vendredi 26 avril 2019

79.LCDçVM 4 : L'esprit des cabanes.

  En tant qu'artiste plasticien d'écriture à miquets autonomes, électron libre qui finira vacataire chez Spirou, peut-être, je m'associe à tout ce qu'on tape dessus sans raison valable. Même si je préfère rester chez moi à lire des livres ou voir des films plutôt que battre le pavé, en attendant que tout soit payant même les portes pour sortir de chez soi, et qu'on ne puisse plus rien dire sous peine d'être lynché ou proscrit ou les deux ou obligé de lire le Figaro dans un cabinet de dentiste dont le nom de famille évoque les camps de la mort.
  Pour réussir dans sa branche quand on peint des arbres et qu'on a du mal avec la fin du monde que les humains s'entêtent à croire que c'est dans très longtemps parce qu'on habite du bon côté du globe et que les pesticides on a toujours fait comme ça alors pourquoi changer, j'ai traversé pas mal d'allées et venues pour savoir ce que j'avais envie d'avoir envie.
  J'ai venu et je suis allé pour de multiples raisons humaines que je pourrais développer dans des livres souvenirs à la Marcel Pagnol avec les passages croustillants sur la famille qui découvre un merveilleux midi juste avant la boucherie de 1914, manière de dire que tant qu'il y a de la vie et des souvenirs de tartes aux fraises, y'a de l'espoir, mais non. J'ai trop peur de dire que l'éducation que j'ai reçue m'a transformé en névrotique sans initiative, et c'est pas bon pour le commerce. 
  Je me dois de montrer que je suis beau, bien que maigre et léger avec un torse de poulet et un bidou rebondi et flasque, enthousiaste, je t'avais dit que je le disais tout le temps, magnifique et entraînant, même quand je me tord la cheville avant d'aller à la capitale pour livrer une toile roulée à une connaissance agile qui m'encourage à prendre le métro alors que je ne suis pas capable de me décider quand la ligne est droite.
  Je laisse poindre en moi le jardinier sauvage dans sa maison de campagne pas très loin d'une gare, si elles existent encore après l'invasion de zombies en drones volants qu'il faudra abattre à la fronde explosive et au lasso à boules.
  L'imbécilité qui nous demande d'être patient parce qu'on se dit ce sera pour plus tard, commence enfin à me quitter lentement, comme la mue de poils de l'hiver d'un diable de Tasmanie en reconquête d'un territoire sur les montagnes rouges sacrées d'une Australie rêvée.
  Car si j'ai la chance d'entrer dans le musée de l'Orangerie, où apparemment il n'y a pas beaucoup d'arbres fruitiers, ce sera peut-être un peu en moi comme un souffle de ce passé fugace où je construisais de précaires cabanes dans les bois autour de l'école, cabanes toujours détruites en groupe et brutalement par l'équipe du Gros Robert, qui fera dire à mon père cette phrase qui restera à jamais gravée sur mes tables de Moïse : "Dans la vie, il y aura toujours des Gros Robert". Et je vois mon paternel repartir vers son quotidien féroce du monde des affaires quand je ne souhaitais qu'être une fille à qui on fout la paix tant qu'elle ne sera pas en âge d'avoir un mari, et aller jeter des cailloux sur les vitres des maisons abandonnées proches de la voie ferrée où l'on rentre le soir en riant comme des bossus transylvains au service d'un monstre élégant, boire des bières en jurant, fumer de la mélisse et rouler des pelles à mes poupées et leur faire des tas d'autres choses que les êtres purs que sont les enfants ne pouvaient pas imaginer sans Internet à portée de main.
  Et pour le succès, je veux dire celui que je vis au quotidien, il commence à me tarder dans cette volière merveilleuse que je monterais un jour, souhaitons-le moi, écrite il y a très longtemps par un poète Athénien qui n'aimait ni la guerre ni les procéduriers quotidiens aigris des cités grouillantes. J'espère que la tempête sera assez forte pour m'emmener voir Taupe et Rat dans le manoir de Crapaud, ils s'y seront abrités le temps que ça se calme un peu, ils y auront certainement, le temps d'un thé, des questions à mes réponses.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire