mardi 13 octobre 2015

32.Peintre à tout faire.

  En fait je n'ai pas 37 ans, j'en ai 35, car je rajeunis un peu plus chaque jour, comme Benjamin Bouton de manchette qui fut écrit en son temps par un vieux cintre d'Hollywood. Je me souviens souvent, ému, de cette époque bénie, étrange et pénétrante, qui fut mienne, où les fêtes improbables battaient leur plein avant la crise de 29, et je pleure comme une fontaine de Vegas, celle du Bellagio, avec le désert au loin qui nous rappelle que la beauté sans néons vaut bien un serpent à queue plate. J'exprime donc des choses et tente par mes méthodes de trouvaille d'avancer démasqué dans une optique à double tranchant. Peindre, écrire, dessiner, photographier, chanter. Pourtant, en vieillissant un peu, je sens que j'ai moins de désir pour la perfection (qui n'existe pas, comme chacun sait) et surtout pour la maîtrise de choses qui m'échappent. J'ai cru et on me fit croire, qu'il me serait possible, voire aisé, de mettre en page seul, tout en faisant publier sur des îles chinoises et devenir chef d'entreprise avec Spoke comme second et Mickey sur le tableau de bord qui gigote sur un ressort à mouvement perpétuel. Mais c'était peine perdue, la galaxie Klingon n'était pas sur la carte et nos ennemis lançaient des éclairs au chocolat dans leurs yeux humides et vaincus, tout en touillant leur milk avec la passion dodelinante d'une adolescente dans un bar où j'aurais mangé les mille francs de réserve que mon père m'avait laissé sur un compte en pensant que j’achèterais un cheval pour gagner aux courses. Mais les chevaux ne sont pas des bêtes, et il est préférable de ne pas les doper comme ces cyclistes belges qui marchent au vin rouge jusqu'en 1902. Après ça se complique. Le travail passe par mes mains et je dois garder confiance à 10h25. J'aime énormément Shakespeare, mais pas assez pour ne pas me dire que je vais faire mieux. Allez différent. C'est le lot des égos surdimensionnés de n'être pas modestes. Mais discret. Contradictoirement heureux de se savoir fringant et apte à mater sa bile en suçant un stylo. Cette mâtinée me verra sympathique d'enchanter quelques pages. La linéarité nous perdra.

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