jeudi 22 octobre 2015

39.Cartographe

  Des cartes of course. Des cartes au trésor pour aller creuser. Des cartes du monde en évolution. des cartes transparentes qui se superposent pour donner la piste véritable. Et là le sage en toge bleue avec sa face sinisante et sa barbe en tortillons de nuage dragon, lève un sourcil broussailleux et fait (notons que cette fois ce n'est pas forcément un vieux) : "Tu vas chercher longtemps ton chemin de perfection à travers cette quête de l'organisation des choses, tu aimeras empiler mais aussi jouer au badaboum, tu aurais tout aussi bien pu t'assoir avec moi écouter la radio.". Il se tait une heure histoire de reprendre sa respiration, et il lève l'autre sourcil, car il en a bien deux, et fait : " Et tu devrais arrêter le tabac et me rouler un clope avant de partir.". - Mais maître, comment réussir mes missions dans l'ordre de chaque jour si l'automne me transforme en souche ? "Je n'en sais rien. L'automne est fait pour les chaudières bruyantes et les chevaux peureux, suis le fil électrique de tes sentiments sans prendre de châtaigne et ferme la porte en sortant, je me les gèle ici.". 
  J'ai rabattu consciencieusement et avec dos courbé, la porte qui était un paravent de papier enduit de cire, et je me suis retourné vers le jardin luxuriant rempli de fontaines, de rochers, de bambous, de mousses et de fleurs dont le nom rouge m'échappe car je ne me spécialise pas assez dans la nomination des choses depuis trop longtemps. Je ressens ça comme un défaut personnel profond, ne pas savoir dire, ne pas savoir transmettre avec la fiche technique et les petites vis au bon endroit. 
  Je sais plein de choses mais plutôt générales (Comme tout le monde ai-je envie d'écrire pour me rassurer) l'eau chaude brûle et les chaussures trop petites font mal aux pieds. Il me faudrait des obsessions saines et faire quelques listes. Commencer sérieusement à étudier ce livre du apprendre à apprendre ou faire un pèlerinage sur les stations services de mon enfance, je ne sais pas trop. J'ai plusieurs noms de territoires possibles mais j'ai toujours peur de m'enfermer dans un monde, alors je préfère un champ de bulles. D'où l'absence de spécialisation, peut-être. Il n'est jamais trop tard. Vivre la vie comme si c'était ton dernier jour sur terre n'oblige personne à organiser des orgies. Regarder les arbres plier sous le poids des corbeaux de passage dans cette fraîche bruine, c'est bien aussi. Mais regarder, je sais.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire