dimanche 29 mars 2015

22.Chez mémé.

  Je pars avec quelques handicaps. En plus d'avoir un clavier qui me met l'apparition des lettres parfois une ligne au dessus, car j'ai les paumes de la main qui parfois touchent l'espace tactile du défilement de la flèche de l'ordinateur portable chauffant (je ne sais pas si vous avez déjà rencontré ce problème en tapant quelque chose) ma vie de cerveau ressemble actuellement à un saloon de poivrots de l'ouest que je reprends en main plus vite que mon ombre fuyante et c'est heureux. J'ai bien pris conscience de ne pas faire partie du rock'n'roll à bar de ma ville en cours de téléchargement, également assimilé que mes méthodes d'apparition dans le gotha provincial manquaient de manières et qu'il me faudrait quelques appuis qui ne viennent pas pour m'insérer dans la fente prévue à cet usage. C'est un ensemble, elle dit. J'ai une communication aléatoire à orientations diverses sur des sujets multiples dont je commence à peine à cerner l'envergure, la multiplicité et la langue de bois, un débit de parole proche du signal long d'une machine respiratoire qu'on vient de débrancher et le cœur d'un petit phénix à qui l'on a pas encore appris à allumer un feu le soir au fond des bois de pinèdes. Napoléon voulait assécher ces foutus marécages pour en faire un parc d'attractions, les moustiques sont restés, les campings ont fleuris. Ma vie est belle souvent, j'ai du chauffage et je mange bien. Personne n'a encore cherché à m'assassiner, ou du moins pas à ma connaissance, et je peux encore chanter des bêtises sur mes deux pattes sans être épié par une firme de micros nanoscopiques du grand espionnage des produits de poudre à chocolat qui font des étincelles dans les bûchers festifs. Je pars avec quelques handicaps, deux chats, beaucoup de livres, une femme impatiente et des casseroles polies qui parlent espagnol quand on leur demande gentiment. Mon emploi du planning se peaufine, je garde confiance et essaie de ne pas oublier qu'on est ce qu'on dit et qu'on fait ce qu'on croit (les mots qu'on fait nous font et nos gestes si simples soient-ils sont nous, c'est une sorte de cogito ergo sum sans crainte divine bouteille, nos mots compacts nous créent au moment où on les dit, c'est ça que j'veux dire, après, nul besoin de s'y attacher comme à un mât pour écouter les sirènes, nous bougeons toujours.). Si le succès est une méthode, je vais devenir pieu. Il reste dix-huit semaines jusqu'à la fin du mois de juillet.

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