jeudi 2 juin 2022

92.Mise en plis.

  J'ai mis des années à comprendre et accepter qu'il existait en ce bas monde des gros fils de putes. Notons que je n'ai rien contre les putes, encore moins contre leurs fils, et encore moins contre les gros. C'est une expression galvaudée qui dénote une certaine véhémence vis-à-vis des personnes aux caractères malencontreux.
  Je tente de remettre à plat mon existence pleine de larmes à l’œil droit, avec du sérum phy ça passe, et je ne souhaite plus me donner de fausses excuses sur la tolérance aux enculés. Notons ici aussi que je n'ai rien contre les enculés, moi-même j'en ai, non. Mais tout de même, cela ne doit pas aller contre les pratiques des personnes du même sexe (et pas que me dit-on dans l'oreillette) qui pendant les croisades il faisait chaud tout ça.
  Car j'appelle tolérance quand on se laisse insulter en petites touches pendant des millénaires de dizaines d'années et qu'on ne réagit pas trop toujours au bon moment. C'est peut-être le réalignement des énergies qui me fait dire des grossièretés que l'on me reprochait enfant car tout de même Jean-Martial, tu as fait rire le public mais dire des gros mots c'est mal. Et je repartais en rangeant mon texte dans mon cahier du même nom et j'allais prier un peu contre les genoux d'un prêtre réconfortant.
  Je suis un peu fâché contre les gros connards, j'ai été une victime facile et de choix, mon père avait bien labouré le terrain en me prenant tant de fois de haut, et je me suis laissé happer par leurs commentaires chiasseux. Car j'ai le défaut de dire des bêtises et de poser des questions ou des affirmations d'apparence naïves, alors que je ne suis pas sot, des encouragements à l'hypothèse. Face à l'hypothèse, l'homme (ou la femme) de bonne composition, ne cherche pas à dominer ou détruire en étalant sa science et en jugeant le misérable qui n'a rien compris à ses yeux, et franchement quelle question minable, vous êtes une sous-merde de simplement ne pas avoir réfléchi avant d'exprimer votre point de vue crasse. L'homme (ou la femme) de bonne composition, va répondre simplement et par cette réponse simple, directe connectée à la question ou l'affirmation, sans jugement hâtif, avec un étonnement non-feint d'être en vie avec vous sur cette incertaine planète lancée dans un univers si grand qu'on en oublierait que les législatives sont plus importantes que les présidentielles, va décolorer la conversation et lancer une piste d’atterrissage d'intelligence commune pour ensemble converser et s'élever l'un l'autre vers les collines de l'amour du savoir.
  Le fils de pute ne va pas faire de concessions, il sait et a déjà un point de vue, il casse, détruit, piétine, et prend de haut. Et quand la victime est à terre, il raconte autour de lui (ou d'elle) que le vermisseau qui lui a adressé la parole, n'est qu'une bouse, et qu'en plus c'est de sa faute si lui se comporte de cette façon. C'est pour son bien.
  Avec le temps, j'ai rencontré des gens plus simples. Je me suis éloigné des fils de putes. Je sais que ces derniers savaient bien manipuler les mots et les points de vues, et que sans doute avaient-ils brodés une belle histoire où j'avais le mauvais rôle et où c'était à cause de moi que nous nous étions éloignés, ne remettant jamais en question leur caractère de merde qui me poussait dans mes retranchements et donc dans des erreurs sur lesquelles on pouvait s'appuyer pour m'humilier mieux et me montrer combien je fautais.
  J'ai appris aussi qu'il ne servait à rien de leur parler de nouveau, qu'ils ne changeaient pas et semaient la désolation encore et encore sur des victimes désignées qui un jour peut-être, à leur tour prendraient leur envol vers des gens plus sains, aimants et amicaux, qui discutent sans juger et aiment sans dominer, qui ont compris le partage, le rire, la complicité amusante des sonneurs qui partent en courant avant qu'on ouvre.
  Aussi parfois, lorsque vient mon tour de clown de faire avec conscience de l'instant du spectacle pour de rire, la victime naïve qu'on humilie avec joie, je garde sous mon air d'angelot une on deux remarques assassines qui vont dégonfler un instant mon tortionnaire brutal de jeu pour de faux, histoire de dire au public, on peut se défendre, hein, on a droit. Et si ça suffit pas, j'ai un bâton.

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