lundi 23 mai 2022

89.Sur mes ergots.

  Le travail doit se faire avec appétit et cheval, sinon ça n'ouvre pas de perspectives. Creuser chaque jour son sillon, sa tombe et l'ouvrage, que tu remettras sur le métier du gentil petit tailleur amené à créer un gamin dont le nez joue du pipeau en situation d'échange avec sa conseillère pôle emploi (Vous voulez-faire de la marionnette à fil ?) ce genre de choses. Accompagné d'un grillon qui cause avec la voix de Roger Carel. Ou un criquet, je sais plus le sport.

  (Vas-y saute ta ligne automatique fils de flûte (cf post précédent). Je me vengerais dans mon futur fanzine international dont je viens de trouver le titre pas plus tard que tout de suite).

  Ne nous égarons pas™ (trouvez votre route céleste sans applis stellaires).

  Je sais et sens que mes chroniques qui n'en sont pas trop, viennent d'une inspiration montagnarde et fluide-glacière, l'origine de mes maux. Car le temps passe et la collectivité s'impatiente : mettra-t-il à jour son site Internet ? Je bosse. Le travail interne(t) est intérieur au réseau quand il marche, et l'actualité me semble lointaine, comme la ville qui est désormais un souvenir ancien non chéri. Au bout de deux mois j'ai maintenant de solides bases pour l'autonomie survivaliste en milieu hostile. Tout en moi négocie les tournants. Tenez, ce matin, j'ai reprisé un caleçon, même si je sais d'avance qu'il va mourir de sa belle mort vu le tissu usé dans l'entrejambe (à moins d'y ajouter une pièce). Hier je cousais mon T-Shirt bleu dont la couture du bas filochait, celui que j'utilisais avec préférence sous mon haut Claudine de crapaud d'amour au stage clown de septembre dernier, quand je m'étais si savamment coupé le pied dans la Vézère avant de me dire qu'il serait doux de commencer à déménager bientôt. Comme quoi les coupures, c'est toujours un montage.

  J'empile et je recartonne, pour évacuer le plus accumulé déjà ici, je trouve des objets qui me soutiennent et des boites de jeux pour jouer tout seul, des magazines jeunesse des années 80/90 avec des inspirateurs performants. Je ne me repais pas de vide, je m'ennuie à mourir de ne pas faire de la mise-en-scène. Je rêve de ma grande salle dans les bois pour jouer devant les renards, et j'espère fort trouver la bonne grange, le bon terrain, le bon camion, la bonne équipe. Exploiter les masses et enfoncer des pieux. Jouer avec la lune et en inventer deux de mieux histoire de niquer Tatooine et le naufragé du A. La lune au carré.

  Je me morfonds sans formation, j'ai soif de grand et je joue petit. Du retard et du regret, du ventre mou et des siestes coupables qui cachent mal le refuge dans le sommeil perdu des années plafond bas, des pelletés de sable par dessus mon chantier mental, je brasse ressasse, me mets en colère contre les absents (qui ont toujours oui) et m'interroge comme j'interroge le livre des transformations. Je n'y comprends rien. Comme je ne comprends rien aux polémiques sur JK Rowling et qu'on puisse la répudier elle et son œuvre fantastique parce qu'elle a un point de vue sur un truc que je m'en fous, ou encore à ces nominations frelatées de vilains sbires du capital dont la brutalité est vitale à leur survie personnelle, ou aux changement de style des uns ou des autres, aux pros nucléaires qui disent ça va aller et aux anti qui disent ça va rouiller, je me place sur le fil déséquilibré du pays rêvé abandonné trop tôt. 

  Être une entité, une montagne foulée par des Yétis noceurs et quelques bouquetins habiles me suffit largement. J'ai peine à entrer dans le monde et je sais pourtant mille fois que ma place y est vitale, que j'ai ma carte à jouer avec le joker dessus qui agite ses grelots qui font un bruit de téléphone ancien dans le couloir de la maison génante (je voulais écrire géante, mes angoisses reprisent, penser à m'acheter des nouveaux slips). 

  D'abord pour moi-même. Tant que je vis je suis, vital, cela va de soi quand on s'estime un brin. Et puis pour les quelques unes qui espèrent encore un livre pondu par delà le bon sens de l'absolue nécessité de raconter une aventure en quelques tomes qui ravira les veilleurs du campement de la forêt secrète où l'on écoute le temps où les hommes étaient des Dieux plus puissants que Pharaon sur les autoroutes de la peur.

  Et promis, après, je ne donnerais mon avis sur rien de clivant. Ou peut-être les multiples avantages de maîtriser le point de crochet dans une île imaginaire. Quelle heure est-il crocodile ? Le col Claudine en anglais il l'appellent le col Peter-Pan.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire