samedi 18 juin 2022

96.Le fanzinat participatif.

  Pourquoi être passé par de multiples temps de recherche plutôt que publier en jalons ? Pourquoi ne pas avoir été apte à gober et digérer les mots du dehors pour les poser en mousses sur des feuilles d'or qui volent au vent ?
  Papiers d'idées accrochés sur corde à linge sous laquelle on s'étale pour tenter d'y voir clair quand le vent n'est pas là.
  Les pourquoi me donnent le vertige, ils sont l'étendue de nuages musicaux de mes vols planés en delta. Le protocole delta, ça clique bien, non ? J'ai plaisir à prendre compte de ce qui m'entoure, et de ce que j'ai profusionnément produit pour le détourner, le mentir, le mystifier et sans s'y attacher, le réinventer pour le raccorder au présent qui vient. Ce qui m'entoure étant des productions de notes qui ont émaillé mes désirs de réussite dans ma branche d'inventeur de concepts, récits, jardins suspendus ou installations spectaculaires sur papier A4.
  C'est un peu une planche de surf ou un paddle sur laquelle/lequel j'aurais  gravé et dessiné une ligne avec les éléments et événement clefs de ce jeu de vie limpidoptère de papillon bourré au surplus de pollen.
  Bifurcations arborescentes, retour à la page 1, j'aurais peaufiné le mode d'emploi du tracé en créant un carnet pour la route. Rendu de résidence accessible et clair, les numéros un par un, les petits épisodes qui me semblent importants, les coups de gueules, les trucs mal gérés, les esquivements, les boulettes mâchées qui collent au plafond.
  Puis, enfin, après avoir choisi la couverture qui va bien, la couleur qui m'encre sympathique, je l'aurais glissé discrètement dans le défilé sobre de la page 1 du site Internet où j'ai calé mes bidules, et je n'aurais rien dit à personne. 
  Je serais resté le mec qui peint, ou le mec qui dessine, où le mec qui fout pas grand chose depuis trois ans mais qui lit beaucoup, il paraît. 
  Et la mise à l'eau aurait été un soir de lune noire, glissante, froufroutante, pleine de poules d'eau et de canard masqués, sans effets de manche, avec des renards blancs et des sangliers bleus qui boivent sans crainte et sont pas gênés par le plouf.
  J'ai souvent aimé l'idée de l'exposition et la photographie de celle-ci plutôt que la visite guidée. Bien sûr, pour vendre, c'est moins pratique, mais. Mais on peut toujours faire un fanzine qui raconte des mensonges et donne à voir en un peu flou des photos noires et blanches d'un événement fabuleux que vous avez manqué, avec la présence d'un illustre ou deux capables de mentir sous la tortue pour vous. Des histoires de choses passées qu'on imagine que c'était bien et qu'on aurait aimé être là. L'important c'est que ça reste créatif.

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