cœur cette vie qui fait que j'aime. Les astres se télescopent, les planètes se succèdent, les galaxies dauphinent. De beaux volumes, idéal primo-accédant. Et du fond de ma cave ensoleillée, les libellules flottent avec des nez rouges pour me rappeler que même dans le plus sombre des jours de fin du monde, il reste toujours l'espoir que ce feutre soit encore bon pour faire des yeux globuleux argent fluo à ce monstre qui bave.
  J'ai pas eu trop de chance et à la fois plein. Je positive beaucoup pour un vieillard. Ce pas eu trop de chance en futune, car, c'est grâce à cette attitude de chat buté en bottes en caca pied gauche à expliquer les choses mal sans finasser à des esgourdes aux idées reçues sans retour de courrier, que j'ai pu me retrouver là, à tapoter la nuit en pensant à tout ce que je ne peux pas encore et peut-être jamais mais j'y crois quand  même pardon aux familles.
  Les places à prendre dans la forêt du mystère du miroir, sont rares, précieuses, et battent des ailes. Poursuivi par des souvenirs vengeurs où l'on dansait dans un pantalon de cuir ouvert par le milieu et où tes testicules ont pendu pendant une soirée sans que tu t'en rendes compte. Et apparemment personne d'autre n'a vu car je n'ai reçu aucune lettre anonyme avec demande de rançon en paquets de tabac et bières. Mais à l'époque, les smarteufaunes n'existaient pas, l'Internet n'était que pour les animaux connectés entre eux, déjà, le network mycélium prenait de l'avance sur nos composants. Et puis j'ai soudoyé le pion en lui donnant ma purée.
  Mes souvenirs sont-ils les complots futurs d'une page biographique d'un étranger qui m'adore ? Sommes-nous secrètement manipulés par le grand hamster géant aux dents d'or qui quand on sleep nous distille des programmes en boucle pour nous obliger à déprimer nos existences dans une roue qui tourne sans cesse, alors qu'il suffirait d'appuyer sur le bouton DO NOT PUSH pour être éjecté dans l'aquarium des cobras où l'on se révélera une mangouste vengeresse armée comme une tortue irradiée de beauté, de strass, de boule à facettes et de salive protectrice empoisonnée goût pharmacie ?
  Je suis heureux. Montrer sa joie modeste est un bien mauvais choix, surtout si on te demande de payer la place, tu vas trop golri jte promets gros. 
  Les machines rôdent et les roadies machinent, et me pressent de dire le contraire : je suis triste je suis triste et le monde va mal mal mal. Il m'arrive bien sûr d'avoir le regard vide et hagard parfois, et de douter du bien fondé de mes choix. Pourtant, par une magie primitive de bulldozer flower-power dopé aux marionnettes chaussettes devant des miroirs anonymes quand personne regarde, toujours quand un peu je respire et me calme et m'anime sur ce fauteuil jaune pourri qu'il est beau quand même, le parcours chanté recrée un historique de honte, de sueur, de toux, de rage, de vague qui écume, et de baiser au vin blanc sucré sur une nappe à carreaux quand tu te moquais bien d'aller manger des hamburgers frites au milieu des canards.
  Je pourrais m'arrêter là et ne pas témoigner de mes vingt ans à minuit, nu dans le cimetière et totalement cramé, à parler aux vers de terre en me demandant pourquoi il pleut, et me réveiller le matin comme un loup-garou sans victimes, blotti contre le chien gentil qui m'a fait une petite place dans sa niche et madame Lopez qui m'a prêté une blouse de jardin parce que quand même faut pas se promener comme ça dans le village, mais ce serait oublier que j'ai encore un peu de temps pour attirer à moi le possible, en oubliant le moi, et prodiguer des conseils à ces enfants multiples dont les parents seront loin quand je dirais sans rire, avec le plaisir d'avance d'embarrasser les chambres de créations impies pour intriguer les adultes qui se demandent tout de même si c'est bien raisonnable de continuer ce cours de création pour tous : "Et maintenant, nous allons fabriquer une marionnette avec des boites à œufs".

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